Décès suspect d'un manifestant iranien en prison
Des organisations de défense des droits humains ont demandé une enquête sur le décès en prison de Javad Rouhi, un Iranien arrêté lors des manifestations de l'année dernière. Les rapports suggèrent qu'il aurait été victime de tortures atroces en détention.

Des organisations des droits humains ont réclamé vendredi l'ouverture d'une enquête sur la mort en prison d'un Iranien, arrêté lors des manifestations de l'an dernier, affirmant qu'il avait été "horriblement torturé".

Javad Rouhi, 31 ans, a été arrêté en septembre 2022 à Nowshahr, dans la province septentrionale de Mazandaran, lors des vastes manifestations qui ont éclaté suite à la mort de Mahsa Amini, arrêtée pour avoir prétendument enfreint les règles vestimentaires strictes imposées aux femmes.

Il avait été reconnu coupable deux mois plus tard et condamné à mort. Sa peine avait été ensuite annulée et un nouveau procès ordonné.

Human Rights Watch (HRW) affirme qu'il a été "horriblement torturé" après son arrestation, et qu'il était décédé "dans des circonstances suspectes" le 31 août 2023.

Iran Human Rights, basé en Norvège, a confirmé à son tour qu'il était mort "dans des circonstances suspectes".

Le site d'information Mizan Online, agence de l'autorité judiciaire du pays, a rapporté qu'il était décédé jeudi "des suites d'une crise cardiaque en prison" à Nowshahr.

"Le terrible bilan des autorités pénitentiaires iraniennes en matière de torture et de mauvais traitements rend la mort de Javad Rouhi en détention plus que suspecte", a déclaré Tara Sepehri Far, chercheuse sur l'Iran à HRW.


"Une enquête internationale est nécessaire, car il n'y a aucune raison de croire que les autorités iraniennes mèneront une enquête transparente".

Selon HRW, qui cite une source bien informée, il a été torturé pendant sa détention, notamment en étant exposé à des températures glaciales et par des glaçons placés sur les testicules et d'autres parties de son corps durant des périodes de 48 heures.

"Les gardiens l'ont également sévèrement battu avec des matraques, l'ont fouetté sur le corps et sur la plante des pieds, alors qu'il était attaché à un poteau", ajoute le communiqué.

Le directeur d'IHR, Mahmood Amiry-Moghaddam, a déclaré que la mort de Javad Rouhi devait faire l'objet d'une enquête pour "exécution extrajudiciaire en prison" par la mission de l'ONU mise en place pour enquêter sur les violations des droits de l'homme commises lors de la répression des manifestations.

La mission "devrait enquêter sur tous les actes de torture et tous les décès en détention liés aux manifestations en Iran", a déclaré Tara Sepehri Far. "Malheureusement, le cas de Javad Rouhi n'est que le dernier en date".

Les manifestations se sont désormais largement apaisées, malgré quelques éclats sporadiques, après une répression qui a vu des milliers d'arrestations selon l'ONU, et des centaines de manifestants tués par les forces de sécurité, selon des militants.

Javad Rouhi a été condamné à mort pour "corruption sur terre", pour "avoir dirigé un groupe d'émeutiers", "avoir incité les gens à créer l'insécurité" et pour "apostasie en brûlant des Corans", avait déclaré en janvier Mizan.

Marie de La Roche Saint-André, avec AFP
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