Libération de la journaliste Mariam Majdoline Lahham
Mariam Majdoline Lahham, rédactrice en chef du site d’information en ligne Al-Taharri, a été libérée mercredi soir, après avoir été détenue pendant plusieurs heures pour les besoins de l’interrogatoire.

Mariam Majdoline Lahham avait été convoquée par le département central des enquêtes criminelles sur instruction de l’avocat général près la Cour de cassation, Ghassan Khoury, à la suite d’une plainte déposée contre elle par le président du haut tribunal chérié sunnite, le juge Mohammad Ahmad Assaf. Ce dernier accuse la journaliste de «diffamation» et d’«incitation des membres de la communauté sunnite contre lui», estimant «qu’elle usurpe le titre de journaliste».

En cause: un post que Mme Lahham a publié sur son compte X, accusant le juge Assaf d’avoir tiré profit d’une affaire. Dans son post, Mme Lahham avait signalé que le juge Assaf avait bénéficié d’une «réduction de 40% sur les frais universitaires de ses enfants inscrits à l’université arabe qui relève du wakf al-Barr wal-Ihsan, alors qu’il s’était saisi du dossier concernant le wakf, en tant que président du haut tribunal chérié sunnite». «Cela constitue une violation de la loi en raison du conflit d’intérêts, ainsi qu’une dérogation à l’obligation d’impartialité imposée aux juges», a-t-elle écrit.


Durant l’interrogatoire, le juge Khoury avait exigé de Mme Lahham qu’elle «supprime son post pour la libérer», ce qu’elle a refusé de faire. Au même moment, la maison de la journaliste a été perquisitionnée sur instruction du juge Khoury, en l’absence de son avocate Diala Chéhadé, selon le site Megaphone. «Son ordinateur a été saisi et l’unité ayant effectué la perquisition a prétendu avoir trouvé des traces de drogue», toujours d’après Megaphone. Mme Lahham a ainsi été transférée à la caserne Barbar Khazen où elle a subi un nouvel interrogatoire.

L’arrestation de Mariam Majdoline Lahham a été dénoncée par le président de l’ordre des rédacteurs, Joseph Kosseifi, qui a rappelé que «l’emprisonnement et la détention préventive des journalistes a été annulée en 1994, à la suite des amendements introduits à la loi sur les imprimés». «Le journaliste n’est pas un criminel et ses droits sont garantis par les lois en vigueur, insiste M. Kosseifi dans un communiqué. La liberté d’expression est consacrée dans la Constitution.»

Même son de cloche chez l’association Journalistes pour la liberté, le Club de la presse et le Rassemblement du syndicat alternatif de la presse qui ont affirmé dans un communiqué que l’arrestation de Mme Lahham est «illégale». Ils ont appelé les journalistes à «mener une action pour renforcer la protection des journalistes».
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