Liban - Un Conseil national pour en finir avec le tabou de l'occupation iranienne
L'ancien député Ahmad Fatfat a été désigné président du comité d'organisation en charge de développer la nouvelle plateforme d'opposition.

Près de deux cent personnalités politiques, académiques, journalistes et figures de la société civile ont participé lundi au lancement du « Conseil national pour la levée de l’occupation iranienne » au cours d’une conférence de presse à Achrafieh, suivie d’un long débat virtuel. L’objectif ? Briser une fois pour toutes le tabou constitué par l’hégémonie des armes du Hezbollah sur le Liban et remettre de l’ordre dans les priorités concernant les causes à l’origine de la crise libanaise, en l’occurrence l’absence de souveraineté libanaise, mère de la plupart des vices dont souffre le pays, selon les fondateurs du Conseil.
Parmi les personnalités qui ont pris part au débat, le député démissionnaire Marwan Hamadé, les anciens députés Farès Souhaid, Ahmad Fatfat, Antoine Andraos, Mouïn Merhebi et Moustapha Allouche ou l’ancien ministre Hassan Mneïmné.



La rencontre a débuté par une allocution de M. Souhaid, à travers laquelle il a souligné « l’inquiétude des Libanais face à l’effondrement et la paralysie de l’État, l’ébranlement de la Constitution et du pacte national, les tentatives d’asservir la justice, dans un contexte régional en ébullition » dont le Liban n’a pas su se dissocier.

M. Souhaid a mis l’accent sur la nécessité, à chaque étape, d’une conjugaison entre un consensus populaire national et des circonstances internationales favorables pour que le Liban surmonte ses crises existentielles. « Toutefois, cela ne nous dispense pas d’assumer nos responsabilités nationales sans attendre que le facteur soit dispos », a-t-il ajouté.

L’ancien coordinateur général du 14 Mars a ensuite déploré la double lutte qui se joue à l’ombre de l’occupation, la première de la part des chefferies pour assurer leur leadership exclusif à l’intérieur de leur propre communauté, et la seconde entre les communautés pour assurer et agrandir leur quote-part au sein de l’État.

Farès Souhaid a par ailleurs évoqué la crise aux différents visages qui ravage le pays depuis deux ans et la faillite totale de l’État, le tout dans un échange d’accusations entre les forces politiques sur les responsabilités du désastre. Il a rejeté l’idée selon laquelle la corruption est la seule cause de l’effondrement du pays, estimant que corruption et effondrement sont eux-mêmes « une résultante des occupations successives syrienne et iranienne du pays ». Selon lui, l’équation qui a permis cette situation est la suivante : octroi par l’autorité de tutelle de gains aux leaders au niveau des institutions en contrepartie de leur silence sur la source du problème, la cession de souveraineté, toute tentative de rébellion contre cet état de fait étant passible de répression ou d’assassinat, comme le prouvent les liquidations successives de personnalités au cours des dernières décennies, de René Moawad à Lokman Slim, en passant par Rafic Hariri.

« Voila pourquoi (…) la levée de l’occupation, que celle-ci soit directe ou indirecte, constitue l’entrée en matière principale pour régler la crise, au plan interne par le biais de l’attachement au document d’entente nationale et à la Constitution dans l’esprit et la lettre et dans son intégralité, et sur le plan externe en rectifiant nos relations avec notre environnement arabe et la communauté internationale, sans oublier l’application des résolutions arabes et internationales, notamment la 1559, la 1680 et la 1701 », a poursuivi l’ancien député.

Le Conseil national vise, selon lui, à redéfinir les priorités, loin de l’esprit du chacun pour soi, et à provoquer une prise de conscience collective que n’importe quel exploit reste précaire et menacé de disparition à l’ombre d’une tutelle ou d’une occupation. Il n’est pas une tribune électorale ou intéressée par les micro-enjeux de pouvoir ou les quotes-parts. Il n’est pas non plus une nouvelle force politique en rivalité avec celles qui existent déjà, mais « un espace de rencontre et de solidarité entre tous ceux qui souhaitent restaurer le sens, le rôle et le message du Liban et tous ceux qui ont tiré l’expérience des faux paris et des mésaventures du passé ». Il rejette enfin « toute tendance hostile envers le monde et l’arabité sous le prétexte de l’orientalisme, ainsi que tout projet de fédéralisme, de tripartition ou de nouveau pacte national qui mènerait inéluctablement à une partition de facto du pays, à l’ombre de l’occupation iranienne du Liban par le truchement des armes du Hezbollah », a ajouté M. Souhaid, en proclamant à nouveau son attachement « au vivre-ensemble au sein d’une patrie définitive pour tous ses fils, arabe d’identité et d’appartenance, et ouverte sur le développement et la justice équitable ».

L’ancien député Ahmad Fatfat, désigné président du comité d’organisation du Conseil national, a ensuite pris la parole pour évoquer diverses les étapes à venir dans le chantier de travail de la nouvelle instance, soulignant la nécessité de restaurer l’unité nationale comme garantie essentielle pour le rétablissement de la souveraineté.
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