Hommage à l'artiste Harout Torossian
C’est avec la plus grande tristesse que nous avons appris que l’artiste peintre Harout Torossian a rendu son dernier souffle à 89 ans dans le silence de la nuit du 9 janvier à Paris. L’humble coloriste, l’assoiffé d’art, de peinture et de connaissance picturale s’est éteint sans bruit. Il laisse derrière lui une œuvre picturale prodigieuse qui reflète sa sensibilité d’une rare délicatesse.

Après avoir été choyé dans une famille nombreuse entouré par sa mère et ses cinq sœurs, Torossian grandit et développe dès son plus jeune âge son amour pour la peinture. C’est à 22 ans qu’il rejoint L’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris où il obtient son diplôme, suit les cours des ateliers de Souverbi et de Chapelin-Midi et se fait déjà remarquer par ses maîtres.

Dès sa première exposition à Paris à la rue Saint-Germain-des-Près au Club des 4 vents, André Weber, critique d’art écrit: «Torossian est un peintre poète qu’il faut suivre, c’est une révélation.» Il visite de nombreux musées d’Europe, observe, se cultive et s’imprègne des œuvres de maîtres avant son retour au Liban, béret sur tête et pipe à la bouche.

C’est un être chaleureux et cordial qui chérit son épouse et ses enfants et approche ses étudiants avec autant d’affection que d’autorité à l’Académie libanaise des beaux-arts où il est professeur émérite pour de longues années. Avec la nature pour inspiration, la femme pour muse, la lumière pour couleur et la musique classique pour fond, c’est avec amour et mission que son pinceau caresse la toile où ne baignent dans sa mélodie que le plaisir du moment et l’élan qui l’emporte.

Avec dextérité et souplesse se profilent ses compositions éthérées et avérées. Solide, ferme, cordial et chaleureux à la fois il colorie et peint ses paysages, ses nus et ses portraits avec autant d’amour que de labeur. Ses aquarelles aériennes, légères et subtiles révèlent, une âme aussi claire que loyale. Ses paysages qui ondulent sous ses huiles entre monts et vallées, collines et plaines dévoilent un esprit aussi vaporeux que valeureux. Ses nus épurés et fluides aspirent autant à l’idéal qu’à la fragilité.


«Il ne faut pas de bruit dans la peinture», a toujours repris Torossian en clignant des yeux pour s’assurer de l’harmonie des couleurs et de la composition. Pour lui, «peindre c’est réfléchir, penser et sentir à la fois». Avec un coup de pinceau affirmé, une sensibilité innée et l’œil instruit du maître, Torossian est un artiste né, poète engagé à la cause de l’art et de la peinture.

Coloriste, poète, cultivé, mélomane Torossian a mérité le titre de Maître avec certitude! Apprécié et estimé autant par ses collègues que ses élèves, il témoigne d’un parcours honoré par la médaille du mérite Mesrob Mashtotz et celle du Mérite nationale libanais de la culture. Il cumule une carrière abondante graduée par de nombreuses expositions tant au Liban qu’à l’étranger. Ses œuvres sont exposées au Liban, en France, en Angleterre, en Arménie, en Italie ainsi qu’aux États-Unis.

Harout Torossian possède cette adresse des grands malgré sa modestie et sera toujours présent dans nos pensées et nos cœurs.

Marie-Thérèse Zouein Tabet
https://www.agendaculturel.com/article/hommage-a-lartiste-harout-torossian
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