Ayant passé 23 ans à New York, Nelsy Massoud, conceptrice, artiste, pleine de vie et d’idées, a peaufiné son imagination et sa fantaisie lors de ce long passage à Big Apple. La créatrice a ouvert, il y a quelques mois, un charmant espace galerie, nommé MAJAZ, dans lequel elle expose son travail et également des artistes de divers horizons. Impossible de ne pas succomber au charme et à l’esthétique singuliers, autant qu’à l’aspect fonctionnel de ses objets entre tables, chaises, tabourets, accessoires, bougeoirs, appliques murales sur support lumineux, lustres, bols, poteries… Rencontre.
Comment le nom Majaz a été choisi?
J’ai passé 3 mois à la recherche d’un nom sans succès. Alors, j’ai organisé une réunion urgente avec 9 personnes pour en trouver absolument un. Une des personnes présentes a suggéré Majaz! Et toutes les autres ont répété Majaz. C’était donc décidé. Ça veut dire des métaphores, car dans l’art, il y a beaucoup de métaphores, d’illusions et de symboles par rapport à ce que l’on voit. Elles ne représentent donc pas véritablement la réalité.
Comment est venue l’intention d’ouvrir la galerie?
Je me suis occupée de la galerie 393 Rmeil jusqu’au jour de l’explosion, puis le propriétaire a préféré lâcher le projet. La galerie avait néanmoins atteint son but, qui était d’ouvrir les portes pour une résidence d’art et être découverte par des galeries plus grandes pour des échanges. J’ai alors décidé, avec une petite somme en poche, d’avoir mon espace afin de pouvoir exposer mon travail, car je produis beaucoup et également dans le but d’exposer d’autres artistes. Dès que j’ai vu le local, j’ai très vite été convaincue de l’endroit. Il me ressemble et répond à mes aspirations, car il se trouve en face des jardins des Jésuites. L’environnement est charmant avec ses petits immeubles et cafés.
Vous êtes artisane, chercheuse de matériaux, quels sont les matériaux que vous aimez travaillez?
En effet, je suis curieuse et aime découvrir les matériaux qui parlent, qui ont une âme. Je ressens une joie lorsque je façonne et donne vie à des matériaux utiles. Pour cette raison, je choisis le verre, le sable, le liège, l’éponge, la loufah. Je les travaille de diverses manières et, souvent, je les fusionne ce qui donne des couleurs et des rendus très intéressants et originaux. Ce sont des matières naturelles, proches de la terre, donc authentiques.
À titre d’exemple, le verre, je l’aime pour sa transparence. Il est honnête et beau à travailler et on passe par tellement de phases pour lui donner de la chaleur.
Justement, un autre exemple est la loufah que vous avez transformée, personnifiée, avec la création entre autres de chaises en bois avec des assises en loufah, ainsi que des lustres. Un petit aperçu là-dessus?
Les chaises représentent l’ancien pouvoir indéboulonnable et la loufah est trouée donc cela m’a inspiré pour dire que nous sommes un peuple transpercé comme elle. Les fils entremêlés qui forment la loufah nous ressemblent aussi, car nous sommes déstructurés et ballotés et c’est pour cela que notre pays est arrivé à ce stade. Le bois des chaises a été récupéré d’une maison détruite, c’est pour signaler que l’on n’est jamais en sécurité. Quant aux lustres en loufah et tulle à échelle humaine de 185 cm, les chrysalides, ils représentent la transformation, c’est pour attirer l’attention que l’on passe d’un état intermédiaire à l’autre.
Article rédigé par Elga Trad
https://www.agendaculturel.com/article/nelsy-massoud-la-batisseuse-didees
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