Le théâtre « classique » et tout particulièrement celui de Jean Racine impose à tout metteur en scène une rigueur absolue tant au niveau des décors que des costumes. Le choix fait par Anne Coutureau de laisser la scène nue et de ne pas vouloir d’autre costume que des vêtements simples n’évoquant aucune époque particulière m’a semblé un choix tout à fait pertinent et m’a fait diriger mes pas vers ce spectacle.
Anne Coutureau écrit en effet dans la présentation de son spectacle : « J’aime le théâtre classique français pour ce qu’il dit de nous, aujourd’hui. Croire qu’il faille « actualiser » les œuvres pour les rendre accessibles n’a pas de sens. Je m’attache plutôt à créer un univers artistique susceptible de toucher les spectateurs de mon époque ».
Il faut rappeler quel nœud Gordien, à défaut d’être borroméen, Racine nous propose dans cette pièce et ranimer nos souvenirs scolaires, car sans doute à l’époque où nous usions nos culottes sur les bancs du lycée, tout ceci nous paraissait assez vain.
La butée sur laquelle échoue la circulation des passions entre quatre personnages : Andromaque, Hermione, Oreste et Pyrrhus n’apparaît jamais sur la scène et pour cause puisqu’il s’agit d’un enfant, le fils d’Hector et d’Andromaque. Hector, le héros de Troyes, est mort sous les coups des Grecs. Son fils représente à leurs yeux une menace potentielle de vengeance. En la personne d’Oreste, ils viennent réclamer sa tête. Andromaque veut bien sûr protéger ce fils, mais elle n’accepte pas pour autant de céder aux avances de Pyrrhus, ce qu’elle considère comme la trahison de son époux défunt.
Deux autres personnages entrent alors en jeu. Oreste qui aime Hermione et se trouve donc en rivalité avec Pyrrhus, et Hermione qui aime Pyrrhus et se trouve donc en rivalité avec Andromaque.
Dans son introduction au Richard III de Shakespeare, Margaret Jones Davies écrit : « La dernière scène de Richard III, où le roi cherche désespérément son cheval, s’interprète à la lumière du Phèdre de Platon, où l’âme du cocher qui doit diriger un attelage ailé constitué de deux chevaux, la volonté et l’intellect. Malheur au cocher qui perd le contrôle de son attelage. La volonté que ne contrôle plus la raison fait des ravages dans les forêts de la fureur ».
La volonté dans « Andromaque » se heurte ici à la puissance du désir qui le subvertit. La conséquence n’en est pas moins funeste et ne peut conduire qu’au meurtre. Une fois n’est pas coutume c’est un homme qui va en payer le prix.
Andromaque est bien hélas, de toujours notre compagne. Les femmes tombées aujourd’hui sous les coups de leur conjoint ne sont-elles pas les tristes héritières des tragédies de Racine ? S’ils n’en sont pas moins coupables et si les lois semblent bien peu à même en France du moins d’y mettre un terme, voir les protagonistes se débattre et dire leurs tourments permet de comprendre l’engrenage qui conduit au meurtre, mais assurément pas d’excuser les meurtriers.
Les acteurs sont parfaits et si Hermione nous a semblé quelque peu sortir de la tragédie pour flirter avec l’hystérie, elle apporte ainsi un éclairage intéressant à son personnage. Quant à Oreste, Pascal Guignard-Cordelier, le jour où nous y étions, a réalisé un véritable exploit en reprenant le rôle. Alors qu’il devait en assurer la régie, l’acteur qui devait jouer Oreste, Théo Askolovitch, victime d’un accident, étant dans l’incapacité de le faire, il a accepté de le remplacer au débotté se souvenant qu’il avait joué ce rôle 5 ans plus tôt. Chapeau.
Anne Coutureau écrit en effet dans la présentation de son spectacle : « J’aime le théâtre classique français pour ce qu’il dit de nous, aujourd’hui. Croire qu’il faille « actualiser » les œuvres pour les rendre accessibles n’a pas de sens. Je m’attache plutôt à créer un univers artistique susceptible de toucher les spectateurs de mon époque ».
Il faut rappeler quel nœud Gordien, à défaut d’être borroméen, Racine nous propose dans cette pièce et ranimer nos souvenirs scolaires, car sans doute à l’époque où nous usions nos culottes sur les bancs du lycée, tout ceci nous paraissait assez vain.
La butée sur laquelle échoue la circulation des passions entre quatre personnages : Andromaque, Hermione, Oreste et Pyrrhus n’apparaît jamais sur la scène et pour cause puisqu’il s’agit d’un enfant, le fils d’Hector et d’Andromaque. Hector, le héros de Troyes, est mort sous les coups des Grecs. Son fils représente à leurs yeux une menace potentielle de vengeance. En la personne d’Oreste, ils viennent réclamer sa tête. Andromaque veut bien sûr protéger ce fils, mais elle n’accepte pas pour autant de céder aux avances de Pyrrhus, ce qu’elle considère comme la trahison de son époux défunt.
Deux autres personnages entrent alors en jeu. Oreste qui aime Hermione et se trouve donc en rivalité avec Pyrrhus, et Hermione qui aime Pyrrhus et se trouve donc en rivalité avec Andromaque.
Dans son introduction au Richard III de Shakespeare, Margaret Jones Davies écrit : « La dernière scène de Richard III, où le roi cherche désespérément son cheval, s’interprète à la lumière du Phèdre de Platon, où l’âme du cocher qui doit diriger un attelage ailé constitué de deux chevaux, la volonté et l’intellect. Malheur au cocher qui perd le contrôle de son attelage. La volonté que ne contrôle plus la raison fait des ravages dans les forêts de la fureur ».
La volonté dans « Andromaque » se heurte ici à la puissance du désir qui le subvertit. La conséquence n’en est pas moins funeste et ne peut conduire qu’au meurtre. Une fois n’est pas coutume c’est un homme qui va en payer le prix.
Andromaque est bien hélas, de toujours notre compagne. Les femmes tombées aujourd’hui sous les coups de leur conjoint ne sont-elles pas les tristes héritières des tragédies de Racine ? S’ils n’en sont pas moins coupables et si les lois semblent bien peu à même en France du moins d’y mettre un terme, voir les protagonistes se débattre et dire leurs tourments permet de comprendre l’engrenage qui conduit au meurtre, mais assurément pas d’excuser les meurtriers.
Les acteurs sont parfaits et si Hermione nous a semblé quelque peu sortir de la tragédie pour flirter avec l’hystérie, elle apporte ainsi un éclairage intéressant à son personnage. Quant à Oreste, Pascal Guignard-Cordelier, le jour où nous y étions, a réalisé un véritable exploit en reprenant le rôle. Alors qu’il devait en assurer la régie, l’acteur qui devait jouer Oreste, Théo Askolovitch, victime d’un accident, étant dans l’incapacité de le faire, il a accepté de le remplacer au débotté se souvenant qu’il avait joué ce rôle 5 ans plus tôt. Chapeau.
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