Amos Hochstein, conseiller principal du président américain Joe Biden, est arrivé au Liban mercredi, un jour avant l’arrivée prévue du ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, à Beyrouth. C’est une coïncidence incroyable que les deux visites aient lieu quelques heures avant que le Conseil de sécurité des Nations unies ne renouvelle le mandat de la Force de maintien de la paix au Liban-Sud qui expire le 31 août.
L’ambassade américaine a annoncé la visite de M. Hochstein les 30 et 31 août dans un communiqué qui souligne qu’il était en mission pour «pour faire le suivi de l’accord historique sur la frontière maritime signé en 2022». L’envoyé américain devrait mener un sondage auprès des responsables libanais pour évaluer les chances d’engager des négociations concernant la délimitation de la frontière terrestre avec Israël.
La concordance des visites d’Amos Hochstein et de Hossein Amir-Abdollahian soulève des questionnements. Le Liban est-il utilisé comme «une boîte aux lettres» par les deux ennemis?
Après un petit-déjeuner ensoleillé en compagnie de l’ambassadrice des États-Unis, Dorothy Shea, dans un café donnant sur la Méditerranée, Amos Hochstein a entamé sa mission en rencontrant le président du Parlement, Nabih Berry, ainsi que le Premier ministre sortant, Najib Mikati.
M. Hochstein qualifie son entretien à Ain el-Tineh avec M. Berry d’«excellent» et de «constructif». Pour sa part, Nabih Berry a remercié M. Hochstein «pour ses efforts, qui ont permis de lancer le processus d’exploration d’hydrocarbures dans le bloc 9» [limitrophe d’Israël, NDLR], soulignant que le Liban «s’engage à maintenir la stabilité (à la frontière sud)».
Le journal pro-Hezbollah Al-Akhbar rapporte mercredi que le conseiller américain propose une nouvelle médiation visant à finaliser le dossier de la frontière terrestre entre le Liban et Israël et «souhaite que cela se fasse rapidement».
Le journal ajoute également que M. Mikati réaffirme la position du Liban, selon laquelle la frontière sud du pays avait déjà été délimitée bien avant la création d’Israël, notamment par la Grande-Bretagne et la France, les puissances coloniales en Palestine et au Liban respectivement.
Quant au ministre iranien des Affaires étrangères, attendu normalement à Beyrouth mercredi, il a dû retarder sa visite d’un jour, la précédant d’une escale à Damas. Une source proche du Hezbollah note que la visite est d’une «grande importance», puisqu’elle intervient à la suite de la visite de M. Abdollahian en Arabie saoudite.
Selon cette même source, «il ne fait aucun doute que des dossiers clés concernant les derniers développements en Syrie [manifestations anti-régime, NDLR] et dans la région en général, ainsi que les progrès au niveau de l’accord saoudo-iranien, l’accord d’échange de prisonniers entre les États-Unis et l’Iran et la situation au Liban seront abordés lors des entretiens prévus».
Et d’ajouter: «Il est clair que les Iraniens sont très actifs dans la région. Habituellement, chaque fois qu’on assiste à des évolutions importantes à l’échelle régionale, les Iraniens informent leurs alliés de ce qui se passe.»
Le ministre iranien pourrait proposer deux options différentes, selon le proche de la milice pro-iranienne: «Soit les Iraniens pousseraient vers une solution au Liban, soit ils consulteraient leurs alliés sur la manière de faire face aux pressions qui pèsent sur la région.»
Et de conclure sur la concordance des deux visites: «Ce n’est qu’une coïncidence. Les Américains et les Iraniens négocient de toute façon, que ce soit directement ou indirectement.»
Après plus de deux ans de négociations à huis clos, les États-Unis et l’Iran ont conclu début août un accord d’échange de prisonniers qui, une fois mis en œuvre, permettrait la libération de cinq citoyens américano-iraniens emprisonnés en Iran en échange de la libération de plusieurs Iraniens détenus aux États-Unis et de l’accès à des milliards de dollars de fonds gelés.
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