Le sommet du G20 qui s'est tenu à New Delhi les 9 et 10 septembre derniers s'est avéré être un événement d'une importance capitale, tant sur le plan international que pour la campagne de Narendra Modi, Premier ministre de l'Inde.
Malgré l'anticipation grandissante qui entourait cette réunion des principales puissances économiques mondiales, les résultats obtenus ont été décevants selon les observateurs, notamment concernant les questions cruciales de l'Ukraine et du changement climatique.
Cependant, il est important de se pencher sur une initiative qui y a émergé durant cette rencontre: le projet de corridor économique dirigé par les États-Unis.
Cette initiative, qui pourrait rivaliser avec le projet des "Nouvelles routes de la soie" de Xi Jinping, vise à relier l'Inde aux pays du Golfe, puis à l'Europe, en établissant des liens économiques majeurs entre ces régions du monde. Ce corridor économique pourrait également intégrer d'importants pôles mondiaux, remodelant ainsi les dynamiques économiques et politiques à l'échelle internationale.
L'objectif de Washington semble se dessiner: il s'agit de créer des pôles commerciaux internationaux tout en favorisant l'émergence d'une infrastructure axée sur les énergies propres.
Cette vision ambitieuse implique la mise en place de câbles sous-marins et même la conception d'un corridor d'hydrogène qui relierait les Émirats, l'Arabie saoudite et Israël, en passant par le port de Haïfa, pour ensuite s'étendre vers l'Europe, avec un intérêt particulier porté sur la ville de Marseille.
Toutefois, il convient de souligner que ce projet demeure pour l'heure une proposition, qui devrait, pour se concrétiser, obtenir l’aval des pays concernés du Moyen-Orient.
Joe Biden et Narendra Modi lors du Sommet du G20 à New Delhi. (AFP)
Cette annonce s'inscrit dans une stratégie américaine visant à combler le vide laissé par l'absence de la Chine lors sommet du G20. Les États-Unis aspirent à réaffirmer leur statut d'incontestable hyperpuissance, capable de mettre en œuvre une initiative d'envergure mondiale, face à l'immobilisme des Nouvelles routes de la soie chinoises.
Pékin, de son côté, poursuit, tant bien que mal, son projet, qui se matérialise par d'importants investissements en infrastructures dans divers pays en développement.
Les États-Unis ont vraisemblablement opéré des choix judicieux concernant les partenaires stratégiques pour réaliser ce projet d'envergure.
D'abord, ils ont opté pour des nations de l'Indopacifique, parmi lesquelles l'Inde revêt une importance primordiale. Cette décision se justifie par les nombreux différends qui opposent l'Inde à la Chine, notamment sur des questions territoriales.
Il est également à noter que l'Inde est un membre actif du groupe de Quad, une coalition regroupant les États-Unis, l'Inde, le Japon et l'Australie, dont l'objectif prééminent est de contenir l'expansionnisme chinois en mer de Chine.
D’ailleurs, l’absence du président chinois Xi Jinping lors du sommet du G20 représente une première depuis la création de cette organisation.
Joe Biden et le ministre russe des AE Sergueï Lavrov se côtoient sans se saluer à New Delhi. (AFP)
Reflétant cette volonté de contrer l'expansionnisme de Pékin, le président des États-Unis s'est rendu, à la suite du sommet du G20, au Vietnam, afin de sceller un accord de coopération stratégique avec le gouvernement communiste de Hanoï.
Le Vietnam, tout en entretenant des accords de coopération stratégique avec Pékin, est également engagé dans des contentieux territoriaux qui rendent sa position délicate.
Ce qui demeure toutefois notable, c'est la décision des États-Unis de conférer la primauté à l'Arabie saoudite pour l’annonce de ce plan, une démarche particulièrement significative au vu du climat tendu qui a prévalu entre ces deux nations depuis le début de la présidence Biden.
Le prince héritier Mohammad ben Salmane s'était manifestement éloigné de son allié de longue date, percevant un certain désengagement de la part des États-Unis dans la région.
Ce sentiment s'était notamment renforcé suite à l'attaque perpétrée par les Houthis contre les installations saoudiennes d'Aramco en 2019, avec une réponse américaine qui n'a pas été à la hauteur des attentes.
Les accords de Pékin, conclus le 10 mars dernier, ont cristallisé ce changement, en établissant un cadre de normalisation des relations diplomatiques entre l'Iran et l'Arabie saoudite suite à la médiation chinoise, un rôle traditionnellement assumé par Washington.
Le président Biden manifeste ainsi sa volonté de faire un pas vers l'Arabie Saoudite qui joue un rôle équilibré en se positionnant parmi les nations non-alignées dans cette guerre froide sino-américaine.
Il aspire à rétablir l’influence américaine prépondérante au Moyen-Orient, où il perçoit que la Chine gagne graduellement du terrain.
"MBS", Joe Biden, Narendra Modi et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, lors du sommet de New Delhi. (AFP)
Les États-Unis font alors d’une pierre deux coups: ils effectuent un pas en direction de l’Arabie Saoudite en montrant qu’ils réintègrent le Moyen-Orient ; et dans le même temps, ils contrent l’influence chinoise grandissante dans la région.
Parallèlement, ce projet intervient dans un contexte régional particulier.
L'administration Biden aurait pour but de conclure des accords de normalisation des relations diplomatiques entre l'Arabie Saoudite et Israël, et cela, avant l'échéance cruciale des élections présidentielles de 2024.
Il y a deux mois, le Washington Post avait relayé des informations émanant de hauts responsables américains estimant pouvoir parvenir à un tel accord d'ici à la fin de l’année, sachant que Ryad a formulé plusieurs conditions pour s’engager sur la voie de la normalisation.
Notons dans ce cadre que les trois pôles majeurs au Moyen-Orient concernés dans la prochaine liaison entre l’Inde et l’Europe sont l'Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis, et Israël.
Par conséquent, une coopération économique entre l'Arabie Saoudite et Israël s'avère être un élément incontournable pour réaliser ce projet.
Malgré l'anticipation grandissante qui entourait cette réunion des principales puissances économiques mondiales, les résultats obtenus ont été décevants selon les observateurs, notamment concernant les questions cruciales de l'Ukraine et du changement climatique.
Cependant, il est important de se pencher sur une initiative qui y a émergé durant cette rencontre: le projet de corridor économique dirigé par les États-Unis.
Cette initiative, qui pourrait rivaliser avec le projet des "Nouvelles routes de la soie" de Xi Jinping, vise à relier l'Inde aux pays du Golfe, puis à l'Europe, en établissant des liens économiques majeurs entre ces régions du monde. Ce corridor économique pourrait également intégrer d'importants pôles mondiaux, remodelant ainsi les dynamiques économiques et politiques à l'échelle internationale.
L'objectif de Washington semble se dessiner: il s'agit de créer des pôles commerciaux internationaux tout en favorisant l'émergence d'une infrastructure axée sur les énergies propres.
Cette vision ambitieuse implique la mise en place de câbles sous-marins et même la conception d'un corridor d'hydrogène qui relierait les Émirats, l'Arabie saoudite et Israël, en passant par le port de Haïfa, pour ensuite s'étendre vers l'Europe, avec un intérêt particulier porté sur la ville de Marseille.
Toutefois, il convient de souligner que ce projet demeure pour l'heure une proposition, qui devrait, pour se concrétiser, obtenir l’aval des pays concernés du Moyen-Orient.
Joe Biden et Narendra Modi lors du Sommet du G20 à New Delhi. (AFP)
Cette annonce s'inscrit dans une stratégie américaine visant à combler le vide laissé par l'absence de la Chine lors sommet du G20. Les États-Unis aspirent à réaffirmer leur statut d'incontestable hyperpuissance, capable de mettre en œuvre une initiative d'envergure mondiale, face à l'immobilisme des Nouvelles routes de la soie chinoises.
Pékin, de son côté, poursuit, tant bien que mal, son projet, qui se matérialise par d'importants investissements en infrastructures dans divers pays en développement.
Contenir l’expansionnisme chinois
Les États-Unis ont vraisemblablement opéré des choix judicieux concernant les partenaires stratégiques pour réaliser ce projet d'envergure.
D'abord, ils ont opté pour des nations de l'Indopacifique, parmi lesquelles l'Inde revêt une importance primordiale. Cette décision se justifie par les nombreux différends qui opposent l'Inde à la Chine, notamment sur des questions territoriales.
Il est également à noter que l'Inde est un membre actif du groupe de Quad, une coalition regroupant les États-Unis, l'Inde, le Japon et l'Australie, dont l'objectif prééminent est de contenir l'expansionnisme chinois en mer de Chine.
D’ailleurs, l’absence du président chinois Xi Jinping lors du sommet du G20 représente une première depuis la création de cette organisation.
Joe Biden et le ministre russe des AE Sergueï Lavrov se côtoient sans se saluer à New Delhi. (AFP)
Reflétant cette volonté de contrer l'expansionnisme de Pékin, le président des États-Unis s'est rendu, à la suite du sommet du G20, au Vietnam, afin de sceller un accord de coopération stratégique avec le gouvernement communiste de Hanoï.
Le Vietnam, tout en entretenant des accords de coopération stratégique avec Pékin, est également engagé dans des contentieux territoriaux qui rendent sa position délicate.
Ce qui demeure toutefois notable, c'est la décision des États-Unis de conférer la primauté à l'Arabie saoudite pour l’annonce de ce plan, une démarche particulièrement significative au vu du climat tendu qui a prévalu entre ces deux nations depuis le début de la présidence Biden.
Le prince héritier Mohammad ben Salmane s'était manifestement éloigné de son allié de longue date, percevant un certain désengagement de la part des États-Unis dans la région.
Ce sentiment s'était notamment renforcé suite à l'attaque perpétrée par les Houthis contre les installations saoudiennes d'Aramco en 2019, avec une réponse américaine qui n'a pas été à la hauteur des attentes.
Les accords de Pékin, conclus le 10 mars dernier, ont cristallisé ce changement, en établissant un cadre de normalisation des relations diplomatiques entre l'Iran et l'Arabie saoudite suite à la médiation chinoise, un rôle traditionnellement assumé par Washington.
Le président Biden manifeste ainsi sa volonté de faire un pas vers l'Arabie Saoudite qui joue un rôle équilibré en se positionnant parmi les nations non-alignées dans cette guerre froide sino-américaine.
Il aspire à rétablir l’influence américaine prépondérante au Moyen-Orient, où il perçoit que la Chine gagne graduellement du terrain.
"MBS", Joe Biden, Narendra Modi et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, lors du sommet de New Delhi. (AFP)
Les États-Unis font alors d’une pierre deux coups: ils effectuent un pas en direction de l’Arabie Saoudite en montrant qu’ils réintègrent le Moyen-Orient ; et dans le même temps, ils contrent l’influence chinoise grandissante dans la région.
Parallèlement, ce projet intervient dans un contexte régional particulier.
L'administration Biden aurait pour but de conclure des accords de normalisation des relations diplomatiques entre l'Arabie Saoudite et Israël, et cela, avant l'échéance cruciale des élections présidentielles de 2024.
Il y a deux mois, le Washington Post avait relayé des informations émanant de hauts responsables américains estimant pouvoir parvenir à un tel accord d'ici à la fin de l’année, sachant que Ryad a formulé plusieurs conditions pour s’engager sur la voie de la normalisation.
Notons dans ce cadre que les trois pôles majeurs au Moyen-Orient concernés dans la prochaine liaison entre l’Inde et l’Europe sont l'Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis, et Israël.
Par conséquent, une coopération économique entre l'Arabie Saoudite et Israël s'avère être un élément incontournable pour réaliser ce projet.
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