Les critiques sévères à l’encontre de l’armée libanaise vont bon train depuis l’incident de Kahalé, le 9 août dernier, comme si c’était la troupe qui était responsable de tous les maux dont souffre le Liban. Comme si c’était elle qui transportait des armes illégales. Comme si c’était elle qui menaçait la stabilité du pays en jouant avec le feu au Liban-Sud. Comme si c'étaient les militaires qui empêchaient l’élection d’un président de la République, la formation d’un gouvernement et la mise en place des réformes structurelles vitales pour le pays…
Alors que l’intensité de ces attaques s’était affaiblie au début de la semaine, la convocation, jeudi, par les services de renseignements de l’armée de quatre habitants de Kahalé à une audition en tant que témoins, a suscité une levée de boucliers quasi-populiste. Accusée de ne pas avoir rempli ses fonctions le jour même, de ne pas être à la hauteur de ses responsabilités, d’être faible et complaisante avec la formation pro-iranienne, l’armée devient donc le vilain petit canard, surtout pour certains qui se veulent les défenseurs de la souveraineté et des institutions du pays. Pourquoi toute cette haine? Qu’ont donc fait l’armée et son commandement pour qu’ils soient la cible de cette violence qui, par ailleurs, fait le jeu de l’Iznogoud orange et de son allié jaunâtre pro-iranien au détriment du pays, ou de ce qu’il reste encore d’institutions sur lesquelles les souverainistes pourraient compter.
Pas d’arrestation, uniquement des auditions
Dans l’entourage du commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, on conteste cette exploitation politique populiste. Un proche du commandant a affirmé à Ici Beyrouth que les services de renseignements de l’armée ne font que leur travail d’enquête, et que les quatre personnes convoquées n’allaient pas être arrêtées. «Toutes les personnes visibles dans les vidéos prises au moment des faits, même les membres du Hezbollah, ont été convoquées pour que les autorités puissent écouter leurs témoignages et reconstituer les faits», précise-t-il. Selon des informations obtenues par Ici Beyrouth, trois membres du Hezbollah qui faisaient partie du convoi ont été auditionnés vendredi matin.
Au sujet des accusations selon lesquelles l’armée n’aurait pas rempli ses obligations mercredi dernier, le proche de Yarzé les réfute, soulignant «que ce n’est pas aux soldats de s’occuper d’un accident de la route». Et d’ajouter: «Partant de là, les services de renseignements se sont tout de même rendus sur place pour observer la situation, et ont demandé des renforts lorsque des tensions sont apparues. Cependant, l’échange de coups de feu s’est produit avant l’arrivée des militaires. Une fois sur place, une bousculade a eu lieu avec les habitants parce que certains d’entre eux souhaitaient mettre le feu au camion et aux munitions qui s’y trouvaient.»
Les attaques à l’encontre de l’armée, la seule institution du pays qui, contre vents et marées, a survécu aux destructions du mandat de Michel Aoun, ne peuvent que la fragiliser, et avec elle tout le pays, déjà exsangue. Le populisme visant l’armée ne fera que détruire le Liban au bénéfice du mini-État milicien pro-iranien et de ses alliés qui se réjouissent que certains membres de l’opposition souverainiste discréditent gratuitement la seule bouée des vrais Libanais.
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