Les affrontements qui ont eu lieu dans la nuit de jeudi à vendredi à Aïn el-Heloué et qui ont fait une vingtaine de blessés reflètent l’absence d’accord politique entre les différentes factions présentes dans ce camp de réfugiés palestiniens mais aussi la volonté d’une mainmise pro-iranienne sur ce bastion. Théâtre d’affrontements réguliers entre groupes rivaux, le camp d’Aïn el-Heloué demeure sous vive tension, les affrontements entre les groupuscules islamistes proches de l’Iran et le Fateh du président palestinien, Mahmoud Abbas, pouvant reprendre à tout moment.
Dans les faits, et pour comprendre la récente montée de tension à Aïn el-Heloué, il faut revenir au mois de juillet dernier, lorsque le chef de la Sûreté nationale palestinienne dans le camp, relevant de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), le général Hassan el-Armouchi (Abou Achraf) et quatre de ses gardes du corps ont été tués dans un guet-apens.
Un incident à la suite duquel le Comité palestinien d'action conjointe s’est réuni, le 22 août, à l’ambassade de Palestine, pour insister sur la nécessité d’arrêter les personnes suspectées d’être à l’origine des assassinats. Le délai fixé pour que les présumés coupables soient livrés aux autorités compétentes ayant été dépassé, la décision d’arrêter les suspects a été confirmée mardi par ce même comité. Ainsi, et dans le but de retarder ces arrestations, des combats ont éclaté dans la nuit de jeudi à vendredi dans le camp, où un calme précaire, et tendu, a été rétabli dans la matinée de vendredi.
« Malheureusement, les forces communes de la sécurité palestinienne chargées, à l’issue de la dernière réunion du comité, de préserver la sécurité et la stabilité dans le camp et dans les régions alentour ne parviennent pas à exécuter leur mission», a souligné une source politique ayant requis l’anonymat. «Certains éléments armés dans le camp d’Ain el-Heloué refusent de se plier aux ordres de leurs supérieurs, ce qui enclenche de tels affrontements», indique la source en question.
Dans un sens plus large, ces accrochages sont la traduction «armée» du bras de fer politique qui oppose les différents groupes palestiniens. Alors que ceux relevant de l’OLP tentent de limiter l’influence des islamistes qui sont directement ou indirectement liés à l’Iran dans le camp, Téhéran ne semble toujours pas avoir dit son dernier mot, cherchant par tous les moyens à préserver entre ses mains la « carte » palestinienne.
Des habitants excédés
Vendredi, les contacts et réunions entre les différents responsables politiques, ceux du sud notamment, se sont multipliés. Ils appellent tous, unanimement, à un retour au calme, surtout que, dans une tentative d’échapper aux violences, de nombreux habitants ont fui le camp où les vies sont menacées et où la rentrée scolaire a été reportée. On rappelle, dans ce contexte, que l’agence des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine, l'Unrwa, en charge des écoles et des cliniques et qui fournit des aides alimentaires aux réfugiés, avait annoncé, au lendemain des incidents de juillet dernier, le report de la rentrée des élèves au 2 octobre. Pour cause ? La présence d’éléments armés dans plusieurs de ses bâtiments dans le camp et leur refus constant d’évacuer les lieux occupés.
En raison de ces développements sécuritaires, l’Université libanaise a annoncé la fermeture de toutes ses facultés à Saïda, la ville ayant connu des dégâts matériels provoqués par des obus de mortier. Les examens prévus pour vendredi ont été reportés. Les administrations officielles ont également fermé leurs portes.
Établi en 1948 aux abords de la ville portuaire de Saïda, le camp d’Ain el-Heloué, qui regroupe environ 80.000 Palestiniens, est devenu un terrain de manœuvre où les factions politiques locales et régionales se lancent des messages.
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