Wassim Mansouri, gouverneur à la place du gouverneur
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Wassim Mansouri, premier vice-gouverneur à la Banque du Liban, prend la tête de la plus haute autorité monétaire
dans le pays, à partir du mardi 1er août 2023. La passation de pouvoir s’est faite dans le calme conformément à l’article 25 du Code de la monnaie et du crédit qui a prévu les modalités de succession en cas de vacance au poste de gouverneur.


Le premier vice-gouverneur de la banque du Liban, Wassim Mansouri, a annoncé qu’il prendra la tête de la plus haute autorité monétaire du pays à partir du 1ᵉʳ août 2023, lors d’une conférence de presse qu’il a tenue au siège de la Banque du Liban (BDL) à Hamra, entouré du deuxième, du troisième et du quatrième vice-gouverneur, respectivement MM. Bachir Yakzan, Salim Chahine et Alexandre Mouradian.
Le conférencier, qui a pris la parole pendant une courte durée (19 minutes), a quitté rapidement la salle à la fin de son discours écrit, empêchant les représentants des médias, pourtant présents en grand nombre, de lui poser des questions. Curieusement aussi, Wassim Mansouri n’a pas prononcé une seule fois le nom de son prédécesseur, Riad Salamé.
Dès le début de son discours, il a donné le "la", en expliquant ce que sera son mandat et celui des trois autres vice-gouverneurs, dont les fonctions arrivent à expiration le 10 juin 2024.
Sans ambages, il a fait assumer la responsabilité de l’érosion des réserves obligatoires de la BDL, tantôt directement tantôt indirectement, aux gouvernements successifs et à «ceux qui détenaient le pouvoir exécutif à la banque centrale», tout en admettant –ce qui est un comble – qu’il faisait partie de l’entité qui détenait le «pouvoir de décision» à la banque centrale.
La solution ne se trouve pas à la BDL  
Wassim Mansouri a clairement pris le contre-pied de la politique monétaire de Riad Salamé, estimant que «tous les attendus des demandes de financement des gouvernements étaient injustifiés». Mais d’un autre côté, il a martelé que «la solution à la crise ne se trouve pas à la BDL et que celle-ci n’est pas monétaire», ajoutant par ailleurs, «qu’il ne revient pas à la banque centrale de tracer la politique économique du pays».

Le nouveau responsable a paru malgré tout rester droit dans ses bottes lorsqu’il a souligné que «la solution à la crise passe par un assainissement des finances publiques», dans le sens d’une amélioration de la collecte des revenus de l’État, révélant au passage que les rentrées de l’administration publique sont à l’heure actuelle de 20 trillions de livres par mois. «Une  capacité de collecte qui pourrait s’améliorer si l’administration publique est redynamisée, ce qui pourrait déboucher dans le temps sur un équilibre financier acceptable», a-il-relevé.
Arrêt du financement de l’État 
Son premier souhait: l’arrêt du financement du gouvernement. Cependant, la mise en œuvre de cette politique ne pourra se faire que «graduellement». Elle sera liée à quatre conditions qui ne coulent pas de source et grâce à une étroite collaboration entre la BDL, le gouvernement et le Parlement.
«Je ne signerai aucune autorisation de financement si je n’en suis pas convaincu et sans une couverture légale», a-t-il dit.
Selon lui, le financement de l’État devrait se faire pour «une durée transitoire courte, sur base d’une loi, qui garantirait par la même occasion la capacité «pas seulement théorique» de restitution des fonds prêtés à la Banque du Liban».
Il a par ailleurs renvoyé la balle dans le camp du gouvernement, qui aura à déterminer le montant et la durée de l’emprunt de l’État.
Ce financement pour une période transitoire est lié à des conditions de réformes, qui seraient remplies dans les six prochains mois. Il s’agira de l’approbation des lois du budget de 2023 et 2024 dans les délais constitutionnels; de la loi sur le contrôle des capitaux; de celle de la restructuration des banques; et enfin de la loi sur le redressement financier. «Pas de sortie de crise si ces lois ne sont pas adoptées», a-t-il dit, soulignant par la même occasion que celles-ci auraient dû être approuvées, il y a quatre ans. Dans cet ordre d’idées, Wassim Mansouri a appelé les décideurs «à maintenir la politique monétaire à l’abri des tiraillements politiques»
Une transition floue
Le gouverneur transitoire de la BDL a estimé que «le délai de six mois pour la mise en place des lois recommandées n’est pas un court délai, d’autant que le Liban traverse une des pires crises financières de son histoire».   
Concernant les salaires des fonctionnaires (au nombre de 332.000), qu’il a présentés comme étant une des tranches vulnérables de la société car leurs émoluments sont libellés en livres libanaises, M. Mansouri a indiqué qu’ils seront payés «sur base d’un taux fixe de la plateforme Sayrafa».
Quant à la durée de cette mesure, elle dépendra de celle que le gouvernement fixera dans le projet de loi sur base duquel l’emprunt à l’État sera octroyé par la BDL.
Pour conclure, M. Mansouri a rappelé une énième fois, comme pour tenter d'alléger ses responsabilités, que la sortie de crise ne peut venir uniquement de la Banque du Liban. Une lapalissade pour les bien-pensants et une plaisanterie pour les décideurs politiques. Affaire à suivre.
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