©Crédit photo : Ahmad Gharabli / AFP
Nichée au cœur de Jérusalem-Est, la bibliothèque Khalidi renferme un trésor inestimable: des documents historiques palestiniens qui dévoilent une tranche rarement exposée de l'histoire de la ville. Avec une passion admirable, Rami Salameh, un spécialiste formé en Italie, se consacre à la méticuleuse restauration de ces précieuses reliques.
Le corpus principal des documents vient de la bibliothèque Khalidi, qui abrite la collection la plus large de manuscrits arabes et islamiques des territoires palestiniens. On y trouve également des ouvrages en persan, en allemand et en français, dont une remarquable série d’œuvres de Victor Hugo. La bibliothèque fut fondée en 1900 par Raghib al-Khalidi, un éminent intellectuel palestinien diplômé de la Sorbonne, sur l'insistance de sa mère, Khadija. Située à l'entrée du complexe de la mosquée Al-Aqsa, elle offre une vue plongeante sur le Mur des lamentations, un site sacré juif. Les précieuses ressources de cette bibliothèque comprennent des livres, des lettres, des décrets de l'Empire ottoman et des mémoires, offrant une perspective inestimable sur la vie antérieure dans la ville sainte. "Ces manuscrits font référence au statut culturel et social des résidents de Jérusalem et attestent d'une présence palestinienne ici depuis des siècles", affirme Khader Salameh, le bibliothécaire responsable de la collection.
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"Ces manuscrits présentent un éventail diversifié de thèmes, allant des textes juridiques à l'astronomie, en passant par une biographie de Mahomet et le Coran", explique Rami Salameh, délicatement occupé à lustrer un texte de grammaire arabe avec son pinceau dans son petit atelier. Au cours des deux dernières années, il a restauré quelque 1.200 pages de douze manuscrits provenant de bibliothèques privées palestiniennes, dont certains sont des témoignages du règne ottoman qui remontent à 200, voire 300 ans.
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Cependant, depuis que la Vieille Ville a été annexée par Israël lors de la guerre des Six Jours en 1967, les familles et les institutions palestiniennes de Jérusalem-Est sont souvent victimes d'expulsions – des actions jugées illégales par l'ONU et la communauté internationale. Une portion de la bibliothèque a été expropriée par les autorités israéliennes pour établir une école religieuse juive. Malgré ces difficultés, la bibliothèque poursuit sa mission de préserver et de diffuser le patrimoine culturel arabe de Jérusalem, notamment grâce à un programme de numérisation soutenu par des organisations locales et internationales.
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Shaimaa al-Budeiri, responsable des archives numériques, s'affaire à photographier les pages et à les télécharger sur son ordinateur. À ce jour, elle a numérisé près de 2,5 millions de pages de manuscrits, journaux, livres rares et autres documents issus des quatre bibliothèques privées de Jérusalem. Al-Budeiri rêve de recueillir davantage de fonds pour acquérir des équipements coûteux, comme des boîtes de stockage sans acide, et pour moderniser son atelier, trop humide pour manipuler un papier aussi délicat. "Si je vois quelqu'un maltraiter un livre, j'ai l'impression que le livre souffre", confie-t-elle. "Le livre vous donne des choses, il ne vous enlève rien."
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