Iran: à Noosh Abad, la «Caravane» en prélude à l'Achoura
©Un acteur pose pour une photo lors du spectacle religieux annuel de Taazieh dans la ville iranienne de Noosh Abad, le 26 juillet 2023, pendant le mois musulman de Muharram qui précède l'Achoura, une période de 10 jours commémorant l'assassinat au septième siècle du petit-fils du prophète Mahomet, l'imam Hussein. (Photo par ATTA KENARE / AFP)
Chaque année, la ville de Noosh Abad, dans le centre de l'Iran, est le théâtre d'un spectacle insolite. Ses habitants y enfilent costumes de guerriers et démons pour célébrer le début de la fête de l'Achoura, la plus importante du monde chiite. Retour sur une tradition séculaire.

Une fois par an, à Noosh Abad, une ville du centre de l'Iran, les hommes enfilent des costumes de guerriers et les enfants se déguisent en démons, pour lancer les célébrations de l'Achoura, la plus importante fête musulmane chiite.

Chaque année, autour du dixième jour du mois musulman de Moharram, les chiites, majoritaires en Iran, célèbrent le deuil de l'Achoura qui marque l'anniversaire du martyre de Hussein, le troisième imam de l'islam chiite.

Des musulmans chiites participent au spectacle religieux annuel de Taazieh dans la ville iranienne de Noosh Abad, le 26 juillet 2023, pendant le mois musulman de Muharram qui précède l'Achoura. (Photo ATTA KENARE / AFP)

A Noosh Abad, les fidèles iraniens défilent dans les rues deux jours avant la fête, lors d'une parade appelée "Caravane".

Mercredi, les participants ont perpétué la tradition qui anime leur ville depuis plus d'un siècle, en portant des costumes brodés et colorés, rappelant les vêtements arabes portés à l'époque de l'imam Hussein.

Petit-fils du prophète Mahomet, Hussein a été tué en 680 par les troupes du calife omeyyade Yazid lors d'une bataille dans le désert de Kerbala, en Irak.

Certains représentaient des cavaliers, poignards et épées à la taille, tandis que des enfants au visage peint en noir ou en rouge jouaient les petits diables. D'autres étaient vêtus de blanc ou portaient des ailes roses.

Des musulmans chiites participent au spectacle religieux annuel de Taazieh dans la ville iranienne de Noosh Abad, le 26 juillet 2023, pendant le mois musulman de Muharram qui précède l'Achoura. (Photo ATTA KENARE / AFP)

Selon la légende, ces petits diables auraient assisté à la bataille de Kerbala et proposé leur aide à Hussein, qui aurait refusé en disant que son destin était de mourir sur le champ de bataille.

Des centaines d'hommes vêtus de noir et de femmes portant le tchador ont assisté au défilé mercredi au milieu de drapeaux noirs et de banderoles faisant l'éloge d'Hussein et de sa famille.


Des figurants ont ensuite reconstitué les événements ayant conduit à l'assassinat de Hussein, qui rejetait le droit du calife Yazid à régner sur le monde islamique.

Un acteur pose pour une photo lors du spectacle religieux annuel de Taazieh dans la ville iranienne de Noosh Abad, le 26 juillet 2023, pendant le mois musulman de Muharram qui précède l'Achoura. (Photo ATTA KENARE / AFP)

Les musulmans chiites du monde entier considèrent la mort d'Hussein comme un symbole de la lutte contre l'injustice.

Les célébrations de l'anniversaire de sa mort peuvent donner lieu à des scènes spectaculaires où des hommes s'autoflagellent, se lacèrent le crâne, se frappent la poitrine ou se roulent dans la boue.

"Je participe à cet événement depuis dix ans", a raconté Ali Ebadi, 56 ans, qui jouait le rôle d'un esclave du "Shimr", l'homme qui a tué Hussein lors du combat à Kerbala.

De nombreuses personnes "croient que des prophètes, des anges et des démons sont venus aider l'imam Hussein", qui a refusé leur aide en disant que "c'était son destin", a expliqué Mohammad Mashhadi Nushabadi, 52 ans, qui assistait au défilé.

Un garçon se déguise en démon pour se préparer au spectacle religieux annuel de Taazieh dans la ville iranienne de Noosh Abad, le 26 juillet 2023, pendant le mois musulman de Muharram qui précède l'Achoura. (Photo ATTA KENARE / AFP)

Ce cérémonial s'inscrit dans le cadre des rituels de Taazieh, ou deuil, dont les racines remontent à la Perse antique, a expliqué M. Nushabadi.

"Les générations apprennent de ces rituels et de ces représentations qui constituent une partie importante de l'histoire islamique", a estimé Mahdi Moslem, professeur de philosophie islamique à l'université de Kashan.

Malo Pinatel, avec AFP
Commentaires
  • Aucun commentaire