Le prince Andrew risque désormais un procès pour agressions sexuelles aux Etats-Unis

Le prince britannique Andrew, embarrassé depuis des années par ses liens avec le sulfureux financier Jeffrey Epstein, a échoué à faire rejeter la plainte au civil d'une femme américaine qui l'accuse d'agressions sexuelles en 2001, quand elle avait 17 ans.


Dans cette affaire, gênante pour le palais de Buckingham, le deuxième fils de la reine Elizabeth, qui nie vigoureusement les accusations, risque donc toujours un procès au civil.Si tous les recours étaient rejetés, ce procès pourrait se tenir "entre septembre et décembre" 2022, avait dit à l'automne 2021 le juge new-yorkais Lewis Kaplan.

Cela fait des années que Virginia Giuffre, une Américaine de 38 ans vivant désormais en Australie, désigne publiquement Andrew. Mais l'été dernier, elle a décidé de porter l'affaire devant les tribunaux et a porté plainte à New York en l'accusant d'avoir été l'un des amis puissants à qui Jeffrey Epstein l'aurait livrée pour qu'il abuse d'elle sexuellement.

Virginia Giuffre accuse le prince de l'avoir agressée sexuellement à trois reprises en 2001, quand elle avait 17 ans, à Londres, New York et aux Îles Vierges américaines.

Elle "est évidemment heureuse" que la requête du prince "ait été rejetée" et que des preuves puissent désormais "être recueillies" pour appuyer sa plainte, a réagi son avocat, David Boies.

Le camp du prince fait tout depuis six mois pour convaincre la justice américaine d'abandonner cette procédure. Cette fois, pour obtenir le rejet de la plainte, ses avocats avaient brandi un accord de 2009, par lequel Virginia Giuffre s'engageait à ne pas poursuivre Jeffrey Epstein, ainsi que "d'autres accusés potentiels", contre un dédommagement de 500000 dollars provenant du multimillionnaire américain.

Mais dans une décision de 46 pages, le juge Kaplan considère que l'accord "est loin d'être un modèle de clarté et de précision dans sa rédaction", le qualifiant d'"ambigu". En conséquence, il juge que la demande du prince doit être "refusée à tous égards".

Les avocats de Virginia Giuffre soutenaient que le prince n'était en rien "couvert" par la transaction de 2009, applicable selon eux seulement en Floride -- Epstein avait l'une de ses résidences à Palm Beach -- et dont il n'avait "même pas connaissance" à l'époque.


Le prince, 61 ans, est embarrassé depuis des années par ses liens avec Jeffrey Epstein, mort en prison en 2019, et son ancienne compagne Ghislaine Maxwell, jugée coupable en décembre de trafic sexuel devant le tribunal fédéral de Manhattan et qui risque maintenant des dizaines d'années de prison.

Au sein de la famille royale britannique, celui qui faisait figure de playboy et de militaire courageux, et qui apparaît aujourd'hui comme un paria, nie "catégoriquement" avoir agressé Virginia Giuffre.

Dans une interview jugée calamiteuse sur la BBC en novembre 2019, le prince affirmait même ne pas se souvenir de la jeune fille. Il avait aussi nié avoir dansé "en sueur" avec elle dans une boîte de nuit de Londres il y a plus de 20 ans, comme elle l'avait raconté, arguant d'une impossibilité de "sudation" depuis la guerre des Malouines en 1982, où son organisme aurait secrété trop d'adrénaline.

Dans le cadre de la procédure à New York, les avocats de Virginia Giuffre réclament à ceux d'Andrew un certificat médical attestant que son corps ne transpire pas.

Largement diffusées, nombre de photos attestent de la proximité entre Andrew, Jeffrey Epstein, Ghislaine Maxwell et Virginia Giuffre. Un cliché de 2000 montre le financier américain, la mondaine britannique et le prince à la chasse dans l'est de l'Angleterre. Dans un autre, Andrew et Virginia Giuffre se tiennent par la taille, tout sourire, avec Ghislaine Maxwell en arrière-plan.

Le juge Kaplan avait rejeté le 31 décembre une autre demande en nullité formée par le prince, au motif que Virginia Giuffre ne pourrait pas porter plainte aux Etats-Unis car elle réside en Australie.

AFP

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