Venise: Polanski absent, son producteur invoque la «liberté artistique»

Le dernier film du réalisateur controversé Roman Polanski, intitulé The Palace, a été projeté ce samedi à la Mostra de Venise, en l’absence notable du cinéaste. L’occasion a été saisie par le producteur du film, Luca Barbareschi, pour défendre vigoureusement la notion de «liberté artistique».
L’action se déroule dans un hôtel de luxe à Gstaad, en Suisse, pendant la soirée festive du Nouvel An 2000. The Palace apparaît comme une comédie critiquant les excès et les absurdités de son époque. Le film, mettant en vedette des acteurs de renom comme Fanny Ardant et Mickey Rourke, dresse un portrait hyperbolique de personnages très divers: oligarques russes, milliardaires insupportables, cliente nymphomane et plombier lubrique. Le scénario incorpore même une intrigue secondaire où un chien finit par s’accoupler avec un pingouin.
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Malgré son budget considérable de 21 millions d’euros, le film a reçu un accueil glacial et gêné lors de sa projection presse. Les critiques soulignent qu’il est très éloigné des œuvres phares de Polanski, notamment le film sur la Shoah Le Pianiste et le classique de l’horreur Rosemary’s Baby.
L’absence de Polanski à la Mostra de Venise, l’un des festivals les plus anciens et les plus prestigieux du monde, ajoute une couche de symbolisme complexe à l’événement. À 90 ans, le cinéaste est devenu un symbole d’impunité à l’ère du mouvement #MeToo, vivant en Europe loin de la justice américaine depuis plus de quatre décennies. Il a été déclaré persona non grata à Hollywood et a vu sa réputation sérieusement entachée en France, notamment après avoir reçu le César de la meilleure réalisation pour J’accuse en dépit de nouvelles allégations d’agression sexuelle.

La sélection de Polanski, ainsi que d’autres figures ostracisées d’Hollywood comme Woody Allen et Luc Besson, est perçue par certains comme une provocation. Alberto Barbera, le directeur de la Mostra, a défendu cette décision en soulignant la nécessité de «distinguer l’homme de l’artiste».
Barbareschi, le producteur italien du film, a renchéri sur ce point. «Nous vivons dans le présent et, ce qui compte maintenant, c’est la liberté. Il ne devrait pas y avoir de jugement moral dans l’art», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. «La Mostra doit être un lieu d’expérimentation, de provocation et de liberté d’expression pour les artistes.»
Malgré la controverse, Barbareschi a révélé que The Palace a été un film «difficile» à produire, mais qu’il a déjà été vendu dans plusieurs pays, dont l’Italie, l’Espagne, Israël et la Belgique. Cependant, le film n’a pas encore trouvé de distributeurs en France ou aux États-Unis – une source de frustration pour le producteur. Il s’interroge sur le paradoxe des plates-formes de streaming comme Paramount, Amazon, Studiocanal et Netflix qui continuent de tirer des profits des anciens films de Polanski tout en se détournant de ses nouvelles productions.
Dans un autre registre, l’acteur et réalisateur Bradley Cooper a été notablement absent de la Mostra en raison d’une grève historique des acteurs et scénaristes aux États-Unis. Son film Maestro, qui explore la vie du célèbre compositeur et chef d’orchestre Leonard Bernstein, en mettant l’accent sur son homosexualité et sa relation tumultueuse avec son épouse, demeure l’une des entrées les plus attendues du festival.
Avec AFP
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