En pleine négociation à Vienne sur le programme nucléaire iranien, Israël a affirmé mercredi avoir démantelé un "réseau secret d'espionnage iranien" recrutant des femmes israéliennes sur les réseaux sociaux, pour les charger de différentes missions comme récupérer des documents de l'armée.
Ces femmes ont "accepté des missions en échange de sommes d'argent", a ajouté le Shin Beth, disant qu'après le recrutement sur Facebook, les communications passaient le plus souvent par la messagerie cryptée WhatsApp.
Une des suspectes, une femme de 40 ans de Holon, en banlieue de Tel-Aviv, était en contact avec "Rambod" depuis des années et a accompli plusieurs missions, notamment en prenant des photos de l'ambassade américaine.
Le recruteur présumé lui avait aussi demandé de convaincre son fils, avant le début de son service militaire, d'intégrer la direction du renseignement militaire dans le but ensuite de récupérer par son biais des documents sensibles, poursuit le Shin Beth, aussi appelé Shabak en Israël.
Une autre suspecte, une femme de 57 ans vivant à Beit Shemesh, près de Jérusalem, a aussi reçu une demande pour pousser son fils à intégrer le renseignement militaire et reçu la somme de 5.000 dollars de "Rambod" pour plusieurs missions sur quatre ans.
Exemple de missions? Mettre en place dans sa ville une association de juifs originaires d'Iran en fournissant des informations sur chacun d'eux, prendre des photos d'édifices publics, voire tenter de se rapprocher d'une élue de la Knesset (Parlement).
Au total, quatre femmes ont été inculpées pour différentes accusations par le tribunal de Jérusalem dans cette affaire qui intervient en parallèle des discussions à Vienne, en Autriche, pour sauver l'accord de 2015 sur le nucléaire, censé empêcher l'Iran de se doter de l'arme atomique.
Le pacte est moribond depuis le retrait unilatéral en 2018 de l'administration Trump, dont le pays est allié d'Israël, qui a rétabli des sanctions contre Téhéran, dans le cadre d'une politique de pression maximale sur l'Iran.
Mais l'Etat hébreu voit d'un mauvais oeil un possible accord international sur le programme nucléaire de l'Iran, son ennemi N.1 contre lequel il mène une guerre de l'ombre, les deux pays rivalisant notamment de cyberattaques.
"L'Etat d'Israël est en campagne permanente contre l'Iran. C'est clair: nous constatons des efforts incessants et des tentatives des Gardiens de la Révolution iranienne pour recruter des citoyens israéliens", a commenté le Premier ministre Naftali Bennett, farouche opposant à un accord sur le programme nucléaire iranien.
Israël, considéré comme la seule puissance nucléaire du Moyen-Orient, craint de voir l'Iran devenir prochainement un pays du "seuil du nucléaire", c'est-à-dire ayant suffisamment de matière fissile pour produire la bombe atomique.
Téhéran dément fermement de son côté vouloir se doter de l'arme nucléaire.
"Israël n'est pas contraint par ce qui sera écrit dans les accords et (...) Israël maintiendra une totale liberté d'action partout et à tout moment, sans limitation", avait déclaré plus tôt cette semaine au Parlement M. Bennett, suggérant de possibles mesures israéliennes contre l'Iran.
"N'ayez aucun doute: le long bras de nos services de sécurité va attraper quiconque tente de nuire à la sécurité d'Israël", a-t-il prévenu mercredi, en appelant les Israéliens à rester "vigilants" sur les réseaux sociaux face à l'hameçonnage iranien.
Le mois dernier, plusieurs sites israéliens ont été la cible d'attaques informatiques imputées par des experts à l'Iran. Et en novembre, l'homme de ménage du ministre de la Défense, Benny Gantz, avait été accusé d'espionnage pour le compte d'un groupe de hackers liés à Téhéran.
AFP
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