La Banque du Liban (BDL) est bel et bien en train de préparer le lancement d’une nouvelle plate-forme officielle qui donnera le taux de change du dollar contre la livre libanaise sur le marché. La finalité de cette nouvelle plate-forme est, bien entendu, de remplacer Sayrafa, mais surtout de fournir un taux de change transparent. La société Bloomberg LP sera associée à cette plate-forme, mais c’est la BDL qui sera l’organe décideur. Explications.
Le conseil central de la Banque du Liban (BDL) prépare activement une nouvelle plate-forme de change officielle qui diffusera, avant la fin de l’année, le taux de change du dollar. L’objectif premier de cette nouvelle plate-forme est de remplacer Sayrafa, lancée par la BDL en 2020 dans le but de s’imposer – sans succès toutefois – comme la référence du marché. La nouvelle plate-forme devrait également permettre de supprimer les sites et les applications informels existants qui donnent le taux de change.
La création de ce pôle d’échange de devises, d’actions, de métaux et d’autres outils financiers devrait être approuvée jeudi en Conseil des ministres.
Un taux de change transparent
Pour le chef du département des études économiques et financières à la Byblos Bank, Nassib Ghobril, l’objectif de cette nouvelle plate-forme est de déterminer le taux de change effectif de la livre libanaise contre le dollar d’une façon transparente et efficace sur base d’échanges continus entre l’offre et la demande. Cet outil de surveillance transparent du taux de change du marché doit pouvoir fonctionner, sans l’interférence (financière) de la BDL, sauf dans les cas prévus par le Code de la monnaie et du crédit. Il permettra d’achever la transition vers un régime de change flottant. Ce sera ainsi un marché libre, non soumis à des méthodes artificielles, qui dilapident les réserves de la banque centrale sans conduire au résultat souhaité.
Contrairement à Sayrafa, «les acteurs de la plate-forme seront les sociétés financières, les banques commerciales et les changeurs agréés», relève M. Ghobril. Ce sont ces derniers qui vont placer les demandes en dollars de leurs clients.
«En principe ceux qui demandent le plus de devises sont les importateurs afin de pouvoir régler les marchandises commandées à l’étranger. Ils devront soumettre à la BDL des documents prouvant que la demande de dollars servira effectivement au paiement de leurs marchandises importées. L’institution financière s’assure ainsi de la destination des dollars qui ne pourront ainsi pas être utilisés à d’autres fins», poursuit-il.
De plus, les acheteurs de dollars vont payer en livres libanaises, ce qui va donc réduire la masse monétaire en circulation et réduire parallèlement la spéculation sur le dollar.
Le point de départ: le marché parallèle
«Néanmoins, le point important est que la demande de dollars va se faire sur le taux de change du marché parallèle et non pas sur un taux préférentiel, ce qui signifie que la plate-forme prendra pour point de départ le taux du marché parallèle. L’offre et la demande détermineront ensuite le taux réel du dollar», souligne M. Ghobril.
En ce qui concerne la société financière, Bloomberg LP, groupe financier américain et agence d’information économique et financière, son rôle consistera à fournir des informations financières. La plate-forme et les conditions d’utilisation seront cependant établies par la BDL et non pas par Bloomberg. «Le groupe sera l’hôte de cette plate-forme et non pas le décideur. Le nom de Bloomberg y est associé pour des raisons de transparence, mais les décisions seront prises par la BDL et le marché va déterminer le taux de change», insiste l’économiste.
Il faut toutefois préciser que la BDL ne peut pas garantir la stabilité du taux de change. Celle-ci doit être le résultat d’un effort commun entre le Parlement, le pouvoir exécutif et la BDL.
D’ailleurs, la banque centrale attend toujours que le Parlement et le pouvoir exécutif votent les lois portant sur des réformes qui sont essentielles pour restaurer la confiance dans le pays et envoyer à la communauté internationale des signes sur l’engagement du Liban à ce sujet.
Pour l’heure, on planche sur toutes les questions techniques, les mécanismes et notamment les circulaires qui encadreront le fonctionnement de la nouvelle plate-forme. Sans oublier la formation des employés des banques au nouveau système. «Il s’agit d’un processus en cours. La plate-forme sera lancée au bon moment, sans doute avant la fin de l’année», assure. M. Ghobril.
Rappelons à cet égard que, depuis le 1er août, la Banque du Liban a suspendu les demandes de change au taux de Sayrafa.
Cela ne signifie pas pour autant que le taux de la plate-forme n’existe plus (85.500 LL pour un dollar mercredi). Ce sont seulement les nouvelles demandes de conversion via les banques commerciales qui ont été arrêtées.
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