Lorsque Bassil plonge dans une hallucinante mauvaise foi

Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, vit dans un déni absolu, ignorant que sa mauvaise gestion du ministère de l’Énergie prive le pays du courant électrique depuis plusieurs années et que c’est le camp politique auquel il appartient qui paralyse la présidentielle depuis dix mois. Aussi, lors d’une visite à Wadi Kadicha, à l’occasion de l’inauguration du centre de production d’électricité Mar Lichaa, M. Bassil a-t-il fait assumer à ses adversaires politiques la responsabilité de l’obscurité dans laquelle sombre le pays et l’obstruction de la présidentielle.
«Si l’État a échoué à assurer le courant, qu’il laisse le peuple gérer ses affaires», a ainsi déclaré M. Bassil, oubliant que depuis plus de douze ans, le parti qu’il préside détient le portefeuille de l’Énergie. Plus encore, il a totalement omis la bataille qu’il a menée pour faire venir les navires-centrale Orhan Bey et Fatmagul, provoquant un déficit dans les réserves de la Banque du Liban en devises étrangères de plus de 30 milliards de dollars. Quid aussi de sa promesse tenue en 2013, alors qu’il était ministre de l’Énergie, de rétablir le courant 24 heures sur 24 heures dès 2015?
«Si nous échouons à faire approuver la décentralisation administrative, il revient à chaque citoyen et à chaque région de trouver un moyen pour satisfaire leurs besoins, a poursuivi M. Bassil. Ainsi, nous pouvons imposer la décentralisation, sans attendre qu’elle soit approuvée.» Il feint ainsi d’oublier que cette réforme est prévue par l’accord de Taëf, que le mandat de Michel Aoun s’est brillament abstenu de mettre en application.

Se penchant sur le dossier de la présidentielle, M. Bassil a estimé que «l’élection d’un président ne constitue pas à elle seule une solution, puisque la même crise va se reproduire tous les six ans, tant que notre Constitution avait été élaborée pour préserver les composantes du pays, mais maintenant ils veulent nous imposer le président». Gebran Bassil a la mémoire courte. N’est-ce pas le CPL, soutenu par le Hezbollah, qui a de mai 2014 (fin du mandat de l’ancien président Michel Sleiman) à octobre 2016 paralysé le pays tout entier pour assurer l’élection de Michel Aoun à la tête de l’État?
Poursuivant sur sa lancée, il a appelé à «faire élire le chef de l’État directement par le peuple ou à ne plus prendre pour prétexte l’affaire du quorum pour saboter l’élection du président». Une fois de plus, M. Bassil occulte le fait que c’est le camp auquel il appartient qui a, au cours des quatorze séances parlementaires consacrées à l’élection d’un président, provoqué le défaut de quorum.
Le chef du CPL a saisi l’occasion de sa visite à Qadicha pour revenir à la charge et insister pour la énième fois sur la décentralisation administrative et la création du fonds fiduciaire, afin de monnayer son changement d’attitude vis-à-vis du candidat du Hezbollah à la présidence, en l’occurrence le chef des Marada, Sleiman Frangié.
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