Face à l’essor incontrôlable du tourisme de masse et aux menaces implacables du réchauffement climatique, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) recommande l'inscription de Venise sur la liste du patrimoine mondial en péril. La cité lacustre italienne, au charme intemporel, subit de plein fouet les conséquences de ces deux phénomènes qui mettent à mal son «intégrité», et ce, malgré les efforts – jugés «insuffisants» par l’Unesco – déployés par l’Italie pour pallier la dégradation du site.
Marco Sabadin/AFP
Selon le Centre du patrimoine mondial de l’Unesco, «la poursuite du développement de Venise, les impacts du changement climatique et le tourisme de masse menacent de causer des changements irréversibles à la valeur universelle exceptionnelle du bien». Les modifications du niveau de la mer ainsi que d’autres «phénomènes météorologiques extrêmes» exacerbés par le réchauffement climatique représentent un danger conséquent pour la pérennité de la cité des Doges.
Toutefois, pour qu’une telle décision soit prise, elle doit obtenir l’approbation des États membres lors d’une réunion du Comité du patrimoine mondial, qui aura lieu du 10 au 25 septembre à Riyad. Entre-temps, cette recommandation porte un coup sévère à l’image de l’Italie, dont les mesures adoptées pour la protection de Venise sont critiquées pour leur insuffisance.
La résolution de ces problèmes «anciens, mais urgents» est freinée par «l’absence de vision stratégique commune globale» et la «faible efficacité et coordination» des autorités locales et nationales italiennes, souligne le Centre du patrimoine mondial. Ce dernier espère qu’une telle inscription suscitera «un plus grand engagement et une plus grande mobilisation des acteurs locaux, nationaux et internationaux».
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En 2021, l’Unesco avait déjà recommandé l’inscription de Venise sur la liste du patrimoine mondial en péril. Les autorités italiennes avaient alors répondu en interdisant l’accès à la lagune aux plus gros paquebots, une mesure saluée, mais jugée insuffisante.
Il est à noter que la Grande Barrière de Corail australienne avait également été menacée d’une telle inscription, mais après des investissements massifs annoncés par Canberra pour protéger cet écosystème unique, l’Australie semble y avoir échappé in extremis.
Venise, cité insulaire fondée au Ve siècle et devenue une grande puissance maritime au Xe siècle, compte parmi les villes les plus visitées au monde. Elle se compose de 118 îlots et sert d’écrin à de nombreux chefs-d’œuvre architecturaux et artistiques, tels que les œuvres de Giorgione, Titien, le Tintoret, Véronèse et bien d’autres. Malgré cette richesse culturelle inestimable, sa population est en déclin, tandis que le tourisme de masse continue de se développer, posant la question cruciale de la préservation de son héritage face à une fréquentation toujours plus accrue.
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Avec AFP
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