Geagea refuse le dialogue avec une «équipe criminelle»

Le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, n’y est pas allé par quatre chemins: pas de président du Hezbollah à Baabda et pas de dialogue avec l’axe obstructionniste criminel, responsable de l’effondrement du pays, des assassinats politiques, de l’isolement du Liban sur la scène arabe et internationale et du blocage des institutions politiques et judiciaires. Et M. Geagea d’assurer qu’il ira jusqu’au bout dans la confrontation: «Nous ne nous soumettrons pas, nous ne faiblirons pas, nous ne ferons pas de compromis et nous n'aurons pas peur. Nous continuerons de nous battre.»
Lors de la messe annuelle à l’intention des martyrs de la Résistance libanaise, parrainée par le patriarche maronite Béchara Raï et organisée par les Forces libanaises (FL) le premier dimanche de septembre à Meerab, le leader des FL, Samir Geagea, a affirmé que son parti refuse de dialoguer avec l’axe obstructionniste ("Moumanaa") du Hezbollah, une «équipe criminelle d'élite». Et M. Geagea d’ajouter: «L'assassinat d'Elias Al-Hasrouni est un indicateur du dialogue que l'axe obstructionniste promet.» Il a rappelé sur ce plan les assassinats de Rafic Hariri, Bassel Fleyhane, Georges Haoui, Samir Kassir, Gebrane Tuéni, Walid Eido, Mohammed Chatah, Wissan Eid, Wissan Hassan, Antoine Ghanem et Lokman Slim. "Ils nous demandent de nous asseoir aux côtés du Hezbollah, mais qui plus que Rafic Hariri s'est assis au côté du Hezbollah"?, a lancé M. Geagea.

Dernier martyr des FL à être tombé, Elias Hasrouni, responsable de la région de Bint Jbeil au sein du parti, enlevé puis tué le 2 août dernier dans une embuscade perpétrée au Liban-Sud, région sous l’emprise totale de la milice pro-iranienne.

M. Geagea a affirmé dans ce cadre que l'assassinat d'Elias Hasrouni a été un acte "prémédité".  Et de poursuivre: «L’axe obstructionniste est un axe criminel! Qu’a fait Elias Hasrouni pour qu’ils le tuent? Il n’a fait qu’empêcher le Hezbollah d'agir comme bon lui semble à Aïn Ebel et c’est pour cela qu’ils l’ont tué. C’est cela l’axe de la Moumanaa et le Hezbollah, ils font ce que bon leur semble en violation des lois et de la Constitution.»
«Vous n’êtes pas verts sans frontières, vous êtes noirs sans frontières, et nous serons la confrontation sans frontières!» a martelé Samir Geagea, dans une allusion à l’organisation non gouvernementale «Vert sans frontières» sanctionnée par les États-Unis et qui, sous couvert d’activisme environnemental, soutient les opérations du Hezbollah au Liban-Sud.

«A Baabda, ils n’entreront pas»

Concernant le blocage de l’élection présidentielle, le chef des FL a critiqué les appels au dialogue, soulignant que c’est un moyen pour le camp obstructionniste d’imposer son projet. «Pourquoi appellent-ils au dialogue uniquement lorsque l'élection présidentielle approche?» s’est-il interrogé. «Pourquoi peut-on élire le président de la Chambre normalement, mais pour l’élection du président de la République, il faut dialoguer? Tout simplement parce qu’ils sont incapables de faire élire leur candidat et nous n’allons pas nous suicider en nous soumettant au Hezbollah. A Baabda [palais présidentiel, NDLR], ils n’entreront pas.»
Samir Geagea a par ailleurs critiqué le marchandage entre le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, et le Hezbollah. «Malgré toutes les atrocités commises par l'axe de la Moumanaa, certains essaient toujours de conclure des accords avec lui, comme si rien n'avait changé, comme si personne n’était mort» a souligné le chef des FL. Pour rappel, Gebran Bassil avait reconnu début août qu’il était en pleine négociation avec le Hezbollah autour de la présidentielle – dans le même esprit que l’accord de Mar Mikhaël de 2006. Un marchandage qui pourrait le pousser, s’il obtient satisfaction au niveau  de ses demandes, à lâcher l’opposition qui soutient la candidature de l’ancien ministre Jihad Azour, devenu son propre candidat le 4 juin, pour soutenir peut-être celle du chef des Marada, Sleiman Frangié, qu’il s’était pourtant juré de ne pas laisser accéder à Baabda.

Le leader FL a par ailleurs souligné que «le Liban ne peut être sauvé sans une opposition vaste, claire, inflexible, et qu'il n'y a pas de salut sans un processus de sauvetage bien défini et sans un président souverain». Et M. Geagea de marteler à l’adresse des indécis: «Ces politiciens nous rappellent le syndrome de Stockholm: un déni total de la réalité, justifiant leur position en prétendant être en dehors des alignements politiques. Mais de quels alignements parlent-ils? Aujourd'hui, vous devez choisir le Liban que vous voulez: le Liban de la drogue, de la contrebande, de la corruption, de l’ignorance, de la pauvreté, de la régression, de la pénurie, ou bien le Liban message, celui de la culture, de la civilisation, du progrès, du développement, de l'abondance chanté par des écrivains, des poètes et des peuples du monde entier?  Vous voulez le Liban qui entretient des relations cordiales avec les pays du Golfe et le monde arabe, ou bien un Liban isolé sur la scène arabe et internationale ? Nous ne demandons pas l'impossible, nous voulons simplement vivre comme tous les autres êtres humains, dans un État réel, débarrassé de la corruption, un État qui assume ses responsabilités et empêche notre destin d'être entre les mains d'acteurs obscurs et criminels en dehors de l'État, de la Constitution et de la loi.»
S'adressant aux «amis du Liban à l'étranger, en particulier ceux qui ont une longue histoire de démocratie, de liberté, de droits de l'homme et d'un État fonctionnel avec des institutions bien gérées», en d’autres termes la France, Samir Geagea a implicitement critiqué les initiatives de l’équipe du président Macron, quelques jours avant le retour de son envoyé spécial, Jean-Yves le Drian. Il a souligné qu'il s'attendait à voir ces "amis du Liban" (allusion aux dirigeants français) aider la majorité des Libanais "qui partagent les mêmes valeurs", à construire un État et des institutions réels au Liban». Et le leader FL de poursuivre: «Nous ne nous attendions pas à ce qu’ils suivent l'autre camp et ses leurres, ses compromissions, du style un président contre un Premier ministre, en enfreignant parfois la Constitution et les règles du jeu démocratique réel, en contournant le Parlement à travers des accords secondaires trompeusement appelés “dialogue”. Ces leurres ont été à l'origine de la destruction du Liban durant ces dix dernières années.»
Le chef des Forces libanaises a également assuré qu’il ira jusqu’au bout dans la confrontation avec le Hezbollah et le camp obstructionniste: «Nous ne nous soumettrons pas, nous ne faiblirons pas, nous ne ferons pas de compromis et nous n'aurons pas peur. Nous continuerons de nous battre. «Nous sommes prêts à supporter le vide pendant des mois et nous n'accepterons rien de moins qu'un président qui incarne, même dans une certaine mesure, nos convictions et nos aspirations, à la hauteur de la mission de sauvetage dont le pays a besoin.»

Public souverainiste
L’office religieux a débuté à 17h30, au siège du parti à Meerab, devant un parterre de partisans FL, plus particulièrement de très nombreux jeunes et plus d'une centaine de scouts FL,  parallèlement à différentes personnalités politiques, notamment de l’opposition souverainiste.
Etaient présents: le député Salim Sayegh représentant l’ancien président Amine Gemayel, le député Marwan Hamadé représentant le bloc parlementaire du Parti socialiste progressiste, le député Sajih Attié représentant le bloc de «la modération nationale», le député Elias Hankache représentant le chef du parti Kataëb, Sami Gemayel, le député Nadim Gemayel et l’ancien ministre Alain Hakim représentant le parti Kataëb, les députés du bloc «Renouveau» Achraf Rifi, Michel Moawad, Fouad Makhzoumi et Adib Abdel Massih, le député Ghassan Skaff, le président du Parti national libéral, le député Camille Chamoun, ainsi que tous les députés du bloc parlementaire des FL, le colonel Tony Moawad représentant le commandant en chef de l'armée, le général Joseph Aoun, et le colonel Jean Awad représentant le directeur général des Forces de sécurité intérieure, le général Imad Othman.
La cérémonie a été en outre marquée par un important déploiement de forces.
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