Le Rijksmuseum d'Amsterdam invite à une plongée en très haute résolution dans La Ronde de nuit (The Night Watch), le chef d’œuvre de Rembrandt, datant de 1642 qui représente le portrait de groupe d’une compagnie de mousquetaires formant une milice bourgeoise sous le commandement de Frans Banning Cocq. Cette incroyable version a été mise en ligne et elle est désormais disponible sur le site Web du musée depuis le 3 janvier 2022. Autant dire que c’est une première dans l’histoire de l’art.
Vous ne verrez jamais un tableau de si près. Il s’agit d’une version entièrement numérisée avec un fascinant niveau de précision. Chaque centimètre des 15,86 m2 de l'œuvre a été photographié avec une résolution de 100 mégapixels, 8439 clichés ont ensuite été assemblés au moyen de l’intelligence artificielle pour former une grande image d’une résolution totale de 717 milliards de pixels ou 717 gigapixels (quatre fois plus nette que la photographie que le Rijksmuseum avait publié sur son site Web en mai 2020), ce qui en fait la plus grande image numérique d’une œuvre d’art jamais réalisée.
Pour la circonstance, le musée a monté une équipe de recherche baptisée «Operation Night Watch». Cette équipe travaille au Rijksmuseum depuis deux ans et demi cartographiant La Ronde de nuit en utilisant les techniques d’imagerie et la technologie informatique les plus avancées. Les travaux se déroulent dans une chambre en verre transparent conçue pour permettre au public visiteur de suivre le processus.
Ce tableau, une commande d’ailleurs de Frans Banning Cocq lui-même, est notamment connu pour s'assombrir inexorablement avec le temps, en raison d'un apprêt au bitume de Judée, d'où le nom de La Ronde de nuit qui lui a été donné au XIXe siècle. Mais il faut dire aussi que son histoire est loin d’être commune: en trois siècles et demi d’existence, l’œuvre a connu plusieurs déménagements, a échappé aux nazis et a fait l’objet d’une attaque au couteau en 1975. Un des moments forts de cette histoire fut le découpage de ses pans en 1715 lors de son déménagement du siège de la milice bourgeoise à l'Hôtel de ville d'Amsterdam. On ne parvenait pas à le faire passer par la porte. Il fut donc simplement découpé sur les côtés. Pour la première fois donc depuis trois cents ans, La Ronde de nuit de Rembrandt est présentée dans ses dimensions originelles dans la Galerie d’honneur du Rijksmuseum d'Amsterdam. La toile a été reconstituée dans son intégralité par l'équipe du musée dans le cadre de l'opération Ronde de nuit à l’aide d’une copie attribuée à Gerrit Lundens (1622-1686) et exécutée vers 1642-1655. Elle révèle une composition plus dynamique dans laquelle les deux personnages principaux que l’on voit au premier plan, Frans Banning Cocq et son lieutenant Willem van Ruytenburch, sont décalés vers la droite. Elle révèle également des personnages qui n’étaient pas présents dans la version accessible. On estime que ce travail de numérisation produit des données très importantes devant permettre une meilleure compréhension du processus de création en général et chez Rembrandt en particulier. Elle va également permettre de suivre l'altération de l'œuvre au fil du temps et de prévoir des traitements préventifs.
Aujourd’hui, coups de pinceau, minuscules fissures à la surface de l’œuvre et petites particules de pigment sont visibles sur le dispositif offert sur le site du musée. Ils donnent à voir la technique de Rembrandt en même temps que la fine restauration de la toile après qu’elle a été lacérée en 1975 avec un couteau.
Relevant à la fois de la technologie avancée, de la conservation du patrimoine, de la recherche en histoire de l’art et de l'action éducative, ce travail de mapping rejoint, de par sa vocation essentiellement démocratique, certaines pratiques immersives très en vogue ces dernières années. On se souvient du succès de l’Atelier des Lumières avec une exposition numérique proposant une immersion dans les toiles de Van Gogh qui a séduit grands et petits. Ces pratiques interviennent à un moment où la «culture pour tous» ou «culture de tous» fait débat. Mettant le grand public au centre du dispositif, ou à portée d’un clic comme dans le cas du projet «Ronde de nuit», ces pratiques consensuelles, en dehors du champ de la critique, parce que fondamentalement éducatives, sont une réponse à une diversité culturelle devenue, sur certains points, problématique. Elles constituent l’un des symptômes de notre contemporanéité. La particularité du travail effectué au sein du Rijksmuseum toutefois est qu’au-delà de la dimension sans doute spectaculaire, et en plus de son intérêt patrimonial et éducatif qui n’est pas à mettre en doute, l’outil développé est également un outil de recherche, tant dans le champ de l’histoire de l’art que dans celui du patrimoine. Allez sur le site, votre promenade vaut le détour.
Vous ne verrez jamais un tableau de si près. Il s’agit d’une version entièrement numérisée avec un fascinant niveau de précision. Chaque centimètre des 15,86 m2 de l'œuvre a été photographié avec une résolution de 100 mégapixels, 8439 clichés ont ensuite été assemblés au moyen de l’intelligence artificielle pour former une grande image d’une résolution totale de 717 milliards de pixels ou 717 gigapixels (quatre fois plus nette que la photographie que le Rijksmuseum avait publié sur son site Web en mai 2020), ce qui en fait la plus grande image numérique d’une œuvre d’art jamais réalisée.
Pour la circonstance, le musée a monté une équipe de recherche baptisée «Operation Night Watch». Cette équipe travaille au Rijksmuseum depuis deux ans et demi cartographiant La Ronde de nuit en utilisant les techniques d’imagerie et la technologie informatique les plus avancées. Les travaux se déroulent dans une chambre en verre transparent conçue pour permettre au public visiteur de suivre le processus.
Ce tableau, une commande d’ailleurs de Frans Banning Cocq lui-même, est notamment connu pour s'assombrir inexorablement avec le temps, en raison d'un apprêt au bitume de Judée, d'où le nom de La Ronde de nuit qui lui a été donné au XIXe siècle. Mais il faut dire aussi que son histoire est loin d’être commune: en trois siècles et demi d’existence, l’œuvre a connu plusieurs déménagements, a échappé aux nazis et a fait l’objet d’une attaque au couteau en 1975. Un des moments forts de cette histoire fut le découpage de ses pans en 1715 lors de son déménagement du siège de la milice bourgeoise à l'Hôtel de ville d'Amsterdam. On ne parvenait pas à le faire passer par la porte. Il fut donc simplement découpé sur les côtés. Pour la première fois donc depuis trois cents ans, La Ronde de nuit de Rembrandt est présentée dans ses dimensions originelles dans la Galerie d’honneur du Rijksmuseum d'Amsterdam. La toile a été reconstituée dans son intégralité par l'équipe du musée dans le cadre de l'opération Ronde de nuit à l’aide d’une copie attribuée à Gerrit Lundens (1622-1686) et exécutée vers 1642-1655. Elle révèle une composition plus dynamique dans laquelle les deux personnages principaux que l’on voit au premier plan, Frans Banning Cocq et son lieutenant Willem van Ruytenburch, sont décalés vers la droite. Elle révèle également des personnages qui n’étaient pas présents dans la version accessible. On estime que ce travail de numérisation produit des données très importantes devant permettre une meilleure compréhension du processus de création en général et chez Rembrandt en particulier. Elle va également permettre de suivre l'altération de l'œuvre au fil du temps et de prévoir des traitements préventifs.
Aujourd’hui, coups de pinceau, minuscules fissures à la surface de l’œuvre et petites particules de pigment sont visibles sur le dispositif offert sur le site du musée. Ils donnent à voir la technique de Rembrandt en même temps que la fine restauration de la toile après qu’elle a été lacérée en 1975 avec un couteau.
Relevant à la fois de la technologie avancée, de la conservation du patrimoine, de la recherche en histoire de l’art et de l'action éducative, ce travail de mapping rejoint, de par sa vocation essentiellement démocratique, certaines pratiques immersives très en vogue ces dernières années. On se souvient du succès de l’Atelier des Lumières avec une exposition numérique proposant une immersion dans les toiles de Van Gogh qui a séduit grands et petits. Ces pratiques interviennent à un moment où la «culture pour tous» ou «culture de tous» fait débat. Mettant le grand public au centre du dispositif, ou à portée d’un clic comme dans le cas du projet «Ronde de nuit», ces pratiques consensuelles, en dehors du champ de la critique, parce que fondamentalement éducatives, sont une réponse à une diversité culturelle devenue, sur certains points, problématique. Elles constituent l’un des symptômes de notre contemporanéité. La particularité du travail effectué au sein du Rijksmuseum toutefois est qu’au-delà de la dimension sans doute spectaculaire, et en plus de son intérêt patrimonial et éducatif qui n’est pas à mettre en doute, l’outil développé est également un outil de recherche, tant dans le champ de l’histoire de l’art que dans celui du patrimoine. Allez sur le site, votre promenade vaut le détour.
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