Qui sont-ils ces gardiens de notre mémoire ? Ces traqueurs de l’hier ? Ces traceurs du temps ? Qu’est-ce qui les anime tant ? Portraits hauts en couleurs de ces amoureux du noir et blanc.
Tout a commencé lorsque Carole apprend que son arrière-grand-père André Terzis était éditeur de cartes postales. Elle décide alors d’en acheter quatre sur un site aux enchères pour les offrir à ses deux enfants. Mais comme souvent dans ces cas, le démon de la collectionnite s’empare sans pitié de ses victimes et la quête va donc commencer. Une quête qui ne laissera aucun répit à la jeune femme, exilée au Canada et qui garde bien présents dans son cœur et son âme les souvenirs du Liban de son enfance.
Carole Truszkowski est née au Liban d’un père polonais et d’une mère de la famille Tarazi. Elle partage alors avec son père, vrai amoureux de son pays d’adoption, les promenades et les découvertes. Il faisait bon vivre chez nous en ces temps-là et les beaux jours succédaient aux beaux jours. Après des études chez les Franciscaines et un diplôme de commerce, elle collabore avec l’architecte d’intérieur Sami el-Khazen dans sa galerie et plus tard à la Maison Rose avec Cheikha Margot.
Mais le gong du départ sonne en 1980 et c’est mariée Tabib qu’elle quitte le pays à 25 ans pour l’Arabie saoudite et puis le Canada où elle vit aujourd’hui. Mais on n’oublie pas facilement les arômes du bonheur et du pays de naissance. Et c’est dans les cartes postales qu’elle va trouver de quoi satisfaire cette nostalgie qui ne veut rien lâcher.
Ce sera d’abord celles que Terzis éditait dans les magasins de Beyrouth, Jérusalem et Damas mais en surfant sur le net et sur les multiples sites de vente, en visitant des salons spécialisés, Carole tombe sur des pépites. Sa curiosité devient vite passion et sa passion une vraie collection. Elle cite, comme pour se défendre, Fouad Debbas qui disait des collectionneurs de cartes postales : « C’est une science, c’est un art, une fantaisie et moi je dis c’est une passion sans fin. »
Le Liban, mais aussi la Syrie, la Palestine, l’Asie Mineure dans son ensemble, les cartes d’éditeurs comme Sarrafian, la Poste Française, Dakouni, Estel, Michel David, des collections personnelles comme celles de Albert Mizrahi, de Georges Haddad, Carole est sans arrêt en chasse. Face à des enchères souvent féroces. Surtout depuis les derniers événements au Liban. Comme si chaque Libanais ici ou ailleurs voulait retenir un tant soit peu ce pays qui va à la dérive. Tôt le matin et tard le soir, il s’agit de ne pas les louper ces petits morceaux du Liban, autant de souvenirs ranimés, autant de trésors retrouvés d’un paradis perdu.
Près de 6000 cartes, une série importante sur tous les hôtels du Liban, une autre sur les personnages, la vie quotidienne dans les montagnes mais aussi des livres, des objets et même des costumes des temps jadis. Chaque carte postale donne lieu à des recherches, et chaque recherche aboutit à des découvertes. L’évolution des lieux, des paysages, des coutumes, des mœurs, Carole est intarissable. « Il y a Mon Liban dans ma collection ». Celui qu’elle a envie de nous montrer à travers ces cartes choisies parmi toutes. Laissons-là nous raconter.
« Jeune fille du Liban coiffée du tantour (éditeur André Terzis). Une des cartes de Terzis que je préfère, la douceur du visage et du regard de cette fille m’ont charmée. Son costume, ses bijoux et le tantour sont superbes. En voyant les cartes postales des personnages, j’ai aimé acheter aussi sur les sites de ventes aux enchères des vestes, robes de chambre en brocart faits par André Terzis & Fils. La dernière robe de chambre pour homme, fond bleu nuit avec des cèdres du Liban turquoise. Ces pièces en brocart étaient achetées dans les magasins Terzis par des touristes visitant le Liban ou Jérusalem, je les ai achetés sur le EBay des États-Unis. »
« Beyrouth - quartier Franchet D’Esperey et quartier Pétain (1936) (éditeur Janto). Noms des généraux français donnés à ces casernes militaires (casernes de militaires français durant le mandat). J’ai une petite collection de ces casernes, mon attachement y est particulier. Mon père Ted Truszkowski a travaillé en tant qu’ingénieur en chef des télécommunications pendant 25 ans dans l’Armée libanaise (1948-1973) et son bureau était à Franchet d’Esperey. Et c’est à partir de là qu’il a aussi créé le club des radio-amateurs au Liban, club qu’il a présidé durant 25 ans.
Sur le fond gauche : c’était le pensionnat des religieuses des Franciscaines où j’ai fait mes études primaires et une partie du secondaire.
Bâtiment à droite : le quartier Pétain, qui est devenu une école pour garçons.
J’habitais la rue juste derrière l’école des frères (actuelle rue Barakat), la rue ne parait même pas sur la carte. Cette rue mène au Musée, toute la vue a changé. Toute mon enfance est dans cette photo ! »
« Carte « centenaire » écrite en décembre 1921 par Paul Huvelin à sa famille à Lyon, d’abord pour leur souhaiter ses meilleurs vœux pour Noël et la nouvelle année et surtout leur annoncer avec beaucoup de joie la venue de son premier enfant. Cette carte dormait dans un de mes albums et je n’ai découvert que cette année, pour le centenaire de cette carte, que Paul Huvelin (le fondateur de l’école de droit) en était l’expéditeur. »
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« Carte dite « Souvenir de » (« Gruss Aus » en allemand) c’étaient les premières cartes postales, avec en général des multi-vues, celle-ci est de 1900 et représente le port de Beyrouth. Depuis l’explosion du port de Beyrouth il y a eu une recrudescence des ventes de cartes postales du port de Beyrouth. Personnellement, j’ai eu une boulimie des vues du port à toutes les époques et je n’étais pas la seule parmi les collectionneurs. J’ai ressenti le besoin de voir à quoi ressemblait le port à chaque période depuis le début du siècle, depuis les belles cartes de mon arrière-grand-père jusqu’à la date fatidique du 4 août 2020. »
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« Buvard de la carte du Liban et de Syrie (rare) peinte par R. Peynet. Il n’a pas peint seulement ses amoureux, et pas seulement la carte du Liban, mais j’aime appeler ce buvard « L’amoureux du Liban ». »
Tout a commencé lorsque Carole apprend que son arrière-grand-père André Terzis était éditeur de cartes postales. Elle décide alors d’en acheter quatre sur un site aux enchères pour les offrir à ses deux enfants. Mais comme souvent dans ces cas, le démon de la collectionnite s’empare sans pitié de ses victimes et la quête va donc commencer. Une quête qui ne laissera aucun répit à la jeune femme, exilée au Canada et qui garde bien présents dans son cœur et son âme les souvenirs du Liban de son enfance.
Carole Truszkowski est née au Liban d’un père polonais et d’une mère de la famille Tarazi. Elle partage alors avec son père, vrai amoureux de son pays d’adoption, les promenades et les découvertes. Il faisait bon vivre chez nous en ces temps-là et les beaux jours succédaient aux beaux jours. Après des études chez les Franciscaines et un diplôme de commerce, elle collabore avec l’architecte d’intérieur Sami el-Khazen dans sa galerie et plus tard à la Maison Rose avec Cheikha Margot.
Mais le gong du départ sonne en 1980 et c’est mariée Tabib qu’elle quitte le pays à 25 ans pour l’Arabie saoudite et puis le Canada où elle vit aujourd’hui. Mais on n’oublie pas facilement les arômes du bonheur et du pays de naissance. Et c’est dans les cartes postales qu’elle va trouver de quoi satisfaire cette nostalgie qui ne veut rien lâcher.
Ce sera d’abord celles que Terzis éditait dans les magasins de Beyrouth, Jérusalem et Damas mais en surfant sur le net et sur les multiples sites de vente, en visitant des salons spécialisés, Carole tombe sur des pépites. Sa curiosité devient vite passion et sa passion une vraie collection. Elle cite, comme pour se défendre, Fouad Debbas qui disait des collectionneurs de cartes postales : « C’est une science, c’est un art, une fantaisie et moi je dis c’est une passion sans fin. »
Le Liban, mais aussi la Syrie, la Palestine, l’Asie Mineure dans son ensemble, les cartes d’éditeurs comme Sarrafian, la Poste Française, Dakouni, Estel, Michel David, des collections personnelles comme celles de Albert Mizrahi, de Georges Haddad, Carole est sans arrêt en chasse. Face à des enchères souvent féroces. Surtout depuis les derniers événements au Liban. Comme si chaque Libanais ici ou ailleurs voulait retenir un tant soit peu ce pays qui va à la dérive. Tôt le matin et tard le soir, il s’agit de ne pas les louper ces petits morceaux du Liban, autant de souvenirs ranimés, autant de trésors retrouvés d’un paradis perdu.
Près de 6000 cartes, une série importante sur tous les hôtels du Liban, une autre sur les personnages, la vie quotidienne dans les montagnes mais aussi des livres, des objets et même des costumes des temps jadis. Chaque carte postale donne lieu à des recherches, et chaque recherche aboutit à des découvertes. L’évolution des lieux, des paysages, des coutumes, des mœurs, Carole est intarissable. « Il y a Mon Liban dans ma collection ». Celui qu’elle a envie de nous montrer à travers ces cartes choisies parmi toutes. Laissons-là nous raconter.
« Jeune fille du Liban coiffée du tantour (éditeur André Terzis). Une des cartes de Terzis que je préfère, la douceur du visage et du regard de cette fille m’ont charmée. Son costume, ses bijoux et le tantour sont superbes. En voyant les cartes postales des personnages, j’ai aimé acheter aussi sur les sites de ventes aux enchères des vestes, robes de chambre en brocart faits par André Terzis & Fils. La dernière robe de chambre pour homme, fond bleu nuit avec des cèdres du Liban turquoise. Ces pièces en brocart étaient achetées dans les magasins Terzis par des touristes visitant le Liban ou Jérusalem, je les ai achetés sur le EBay des États-Unis. »
« Beyrouth - quartier Franchet D’Esperey et quartier Pétain (1936) (éditeur Janto). Noms des généraux français donnés à ces casernes militaires (casernes de militaires français durant le mandat). J’ai une petite collection de ces casernes, mon attachement y est particulier. Mon père Ted Truszkowski a travaillé en tant qu’ingénieur en chef des télécommunications pendant 25 ans dans l’Armée libanaise (1948-1973) et son bureau était à Franchet d’Esperey. Et c’est à partir de là qu’il a aussi créé le club des radio-amateurs au Liban, club qu’il a présidé durant 25 ans.
Sur le fond gauche : c’était le pensionnat des religieuses des Franciscaines où j’ai fait mes études primaires et une partie du secondaire.
Bâtiment à droite : le quartier Pétain, qui est devenu une école pour garçons.
J’habitais la rue juste derrière l’école des frères (actuelle rue Barakat), la rue ne parait même pas sur la carte. Cette rue mène au Musée, toute la vue a changé. Toute mon enfance est dans cette photo ! »
« Carte « centenaire » écrite en décembre 1921 par Paul Huvelin à sa famille à Lyon, d’abord pour leur souhaiter ses meilleurs vœux pour Noël et la nouvelle année et surtout leur annoncer avec beaucoup de joie la venue de son premier enfant. Cette carte dormait dans un de mes albums et je n’ai découvert que cette année, pour le centenaire de cette carte, que Paul Huvelin (le fondateur de l’école de droit) en était l’expéditeur. »
Une image contenant texte Description générée automatiquement
« Carte dite « Souvenir de » (« Gruss Aus » en allemand) c’étaient les premières cartes postales, avec en général des multi-vues, celle-ci est de 1900 et représente le port de Beyrouth. Depuis l’explosion du port de Beyrouth il y a eu une recrudescence des ventes de cartes postales du port de Beyrouth. Personnellement, j’ai eu une boulimie des vues du port à toutes les époques et je n’étais pas la seule parmi les collectionneurs. J’ai ressenti le besoin de voir à quoi ressemblait le port à chaque période depuis le début du siècle, depuis les belles cartes de mon arrière-grand-père jusqu’à la date fatidique du 4 août 2020. »
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« Buvard de la carte du Liban et de Syrie (rare) peinte par R. Peynet. Il n’a pas peint seulement ses amoureux, et pas seulement la carte du Liban, mais j’aime appeler ce buvard « L’amoureux du Liban ». »
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