Karabakh: l'Azerbaïdjan refuse le dialogue avec l'Arménie
©Photo EMMANUEL DUNAND/AFP
Face à ce qu'il a appelé une "atmosphère anti-azerbaïdjanaise", le président Ilham Aliev a refusé de prendre part à une rencontre avec le Premier ministre arménien Nikol Pachinian en Espagne.  Cette déclaration fait suite à la multiplication des gestes européens de solidarité vis-à-vis de l'Arménie, notamment les déclarations de la ministre française des Affaires étrangères sur la fourniture d'armes et de munitions. En parallèle, les arrestations d'anciens dirigeants du Haut-Karabakh se poursuivent, qualifiées par l'Arménie d' "arrestations arbitraires". 

L'Arménie a "fermement condamné" mercredi les arrestations "illégales" d'anciens dirigeants ou responsables des autorités séparatistes du Haut-Karabakh, accusant l'Azerbaïdjan de procéder à des "interpellations arbitraires".

"Nous condamnons fermement les arrestations par l'Azerbaïdjan des dirigeants du Haut-Karabakh", a déclaré le ministère arménien des Affaires étrangères dans un communiqué.

Les autorités arméniennes ont notamment évoqué la situation de Rouben Vardanian, qui avait dirigé le Haut-Karabakh de novembre 2022 à février dernier et a été placé en détention provisoire fin septembre, dans la foulée de la victoire éclair de Bakou contre les séparatistes arméniens de ce territoire montagneux. Parmi les anciens hauts responsables qui ont été arrêtés, selon Erevan, se trouvent également Arkadi Ghoukasian, Bako Sahakian, Araïk Haroutiounian, David Ishkhanian.

Les séparatistes du Haut-Karabakh se sont opposés pendant plus de trois décennies à l'Azerbaïdjan, notamment lors de deux guerres entre 1988 et 1994 et à l'automne 2020.

Après l'offensive éclair des forces azerbaïdjanaises en septembre 2023, la quasi-totalité de la population arménienne a fui la république autoproclamée du Haut-Karabakh et celle-ci a annoncé sa dissolution au 1er janvier 2024.

Mercredi, les autorités arméniennes ont ainsi regretté que "les forces de l'ordre de l'Azerbaïdjan continuent de mener des arrestations arbitraires", malgré les promesses de "respect des droits des arméniens" au Haut-Karabakh.
Aucune résolution de crise en vue 

Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev refuse de prendre part à une rencontre avec le Premier ministre arménien Nikol Pachinian prévue jeudi en Espagne en raison des récentes marques de soutien européennes à Erevan, a indiqué à l'AFP mercredi un responsable azerbaïdjanais.

Selon ce responsable, qui s'exprimait sous couvert de l'anonymat et confirmait des informations de presse, l'Azerbaïdjan "n'a pas jugé nécessaire de participer aux négociations dans ce format" à Grenade, et M. Aliev ne se rendra pas en Espagne comme prévu.


Il a mis en cause une "atmosphère anti-azerbaïdjanaise qui s'est formée" après la récente victoire éclair de Bakou sur les séparatistes arméniens du Haut-Karabakh.

Cet officiel a notamment cité les "déclarations pro-arméniennes des responsables français", la visite de la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna en Arménie et ses "déclarations sur la fourniture d'armes et de munitions", ainsi que les "accusations portées hier contre l'Azerbaïdjan par le président du Conseil de l'UE Charles Michel".

Mme Colonna a annoncé mardi soir que Paris avait "donné son accord" pour la livraison de matériel militaire à l'Arménie, qui souhaite se protéger de son voisin azerbaïdjanais.

La ministre française n'a pas précisé de quels équipements il s'agit mais a assuré que Paris agirait "dans ce domaine avec esprit de responsabilité de part et d'autre et sans aucun esprit d’escalade".

La Première ministre Elisabeth Borne a elle dit vouloir un "plan européen d'appui" à l'Arménie.

Nikol Pachinian a quant à lui annoncé qu'il se rendrait au sommet en Espagne de la Communauté politique européenne (CPE, une organisation visant à renforcer les liens entre l’Union européenne et ceux qui partagent ses valeurs sans en être membres), jugeant "dommage" que la réunion avec Ilham Aliev n'ait pas lieu.

L'Arménie et l'Azerbaïdjan se sont opposées lors de deux guerres, l'une à la dislocation de l'URSS, l'autre à l'automne 2020, pour le contrôle de l'enclave du Haut-Karabakh.

Sami Erchoff avec AFP
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