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[audio mp3="https://icibeyrouth.com/wp-content/uploads/2023/07/Peut-on-encore-vivre-laventure-aujourdhui_-Un-parcours-a-la-Joseph-Kessel-est-il-toujours.mp3"][/audio]
Peut-on encore vivre l’aventure aujourd’hui? Un parcours à la Joseph Kessel est-il toujours possible? Telle est la thématique de la conférence d’Olivier Weber donnée au Centre universitaire méditerranéen à Nice. Car l’écrivain-voyageur et grand reporter, qui a couvert de nombreux conflits dont il a tiré la matière de ses romans, a publié des livres et réalisé des documentaires d’une richesse étourdissante. De l’Afghanistan à l’Amazonie, des maquis kurdes à l’Himalaya ou à la tribune des Nations unies, Olivier Weber nous livre un précieux témoignage, celui d’un parcours hors norme qui est aussi un itinéraire de liberté.
Correspondant de guerre, écrivain, réalisateur et diplomate, Olivier Weber, lauréat de plusieurs prix dont les Prix Joseph Kessel, Prix Albert Londres, Prix du livre européen et méditerranéen, rentre du Caucase, notamment d’Arménie. Et s’il se trouve à Nice devant une salle comble, c’est parce que, dit-il: «Pour moi, l’aventure commence ici. D’un côté, il y a le Mercantour où j’ai grandi avant de faire mes études à Nice puis à San Francisco. Les montagnes, la vallée des Merveilles et celle de la Roya étaient comme un tremplin vers le reste du monde. Et de l’autre côté, il y a la mer, la Côte d’Azur, où j’ai été pilote de bateau d’intervention, maître-nageur, plongeur sous-marin de 20 à 24 ans et où j’ai travaillé avec les sapeurs-pompiers de Nice. J’ai rêvé les yeux grands ouverts entre mer et montagne. Cette symbiose caractéristique des Alpes-Maritimes a participé de cette définition de l’aventure. De là, vient mon goût de l’ailleurs et du voyage.»
Olivier Weber parle de la double correspondance, historique et géographique, du roman qui transporte le lecteur du réel à la fiction et présente son dernier roman, Dans l’œil de l’archange, qui vient de paraître aux éditions Calmann Lévy et dont l’histoire remonte à 1937, lors de la guerre civile d’Espagne. L’auteur rend hommage à une profession fascinante, celle de reporter de guerre, et à une femme courageuse et passionnée, Gerda Taro, compagne de Robert Capa et première photographe de guerre à avoir trouvé la mort écrasée par un char républicain à vingt-six ans et pour qui l’engagement passait avant tout. On y retrouve des aventuriers, des écrivains voyageurs comme Kessel, Hemingway ou Albert Londres.
Il évoque ceux qu’il désigne par «les grands frères», qu’ils soient mythologiques, tel Ulysse, poètes, aventuriers, tel Rimbaud, explorateurs ou correspondants de guerre, tel Ernest Hemingway qui fut écrivain, aventurier et prix Nobel de littérature et dont les œuvres écrites entre 1920 et 1950 ont rencontré auprès du public un grand succès en raison de leur véracité. Hemingway avait participé à la Première Guerre mondiale et disait: «J’ai des bombes dans la tête.» Aussi, faire du reportage n’a-t-il pas suffi à exprimer son ressenti. Après avoir couvert la guerre civile d’Espagne, il écrivit Pour qui sonne le glas.
Olivier Weber renvoie également à Albert Londres, correspondant de guerre en 1914 qui suit les combats en France et en Belgique. Ses reportages paraissent dans les colonnes du Matin et du Petit Journal, puis, dès 1923, ils seront publiés sous forme de livres. Weber évoque aussi Ella Maillart, exploratrice et écrivaine suisse qui parcourut l’Asie centrale soviétique en 1932, puis la Chine.
L’écrivain-voyageur s’est envolé pour la Californie sur les traces de Jack London, un autre «grand frère», aventurier, romancier et correspondant de guerre, dont il écrivit une biographie, Jack London, l’appel du grand ailleurs, parue en 2016, et dont il dit: «Père de tous les aventuriers, Jack London a vécu mille vies. Il a eu une très belle phrase “Je préfère être une étoile filante qu’un astre fixe.” Il avait écrit 40 romans avant de mourir à 40 ans.»
Pour Olivier Weber, «il s’agit d’abord de témoigner, ensuite de raconter par le récit ou le roman et enfin de vivre l’aventure». Ainsi, Joseph Kessel, d’abord écrivain et grand reporter «niçois d’adoption comme Romain Gary, ayant fait ses études secondaires à Nice, au lycée Masséna» et dont l’œuvre romanesque se nourrit de l’aventure humaine, a signé de grands reportages. Engagé volontaire comme aviateur pendant la Grande Guerre, il a tiré de cette expérience son roman L’équipage. Quand la Seconde Guerre mondiale éclate, Kessel est correspondant de guerre. Il rejoint la Résistance, se cache en 1942 à Nice où il est repéré: «Avant de partir à Londres, il cache un manuscrit dans le puits d’une maison dans le Var, celle de l’amie de sa maîtresse. Il s’agit d’une œuvre majeure qu’il a mis dix ans à écrire, une autobiographie romanesque de quatre volumes, Le tour du malheur.» Puis il se rallie au général de Gaulle à Londres et écrit L’Armée des ombres en hommage aux combattants. Après la libération, Kessel fait des voyages en Afrique, en Birmanie, en Afghanistan qui lui inspirent Les cavaliers ou encore Le Lion.
L’écrivain-voyageur projette de vieilles photos de Kessel en noir et blanc:
«Le voici en 1930, près de Djibouti. Il revient d’une traversée de la mer Rouge avec un passeur, un autre aventurier que Kessel convaincra de devenir écrivain: Henri de Monfreid. À la question, peut-on vivre à la Kessel aujourd’hui? Je dirai oui, on peut vivre un destin à la Kessel, même si ce ne sont pas les mêmes conditions. Le journal Le Matin lui a donné carte blanche pour partir à l’aventure là où il voudra. Ce sera l’Abyssinie (l’Éthiopie aujourd’hui, et l’un de mes premiers terrains d’aventure quand j’étais étudiant à Nice.) Son reportage sur les esclaves en Éthiopie permet au Matin d’augmenter ses ventes. Tout le monde lisait la presse et la publicité affluait dans les pages du journal. À l’époque, on lui avait proposé, comme note de frais, la somme de 250.000 euros pour quatre mois. Aujourd’hui, pour partir en Afghanistan, la somme ne dépasse pas les 4.000 euros. Quand Kessel traverse la mer Rouge, il ne loue pas le boutre, mais l’achète.»
Weber dévoile le portrait d’un autre grand frère qui, dit-il, «est mort à Nice. Je l’ai vu très jeune puis je l’ai revu dans les Balkans à 20 ans. C’est Fernand Fournier-Aubry, grand aventurier, humanitaire avant l’heure, chercheur d’or en Amazonie et traduit en plusieurs langues. Il a fait partie des figures mythiques qui ont poussé beaucoup d’entre nous à l’aventure». Ce voyageur adorait les grands espaces. Il parcourut l’Afrique noire, la jungle amazonienne, les îles du Pacifique et l’Asie interdite.
«Qu’est-ce que l’esprit d’aventure sinon la prise de risque, la sortie de la zone de confort, l’engagement et l’aventure humaine qui nous fait aller vers l’autre?» interroge Olivier Weber, faisant référence à la Société des explorateurs français (SEF) et à la Royal Geographical Society (RGS) qui rassemblent des femmes et des hommes aux parcours extraordinaires, partageant l’idée que l’existence est une aventure. Weber affirme: «Au début du XXe siècle, lorsqu’on ouvrait les atlas, il y avait encore des zones vierges. Aujourd’hui, il n’y a plus de zones inconnues. L’idée qu’on développe avec la SEF c’est d’aller vers l’autre, de privilégier la rencontre, d’être dans une dimension humaine de l’aventure.»
Puis il nous emmène à travers son récit et la projection de photos dans un voyage mythique en Arménie, et l’on connaît son engagement aux côtés d’autres écrivains qui réclament la levée du blocus de la seule route qui relie l’enclave arménienne du Haut-Karabakh au reste du monde. «C’est la photo d’un monastère arménien et, derrière, on voit le mont Ararat. J’étais en Arménie, explique-t-il, pour un film en préparation avec des amis de Sylvain Tesson qui fait beaucoup de plaidoyers pour l’Arménie. Ce film s’intitule: Si je t’oublie Arménie. J’aimerais le projeter à Nice.»
Il relate ses fabuleuses expéditions dans l'Himalaya avec une projection d’images, notamment au Mustang, fermé aux étrangers jusqu’en 1992:
«C’est un ancien royaume mythique rattaché au Népal et préservé de la tutelle chinoise. J’y ai connu l’ivresse des montagnes par manque d’oxygène à 6.000 mètres d’altitude et j’y ai écrit beaucoup de poésie en hiver 2022. L’avant-dernière expédition, en 2021, était avec mon ami Gérard qu’on surnomme “l’aventurier aveugle” car il a perdu la vue. C’est un voyage qui m’est très cher, insiste-t-il. Je rêvais d’y aller pour effacer le souvenir des guerres et du syndrome post-traumatique, et c’est Gérard qui m’a montré les paysages qu’il a rêvés avec le côté surdimensionné des sens. Nous nous sommes aventurés dans des vallées perdues, sur des montagnes isolées ou dans des monastères désertés. J’y ai trouvé, en cheminant, le recueillement. Plusieurs semaines de marche, en quête de pureté, ont donné lieu à une somme de réflexions sur le voyage, la mondialisation, l’empathie, publiées sous le titre Au royaume de la lumière qui a reçu le prix Pierre Loti. Ce voyage est une démonstration de ce que peut être l’aventure. Une magie s’est opérée qui résulte du compagnonnage et de la marche pendant un mois.»
À suivre…
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Peut-on encore vivre l’aventure aujourd’hui? Un parcours à la Joseph Kessel est-il toujours possible? Telle est la thématique de la conférence d’Olivier Weber donnée au Centre universitaire méditerranéen à Nice. Car l’écrivain-voyageur et grand reporter, qui a couvert de nombreux conflits dont il a tiré la matière de ses romans, a publié des livres et réalisé des documentaires d’une richesse étourdissante. De l’Afghanistan à l’Amazonie, des maquis kurdes à l’Himalaya ou à la tribune des Nations unies, Olivier Weber nous livre un précieux témoignage, celui d’un parcours hors norme qui est aussi un itinéraire de liberté.
Correspondant de guerre, écrivain, réalisateur et diplomate, Olivier Weber, lauréat de plusieurs prix dont les Prix Joseph Kessel, Prix Albert Londres, Prix du livre européen et méditerranéen, rentre du Caucase, notamment d’Arménie. Et s’il se trouve à Nice devant une salle comble, c’est parce que, dit-il: «Pour moi, l’aventure commence ici. D’un côté, il y a le Mercantour où j’ai grandi avant de faire mes études à Nice puis à San Francisco. Les montagnes, la vallée des Merveilles et celle de la Roya étaient comme un tremplin vers le reste du monde. Et de l’autre côté, il y a la mer, la Côte d’Azur, où j’ai été pilote de bateau d’intervention, maître-nageur, plongeur sous-marin de 20 à 24 ans et où j’ai travaillé avec les sapeurs-pompiers de Nice. J’ai rêvé les yeux grands ouverts entre mer et montagne. Cette symbiose caractéristique des Alpes-Maritimes a participé de cette définition de l’aventure. De là, vient mon goût de l’ailleurs et du voyage.»
Olivier Weber parle de la double correspondance, historique et géographique, du roman qui transporte le lecteur du réel à la fiction et présente son dernier roman, Dans l’œil de l’archange, qui vient de paraître aux éditions Calmann Lévy et dont l’histoire remonte à 1937, lors de la guerre civile d’Espagne. L’auteur rend hommage à une profession fascinante, celle de reporter de guerre, et à une femme courageuse et passionnée, Gerda Taro, compagne de Robert Capa et première photographe de guerre à avoir trouvé la mort écrasée par un char républicain à vingt-six ans et pour qui l’engagement passait avant tout. On y retrouve des aventuriers, des écrivains voyageurs comme Kessel, Hemingway ou Albert Londres.
Il évoque ceux qu’il désigne par «les grands frères», qu’ils soient mythologiques, tel Ulysse, poètes, aventuriers, tel Rimbaud, explorateurs ou correspondants de guerre, tel Ernest Hemingway qui fut écrivain, aventurier et prix Nobel de littérature et dont les œuvres écrites entre 1920 et 1950 ont rencontré auprès du public un grand succès en raison de leur véracité. Hemingway avait participé à la Première Guerre mondiale et disait: «J’ai des bombes dans la tête.» Aussi, faire du reportage n’a-t-il pas suffi à exprimer son ressenti. Après avoir couvert la guerre civile d’Espagne, il écrivit Pour qui sonne le glas.
Olivier Weber renvoie également à Albert Londres, correspondant de guerre en 1914 qui suit les combats en France et en Belgique. Ses reportages paraissent dans les colonnes du Matin et du Petit Journal, puis, dès 1923, ils seront publiés sous forme de livres. Weber évoque aussi Ella Maillart, exploratrice et écrivaine suisse qui parcourut l’Asie centrale soviétique en 1932, puis la Chine.
L’écrivain-voyageur s’est envolé pour la Californie sur les traces de Jack London, un autre «grand frère», aventurier, romancier et correspondant de guerre, dont il écrivit une biographie, Jack London, l’appel du grand ailleurs, parue en 2016, et dont il dit: «Père de tous les aventuriers, Jack London a vécu mille vies. Il a eu une très belle phrase “Je préfère être une étoile filante qu’un astre fixe.” Il avait écrit 40 romans avant de mourir à 40 ans.»
Pour Olivier Weber, «il s’agit d’abord de témoigner, ensuite de raconter par le récit ou le roman et enfin de vivre l’aventure». Ainsi, Joseph Kessel, d’abord écrivain et grand reporter «niçois d’adoption comme Romain Gary, ayant fait ses études secondaires à Nice, au lycée Masséna» et dont l’œuvre romanesque se nourrit de l’aventure humaine, a signé de grands reportages. Engagé volontaire comme aviateur pendant la Grande Guerre, il a tiré de cette expérience son roman L’équipage. Quand la Seconde Guerre mondiale éclate, Kessel est correspondant de guerre. Il rejoint la Résistance, se cache en 1942 à Nice où il est repéré: «Avant de partir à Londres, il cache un manuscrit dans le puits d’une maison dans le Var, celle de l’amie de sa maîtresse. Il s’agit d’une œuvre majeure qu’il a mis dix ans à écrire, une autobiographie romanesque de quatre volumes, Le tour du malheur.» Puis il se rallie au général de Gaulle à Londres et écrit L’Armée des ombres en hommage aux combattants. Après la libération, Kessel fait des voyages en Afrique, en Birmanie, en Afghanistan qui lui inspirent Les cavaliers ou encore Le Lion.
L’écrivain-voyageur projette de vieilles photos de Kessel en noir et blanc:
«Le voici en 1930, près de Djibouti. Il revient d’une traversée de la mer Rouge avec un passeur, un autre aventurier que Kessel convaincra de devenir écrivain: Henri de Monfreid. À la question, peut-on vivre à la Kessel aujourd’hui? Je dirai oui, on peut vivre un destin à la Kessel, même si ce ne sont pas les mêmes conditions. Le journal Le Matin lui a donné carte blanche pour partir à l’aventure là où il voudra. Ce sera l’Abyssinie (l’Éthiopie aujourd’hui, et l’un de mes premiers terrains d’aventure quand j’étais étudiant à Nice.) Son reportage sur les esclaves en Éthiopie permet au Matin d’augmenter ses ventes. Tout le monde lisait la presse et la publicité affluait dans les pages du journal. À l’époque, on lui avait proposé, comme note de frais, la somme de 250.000 euros pour quatre mois. Aujourd’hui, pour partir en Afghanistan, la somme ne dépasse pas les 4.000 euros. Quand Kessel traverse la mer Rouge, il ne loue pas le boutre, mais l’achète.»
Weber dévoile le portrait d’un autre grand frère qui, dit-il, «est mort à Nice. Je l’ai vu très jeune puis je l’ai revu dans les Balkans à 20 ans. C’est Fernand Fournier-Aubry, grand aventurier, humanitaire avant l’heure, chercheur d’or en Amazonie et traduit en plusieurs langues. Il a fait partie des figures mythiques qui ont poussé beaucoup d’entre nous à l’aventure». Ce voyageur adorait les grands espaces. Il parcourut l’Afrique noire, la jungle amazonienne, les îles du Pacifique et l’Asie interdite.
«Qu’est-ce que l’esprit d’aventure sinon la prise de risque, la sortie de la zone de confort, l’engagement et l’aventure humaine qui nous fait aller vers l’autre?» interroge Olivier Weber, faisant référence à la Société des explorateurs français (SEF) et à la Royal Geographical Society (RGS) qui rassemblent des femmes et des hommes aux parcours extraordinaires, partageant l’idée que l’existence est une aventure. Weber affirme: «Au début du XXe siècle, lorsqu’on ouvrait les atlas, il y avait encore des zones vierges. Aujourd’hui, il n’y a plus de zones inconnues. L’idée qu’on développe avec la SEF c’est d’aller vers l’autre, de privilégier la rencontre, d’être dans une dimension humaine de l’aventure.»
Puis il nous emmène à travers son récit et la projection de photos dans un voyage mythique en Arménie, et l’on connaît son engagement aux côtés d’autres écrivains qui réclament la levée du blocus de la seule route qui relie l’enclave arménienne du Haut-Karabakh au reste du monde. «C’est la photo d’un monastère arménien et, derrière, on voit le mont Ararat. J’étais en Arménie, explique-t-il, pour un film en préparation avec des amis de Sylvain Tesson qui fait beaucoup de plaidoyers pour l’Arménie. Ce film s’intitule: Si je t’oublie Arménie. J’aimerais le projeter à Nice.»
Il relate ses fabuleuses expéditions dans l'Himalaya avec une projection d’images, notamment au Mustang, fermé aux étrangers jusqu’en 1992:
«C’est un ancien royaume mythique rattaché au Népal et préservé de la tutelle chinoise. J’y ai connu l’ivresse des montagnes par manque d’oxygène à 6.000 mètres d’altitude et j’y ai écrit beaucoup de poésie en hiver 2022. L’avant-dernière expédition, en 2021, était avec mon ami Gérard qu’on surnomme “l’aventurier aveugle” car il a perdu la vue. C’est un voyage qui m’est très cher, insiste-t-il. Je rêvais d’y aller pour effacer le souvenir des guerres et du syndrome post-traumatique, et c’est Gérard qui m’a montré les paysages qu’il a rêvés avec le côté surdimensionné des sens. Nous nous sommes aventurés dans des vallées perdues, sur des montagnes isolées ou dans des monastères désertés. J’y ai trouvé, en cheminant, le recueillement. Plusieurs semaines de marche, en quête de pureté, ont donné lieu à une somme de réflexions sur le voyage, la mondialisation, l’empathie, publiées sous le titre Au royaume de la lumière qui a reçu le prix Pierre Loti. Ce voyage est une démonstration de ce que peut être l’aventure. Une magie s’est opérée qui résulte du compagnonnage et de la marche pendant un mois.»
À suivre…
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