Les candidats de gauche, à l'unisson des syndicats d'enseignants, se sont déchaînés jeudi contre la gestion de la crise sanitaire à l'école, un risque pour le "président-candidat" Macron à moins de trois mois du premier tour.
Jean-Luc Mélenchon, représentant de la gauche le plus haut dans les sondages (autour de 10%) s'en est pris avec virulence au ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer: "Il a à moitié démoli l'école, mais a réussi à mettre tout le monde d'accord, c'est pas mal. Un crétin pareil est utile. Il faut laisser leur chance aux bons à rien", a-t-il lancé en marge de la manifestation parisienne.
La socialiste Anne Hidalgo, qui estime que "l'école a été largement abîmée par la politique conduite" par l'exécutif, le communiste Fabien Roussel et l'ex-ministre de François Hollande Christiane Taubira étaient également dans le cortège parisien.
L'écologiste Yannick Jadot, qui estime qu'"il faut changer de ministre pour pouvoir restaurer la confiance", a défilé à Grenoble.
Pour le quasi candidat Macron, toujours donné favori dans les sondages autour de 25% au premier tour, la question de l'éducation, une des priorités de l'électorat de gauche, est primordiale pour élargir sa base électorale.
Pour tenter d'éteindre l'incendie, le Premier ministre Jean Castex recevra les organisations syndicales en fin d'après-midi au ministère de l'Education en présence de Jean-Michel Blanquer. Le ministre de la Santé Olivier Veran, tout juste testé positif au Covid, sera également connecté en visio-conférence.
Près de 38,5% des enseignants sont en grève dans les écoles, selon le ministère de l'Education, tandis que le SNUipp, premier syndicat du primaire, annonce 75% de grévistes. Une école primaire sur deux est restée fermée, selon le syndicat. Dans les collèges et lycées, le chiffre est de 23,7% selon le ministère, et de 62% pour le Snes-FSU, premier syndicat du second degré.
La droite n'est pas en reste pour attaquer l'exécutif.
C'est une grève "contre M. Blanquer et ce gouvernement, leur vision kafkaïenne du protocole sanitaire !", accuse dans Le Parisien le député LR Damien Abad, conseiller Education de la candidate de droite Valérie Pécresse, au coude-à-coude autour de 16% avec la candidate RN Marine Le Pen dans les intentions de vote.
Pour Eric Zemmour, cette mobilisation est "légitime": "le gouvernement fait n'importe quoi et pourrit la vie des enfants d'abord", a déclaré sur France 2 le candidat d'extrême droite (autour de 12% dans les sondages). "Il y a un problème Emmanuel Macron surtout", a renchéri le président par intérim du RN Jordan Bardella.
Dans une gauche divisée entre cinq candidats et pour l'instant absente du second tour, Mme Hidalgo a par ailleurs présenté son programme axé sur 70 mesures devant répondre aux "urgences" sociale, climatique et démocratique.
Elle a aussi assuré qu'elle irait "évidemment" jusqu'au bout de la présidentielle malgré des sondages qui lui accordent entre 2 et 5% des intentions de vote, et même si la primaire populaire prévue du 27 au 30 janvier place en tête la probable future candidate Christiane Taubira, qui devrait se déclarer samedi à Lyon.
Si cette consultation "sert à ajouter une candidature de plus, elle aura quand même loupé son objectif", a observé la maire de Paris.
Le ton monte aussi au sein de l'extrême droite, engagée dans une compétition féroce.
Marine Le Pen "ne peut pas gagner la présidentielle" car "les électeurs de LR ne veulent pas voter pour elle", a répété Eric Zemmour, qui se veut "le seul à faire l'union des droites".
Mercredi, la candidate RN avait accusé son rival de servir de "marchepied" à Mme Pécresse, avant que M. Zemmour ne taxe Mme Le Pen "d'Arlette Laguiller de la droite nationale" avec une "candidature de routine".
"Il faut qu'ils arrêtent avec ces piques", s'est désolé sur Europe 1 Robert Ménard, maire de Béziers et soutien de Marine Le Pen. Ils vont se "retrouver dans une situation où aucun des deux ne sera au second tour et ce sera Mme Pécresse !".
Symptôme des tensions croissantes entre les droites, le président de LR Christian Jacob a enfin saisi la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) pour "utilisation frauduleuse" de fichiers et mis en demeure son ancien numéro 2 Guillaume Peltier après un courrier où celui-ci appelait les adhérents de LR à rejoindre Eric Zemmour.
AFP
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