Attendu avec impatience après son passage remarqué au festival de Cannes, Le règne animal, du réalisateur Thomas Cailley, débarque dans nos salles obscures ce mercredi. Ce film français, difficilement catégorisable, oscille entre le fantastique, la comédie dramatique et le récit d’initiation, proposant une vision audacieuse et contemporaine du septième art.
Au cœur de cette œuvre, un postulat pour le moins étonnant: une partie de l’humanité se métamorphose progressivement en diverses formes animales, allant du poulpe au loup. Romain Duris, incarnant François, est confronté à la difficile transformation de son épouse, tout en assumant ses responsabilités parentales envers son fils Émile, interprété par le talentueux Paul Kircher.
Le duo père-fils, perturbé par la décision des autorités de placer l’épouse et mère dans un centre spécialisé, décide d’abandonner la vie trépidante parisienne pour s’installer dans un camping du sud-ouest de la France.
Il est à noter que Le règne animal se démarque en évitant les clichés souvent associés aux films postapocalyptiques. Pas de monde à sauver ici, mais plutôt une exploration d’une réalité bouleversée, «plus diversifiée, moins réglée», comme le souligne Thomas Cailley dans un entretien accordé à l’AFP.
https://youtu.be/K1pfR_IC7pU?si=FWf_87_Ymp1Wkeoz
La mutation des êtres humains en créatures diverses n’évoque pas tant un cataclysme qu’une adaptation à une nouvelle normalité. Les spectateurs y découvriront un univers où l’apparition d’un poulpe au supermarché ou d’un oiseau dans un embouteillage ne suscite guère d’étonnement.
Pour Thomas Cailley, déjà connu pour Les combattants en 2014, Le règne animal est l’occasion de mélanger les genres cinématographiques. La présence d’animaux mutants devient un prisme à travers lequel il analyse les positionnements moraux des individus face à l’altérité. Cette métamorphose trouve écho dans les débats contemporains sur la crise de la biodiversité.
Le film n’hésite pas à jouer avec les contrastes. La transformation corporelle de l’adolescent, le déracinement vers un nouvel environnement scolaire et l’arrivée d’urbains dans un contexte rural mettent en lumière les tensions inhérentes aux changements.
La distribution est brillamment complétée par Adèle Exarchopoulos, qui interprète avec brio un rôle humoristique de gendarme. Quant à la réalisation, elle bénéficie d’une esthétique soignée, d’une fusion de techniques innovantes et d’un travail minutieux de chorégraphie. Tom Mercier se distingue notamment dans son rôle d’homme-oiseau.
Le règne animal se présente comme une pépite cinématographique de cette année, alliant audace, poésie et réflexion profonde sur notre rapport à l’altérité.
Avec AFP
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