Mondiaux d'athlétisme: Noah Lyles étend son règne au 100 m
©L'Américain Noah Lyles célèbre sa victoire en finale du 100 m masculin lors des Championnats du monde d'athlétisme dimanche à Budapest. Antonin Thuillier/AFP
Le bondissant américain Noah Lyles a tenu promesse. Le spécialiste du 200 m a comme annoncé dominé le 100 m des Championnats du monde d'athlétisme à Budapest dimanche avant de tenter un doublé que personne n'a réussi chez les hommes depuis Usain Bolt en 2015.

En 9 sec 83 (vent nul), meilleure performance mondiale de l'année égalée, Lyles a devancé le Botswanais Letsile Tebogo (9.88) et le Britannique Zharnel Hughes (9.88) pour signer le quatrième titre américain consécutif sur la distance, avec quatre athlètes différents (Justin Gatlin, Christian Coleman, Fred Kerley).

Début juin, la légende du sprint Usain Bolt avait pu rencontrer Noah Lyles en Jamaïque à l'issue d'une course, des caméras captant les mots qu'il lui avait glissé à l'oreille: "T'es bon mec, content de te voir. Notre sport a besoin de ça, on a besoin d'une personnalité."

Volontiers showman comme l'était Bolt à sa grande époque, Lyles a réussi dimanche la première étape d'un doublé 100/200 m que le Jamaïcain est le dernier à avoir réussi chez les hommes, en 2015.

"L'année 2022 m'a montré que c'était possible (titré sur 200 m, il s'était essayé au 100 m lors de meetings). J'avais commencé à travailler le 100 m sans que cela n'affecte ma rapidité sur 200 m. Cela m'a permis de me concentrer cette saison sur le 100 m. Et en travaillant le 100 m, je vais améliorer ma première moitié de course sur 200 m", a-t-il détaillé lors de la conférence de presse qui a suivi son titre.

L'Américain de 26 ans a réussi son pari, celui de dominer la spectaculaire ligne droite, après avoir déjà marqué de son empreinte le 200 m dont il est double champion en titre et 3e performeur de tous les temps (19.31 en 2022).

Impeccablement tressé, les ongles peints pour l'occasion, ce dévoreur de mangas a appliqué son schéma de course préférentiel sur 100 m: un départ moins saignant que ses concurrents, mais une superbe vitesse terminale.

"C'était du Noah Lyles tout craché. Je voulais rester au contact jusqu'aux 60 m et ensuite j'avais juste à faire mon truc", a-t-il analysé.

Le sprinteur, à ses heures dessinateur, peintre, ou encore rappeur, s'est épanché ces dernières années sur sa santé mentale chancelante pendant la pandémie de Covid-19.


"Je me sens beaucoup mieux qu'en 2021 et en 2020", a-t-il assuré avant la compétition.

"Je me bats sur la piste"

Enfant, il séjournait régulièrement à l'hôpital pour traiter son asthme, avant d'être soulagé par une opérations des amygdales et des végétations à l'âge de six ans. Dyslexique et victime de troubles de l'attention, il avait du mal à l'école où il redoublait son "first grade ", l'équivalent du cours préparatoire.

"Je me suis battu toute ma vie. Après ma naissance pour sortir de l'hôpital, puis pour sortir de l'école, avec ma dyslexie et mes troubles de l'attention, pour trouver ma propre voie. Maintenant je me bats sur la piste", avait indiqué jeudi cet adepte du "trashtalk" pour chambrer ses adversaires.

Lyles a rendez-vous sur 200 m de mercredi à vendredi (séries, demies puis finale), où il annonce vouloir battre le record du monde de Bolt (19.19 en 2009) avant de disputer le relais 4x100 m en fin de semaine.

Dimanche à Budapest, les demi-finales, disputées un peu moins de trois heures avant le sacre de Lyles, avaient réservé de grosses surprises, avec les éliminations du champion olympique italien Marcell Jacobs, et du champion du monde en titre américain Fred Kerley.

Pépite du sprint mondial, le Botswanais Letsile Tebogo, capable de briller du 100 au 400 m, est devenu à 20 ans le premier Africain à monter sur le podium mondial de la ligne droite.

Derrière lui, le Britannique Zarnel Hughes, originaire d'Anguilla et habitant de la Jamaïque, a enfin concrétisé son potentiel et offert une médaille masculine du 100 m à la Grande-Bretagne, qui l'attendait depuis 20 ans (bronze de Darren Campbell en 2003).

Le Jamaïcain Oblique Séville, a pris la 4e place dans le même centième que Tebogo et Hughes, mais à trois millièmes de seconde du podium, le troisième consécutif du 100 m hommes sans Jamaïcain.
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