L’ambassadeur d’Arabie saoudite au Liban, Walid Boukhari, a insisté une fois de plus sur la nécessité d’élire, sans tarder, un président de la République dans les plus brefs délais et estimé que nul ne devrait imposer ses conditions aux Libanais.
Le diplomate a tenu ces propos lors d’une visite au patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, à Dimane, lundi.
L’importance de la visite réside dans le fait qu’elle intervient au lendemain de l’homélie au cours de laquelle le patriarche a demandé aux députés de répondre favorablement à l’invitation du président du Parlement, Nabih Berry, à un dialogue national qui s’étalerait sur sept jours, pour essayer de dégager une entente autour d’un candidat à la présidentielle.
Il est intéressant de relever, dans ce contexte, qu’à aucun moment dans sa déclaration à la presse, M. Boukhari n’a évoqué la question du dialogue.
Celui-ci est, comme on le sait, farouchement rejeté par l’opposition, qui accuse le Hezbollah de chercher, à travers le dialogue, à imposer ses conditions pour la présidentielle, afin de garantir l’accession à la tête de l’État d’un candidat proche de la Moumanaa (axe Iran-Syrie-Hezbollah). L'opposition reproche à Nabih Berry d'avoir ainsi tenté de contourner la Constitution, car le seul rôle des députés, conformément à la Loi fondamentale, est d’élire un président, suivant un mécanisme très précis, plutôt que de s’engager dans des dialogues incertains.
Dans un communiqué publié au terme de l’entretien qui a duré près d’une heure, l’ambassade d’Arabie saoudite a affirmé que «la tenue de l'élection présidentielle dans les plus brefs délais est impérative, afin que cette échéance puisse contribuer au sauvetage du Liban, à la réunification des Libanais et à la consolidation des relations du pays avec son environnement arabe».
Le troisième élément envoie un message indirect important, rappelant la position de Riyad qui continue de s'opposer à l’accession à la tête de l’État d’un président proche de la Moumanaa. L’Arabie saoudite a déjà fait savoir qu’elle n’interviendrait pas dans la présidentielle au Liban, mais a souvent laissé entendre que le choix des Libanais déterminerait l’avenir des relations entre Beyrouth et Riyad.
Selon le porte-parole du patriarcat, Walid Ghayad, M. Boukhari a «fait part au patriarche du souci du Royaume de voir la stabilité, la Constitution et l’accord de Taëf préservés» au Liban. Riyad redoute que le dialogue auquel le tandem chiite appelle ne soit un prétexte pour poser sur la table la question de l’amendement de l’accord de Taëf, auquel le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déjà fait allusion, lorsqu’il avait préconisé, il y a quelques mois, un «développement» du système né de cet accord qui avait mis fin à la guerre au Liban. C’était en mai dernier. Hassan Nasrallah avait cependant estimé que cela ne pouvait se faire sans une entente entre les Libanais.
Toujours selon le porte-parole de Dimane, l’ambassadeur Walid Boukhari a aussi insisté sur le fait que «personne ne devrait imposer ses conditions aux Libanais», dans une allusion à peine voilée aux conditions que le tandem Amal-Hezbollah essaient d’imposer pour l’élection d’un président.
L’Arabie saoudite, rappelle-t-on, fait partie, avec la France, le Qatar, les États-Unis et l’Égypte, du groupe des cinq pays qui suivent le dossier de la présidentielle.
Les cinq avaient tenu une réunion à Doha en juillet dernier, en présence de l’envoyé spécial du président français pour le Liban, Jean-Yves Le Drian, qui leur avait exposé les résultats de la première phase de sa mission diplomatique au Liban.
Au cours de cette réunion, l’Arabie saoudite ainsi que d’autres pays, notamment les États-Unis et l’Égypte, avaient exprimé leur opposition à la tenue d’un dialogue autour de la présidentielle, en raison des risques politiques liés à cette initiative, à un moment où l’axe pro-iranien semblait prêt à tout pour maintenir son emprise sur le pays.
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