À Bzommar (Liban) et Maaret Saidnaya (Syrie), des «signes d’espérance» et des modèles réussis d’un travail en commun, dans un Moyen-Orient en pleine mutation où les Églises catholiques orientales n’ont pas correctement répondu au besoin urgent d’unité.
Plus de 1.400 jeunes au Liban et 1.000 jeunes en Syrie se sont retrouvés dans leurs pays respectifs pour un programme de rencontres calquées sur les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) qui s’étaient tenus à Lisbonne.
Photo tirée de Facebook
Ils étaient environ 1.400 au Liban et plus de 1.000 jeunes en Syrie à répondre à l’appel de la centrale de coordination de leurs différentes églises catholiques et à se retrouver pour un programme de rencontres calquées sur les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) qui se tenaient à Lisbonne. Le rassemblement libanais s’est tenu au couvent des Arméniens catholiques de Bzommar, siège du patriarcat de cette Église, au cœur du pays maronite. Les jeunes qui y participaient étaient hébergés dans quelque treize couvents de la région.
À Maaret Saidnaya, en Syrie, les rassemblements ont eu lieu à l’église Mar Élias (Saint-Élie) et les hébergements dans des couvents alentour.
Les deux rassemblements, qui se sont tenus du 3 au 6 août, premiers du genre dans les deux pays, ont été d’exubérants «signes d’espérance» pour les jeunes qui y ont participé, dans la mesure où ils répondaient à un immense besoin de leur part d’être pris en charge, spirituellement, humainement et économiquement, par leurs églises respectives. Organisés grâce au financement de «Aide à l’Église en détresse» (AED) et «l’Œuvre d’Orient», les deux événements étaient destinés à ceux qui, pour des raisons financières, n’avaient pu réserver leur ticket pour Lisbonne.
«J’en suis sorti émerveillé par la beauté de l’Église du Liban, et par l'engouement des jeunes. Il y avait une immense gratitude de leur part, de savoir que l’Église est toujours proche, qu’elle fait de son mieux pour être à leur côté», affirme Mgr Jules Boutros, coordonnateur des JMJ-Liban au nom de l’Assemblée des patriarches et évêques catholiques au Liban (APECL) et directeur de la pastorale des jeunes de l’Église syriaque catholique.
«J’en sors le cœur gonflé d’espoir», renchérit le père Ra’fat Abou Nasr, joint au téléphone, responsable de la pastorale des jeunes à l’Église grecque catholique, qui a coordonné le rassemblement de Maaret Saidnaya.
Le père Ra’fat Abou Nasr s’adressant aux jeunes lors du rassemblement à Maaret Saidnaya.
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De fait, une joie réelle et un climat de fête ont marqué les deux événements. Pour l’un des jeunes, la concomitance du déroulement du rassemblement de Bzommar avec les JMJ de Lisbonne a fait toute la différence. «C’est ce qui m’a poussé à venir», avoue-t-il.
Un immense sentiment de gratitude pour l’organisation de ce rassemblement était palpable chez tous les participants. AED et l’Œuvre d’Orient en ont assumé les frais. En outre, le programme des deux rassemblements était calqué sur celui de Lisbonne: catéchèses, messes, ateliers, chemin de croix, moments récréatifs, adoration, confessions, veille et messe de clôture. La présence des nonces apostoliques au Liban et en Syrie, Paolo Borgia et Mario Zenari, ainsi que celle des patriarches et évêques ont accentué le sentiment d’être au cœur de l’événement.
Soif d’unité et de fraternité
«Nous avons vu une jeunesse qui a soif d’unité, de fraternité, dans un pays fragmenté jusqu’à l’éclatement par les passions politiques», dit Mgr Jules Boutros.
Mais chez l’évêque le plus jeune du Liban (40 ans), la note n’est pas seulement à l’autosatisfaction. Il y a chez lui une conscience aigüe des insuffisances de la société et des Églises locales pour aider les jeunes à affronter les difficultés auxquelles ils sont confrontés. La crise de l’emploi en est une. La rentrée universitaire, dans un pays que la mauvaise gouvernance et la corruption ont conduit à la faillite, en est une autre. L’effondrement de la monnaie nationale en est une troisième. «Pour certains, dénonce l’évêque, la question est existentielle. Faut-il partir ou rester? Quel avenir nous attend ici? Quelle est le rôle des chrétiens en Orient? Où trouverons-nous les ressources nécessaires pour une vie digne, pour nos inscriptions universitaires, pour des assurances hospitalisation?»
Mgr Jules Boutros coordonnateur des JMJ-Liban au nom de l’Assemblée des patriarches et évêques catholiques au Liban (APECL) et directeur de la pastorale des jeunes de l’Église syriaque catholique.
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Il faut dire que la réponse de l’Église catholique, dans ses diverses déclinaisons orientales, n’est pas brillante. Le père Ra’fat insiste: «Nous sommes une Église, pas des églises.» Il touche là à l’un des points faibles des Églises orientales: leur manque de coordination, leur incapacité à travailler ensemble. Une incapacité que les rassemblements de Bzommar et de Saidnaya démentent avec éclat. Mais ces événements restent des exceptions, alors qu’ils devraient être la règle.
Mgr Jules Boutros résume sobrement la situation: «Nos églises doivent être plus proches des jeunes, dit-il, pastoralement et matériellement. Elles doivent unir leurs efforts. Nous manquons de vision. Je ne la vois pas suffisamment chez les chefs de nos communautés.»
Pour beaucoup, en effet, il est évident que dans un Moyen-Orient en pleine mutation, les Églises catholiques orientales n’ont toujours pas répondu correctement au besoin urgent d’unité.
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