Israël et le Hamas engagés dans une longue guerre
Tout indique que la guerre que le Hamas a lancée samedi à l'aube contre Israël risque d'être longue... Et lourde de conséquences. Le mouvement palestinien a été très loin dans les moyens qu'il a mobilisés, en effectifs humains et en matériel, pour que ce nouveau conflit s'achève rapidement. Le bilan côté israélien est particulièrement lourd - 300 morts, 1500 blessés, une cinquantaine d'otages, dont 33 militaires - de sorte que l'État hébreu est contraint de livrer aujourd'hui une guerre totale contre Gaza, comme l'ont souligné d'ailleurs les dirigeants israéliens. Cerise sur le gâteau : un gouvernement d'union nationale pourrait voir le jour en Israël, signe précurseur en général, si l'on en croit les expériences passées, qu'Israël se prépare à de graves développements à caractère existentiel. Mais les premiers contacts entre le Premier ministre israélien et l'opposition pour mettre sur pied un cabinet d'union n'ont pas été concluants. 

   

Les Territoires palestiniens et Israël, et d'une manière générale la région du Proche-Orient, sont-ils à la veille d'un long conflit généralisé ? La question était samedi soir sur toutes les lèvres après la vaste attaque surprise lancée à l'aube de samedi par le Hamas contre Israël. Le mouvement palestinien a ainsi lancé dès la première heure de la matinée de samedi des centaines de missiles - 5000 selon l'organisation palestinienne, 3000 d'après l'armée israélienne - en direction de plusieurs localités, dont Tel-Aviv et Jérusalem, faisant près de 300 morts et 1500 blessés. Une centaine de miliciens du Hamas, lourdement armés, ont réussi en outre à s'infiltrer en Israël, prenant le contrôle, pour la première fois, de plusieurs kibboutz et positions militaires, prenant en otage une cinquantaine de personnes, dont 33 militaires. Les représailles israéliennes n'ont pas tardé: l'aviation a mené, jusqu'en soirée, des dizaines de raids contre Gaza dont le bilan s'est élevé à 250 tués et 1700 blessés, parallèlement à des destructions à grande échelle.

Les représailles israéliennes se sont manifestées aussi sur le double plan politique et médiatique. Les dirigeants israéliens ont été jusqu"à appeler les Palestiniens à "quitter Gaza" car ce territoire, ont-ils affirmé, sera totalement rasé. Le ministère israélien de la Défense a indiqué dans ce cadre que le Hamas avait engagé "une guerre contre l'État d'Israël". "Nous sommes en guerre", a confirmé pour sa part le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, ajoutant que le Hamas paierait "un prix sans précédent" suite à cette offensive surprise. Et M. Netanyahu de préciser que "la guerre sera longue, mais nous vaincrons". Un porte-parole militaire israélien a indiqué sur ce plan dans l'après-midi de samedi que l'état de guerre avait été déclaré en Israël. Cette situation conflictuelle s'est étendue à la frontière avec le Liban où d'importants renforts de l'armée israélienne ont été déployés.

Tard dans la soirée de samedi, des affrontements étaient signalés par des médias israéliens dans 22 secteurs en territoire israélien, à la périphérie de Gaza, tandis que l'aviation israélienne poursuivait son matraquage à Gaza, provoquant d'énormes destructions. En fin de journée, M. Netanyahu a appelé l'opposition à former un gouvernement d'union nationale, signe (traditionnellement) que l'État hébreu se prépare à de graves développements, voire à une guerre généralisée. Mais les premiers contacts samedi soir entre M. Netanyahu et l'opposition n'ont pas abouti à des résultats palpables.

Le film de la journée 

Pour en revenir à la situation sur le terrain, c'est samedi, à l'aube, que la tension s’est gravement détériorée lorsque le Hamas a annoncé le lancement de l'opération "déluge d'Al-Aqsa" contre Israël. Mohammad Deif, commandant des Brigades Ezzedine al-Qassam, a déclaré : "Nous avons décidé de mettre un terme à tous les crimes de l'occupation" (Israël, NDLR), et a affirmé que "plus de 5.000 roquettes" avaient été tirées depuis le début de l'opération. Cette annonce a été diffusée par Al-Aqsa TV, chaîne du Hamas.

 



 

 

 



Une source militaire israélienne a fait état, de son côté, en début de journée samedi, de l'infiltration "d'un nombre indéterminé de terroristes" en territoire israélien "par voies terrestre, maritime et aérienne", pendant que des centaines de missiles s'abattaient en divers points du territoire israélien. L'effet de surprise de cette attaque a pris de court les habitants des kibboutz situés à la périphérie de la bande de Gaza. Cela explique le nombre élevé de victimes côté israélien (une cinquantaine, en début de journée samedi) ainsi que le nombre d'otages, également une cinquantaine, dont des civils et 33 militaires. Le Hamas a notamment prétendu avoir capturé le commandant de la zone sud de l'armée israélienne, information démentie par l'armée israélienne. Des blindés auraient également été saisis par le Hamas. Le président du conseil régional, regroupant les localités israéliennes frontalières du nord-est de la bande de Gaza, a été tué lors des échanges de tirs avec des assaillants venus de Gaza.

Selon le Hamas, des attaques coordonnées auraient été menées sur près de 50 points stratégiques différents en Israël, et les combats se poursuivraient samedi soir dans 22 d'entre eux, engageant entre 200 et 300 miliciens palestiniens encore présents en territoire israélien. Ces miliciens contrôlaient toujours une vaste zone comprenant des kibboutz et des avant-postes de l'armée israélienne le long de la frontière avec Gaza. Dans certaines régions, les miliciens retiennent des otages à l'intérieur de maisons et d'autres bâtiments. De violents échanges de tirs ont lieu à proximité, selon le média israélien Haaretz.

En début d'après-midi, le cabinet restreint israélien a tenu une réunion sécuritaire d'urgence qui a duré plusieurs heures. Des sources israéliennes ont évoqué une vaste cyberattaque, menée par l'Iran, contre les infrastructures israéliennes.

 

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Ahmad Gharabli/AFP

 

 

Proclamation de l'état de guerre


Un porte-parole israélien a indiqué, au cours de la journée, qu'Israël avait déclaré "l'état de guerre" général. De son côté, la chaîne panarabe al-Hadeth rapportait en début de soirée que le gouvernement israélien envisageait de tenir prochainement une réunion pour déclarer "la guerre totale contre Gaza".

Face à cette escalade, des centaines d'habitants du nord-est de la bande de Gaza ont quitté leurs maisons dès le déclenchement de l'offensive militaire du Hamas. Des hommes, femmes et enfants, portant des couvertures et des vivres, ont été observés quittant leurs logements pour se diriger plus profondément dans la bande de Gaza, pendant que les tirs de roquettes continuaient depuis ce territoire en direction d'Israël.

La Société de radiodiffusion israélienne a mentionné que 150 tonnes de munitions avaient été larguées afin de créer une zone tampon entre Gaza et les régions avoisinantes. Le ministre de l'Énergie israélien a, par ailleurs, menacé de couper l'approvisionnement en électricité de la bande de Gaza.

Après avoir appelé à leur évacuation, l'armée israélienne a bombardé plusieurs tours résidentielles à Gaza. Selon Médecins Sans Frontières, l'hôpital indonésien de Gaza et une ambulance devant l'hôpital Nasser ont été touchés par des bombardements. La résidence du chef du Hamas à Gaza, Yahya Sinwar, a également été ciblée.

Le porte-parole des brigades Al Qassem, après ces bombardements, a lancé une menace à l'encontre de Tel Aviv, affirmant que la ville "ne tiendrait plus sur ses pieds" suite à une riposte. Peu après, 150 missiles ont été lancés vers la ville, provoquant l'effondrement de trois bâtiments. Huit blessés ont été répertoriés à Tel Aviv. La réunion du gouvernement israélien a été interrompue à cause des attaques subies par la ville. Des sirènes d'alarme ont retenti dans le centre d'Israël.

Face à ces événements, le Premier ministre Netanyahu a sollicité les dirigeants de l'opposition, Benny Gantz et Yair Lapid, pour former un gouvernement d'unité nationale.

Compte tenu de la situation sécuritaire, le ministre de l'Éducation palestinien a décrété la fermeture des écoles en Cisjordanie et à Gaza.

Appels internationaux à un cessez-le-feu

La violente offensive du Hamas contre Israël a été vivement critiquée dans plusieurs capitales occidentales. Le département d'État des États-Unis a publié un communiqué condamnant "sans équivoque les attaques des terroristes du Hamas contre Israël, y compris contre des civils et des communautés", et affirmant que "les États-Unis soutiennent le droit d'Israël à se défendre". Le président Biden a également mis "en garde tout acteur hostile à Israël cherchant à profiter de la situation" et a promis de fournir à Israël "tous les moyens de soutien appropriés".

De son côté, le ministère russe des Affaires étrangères a appelé les forces israéliennes et palestiniennes à mettre un terme aux hostilités armées.

Le gouvernement italien, dans un communiqué, a rappelé que l'Italie "soutient le droit d'Israël à se défendre" face à "l'attaque brutale subie".

La France, quant à elle, a condamné "avec la plus grande fermeté les attaques en cours contre Israël et sa population", selon le ministère français des Affaires étrangères. Le président Emmanuel Macron a exprimé sa ferme condamnation des "attaques terroristes qui frappent actuellement Israël". Par mesure de sécurité, une vigilance accrue a été mise en place autour des lieux de culte et établissements scolaires juifs en France, notamment à Paris et dans sa banlieue.

L'Allemagne a conseillé à ses ressortissants d'éviter de voyager en Israël et à Gaza. En France, un vol Transavia Paris-Tel Aviv a été annulé.

L'Ukraine, pour sa part, a exprimé son soutien à Israël, reconnaissant son "droit à se défendre lui-même et son peuple" face aux attaques du Hamas.

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L'Espagne s'est dite choquée par la "violence aveugle" des attaques lancées par le mouvement islamiste depuis la bande de Gaza contre Israël. L'Allemagne, la Grande-Bretagne et l'Inde ont exprimé leur solidarité avec Israël, tandis que Moscou a appelé à "la retenue" et à un "cessez-le-feu immédiat".

La présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, a dénoncé vendredi à Bordeaux (sud-ouest de la France) l'attaque "insensée" du Hamas contre Israël. "Cette violence n'est ni une solution politique, ni un acte de bravoure. C'est purement du terrorisme. L'Union européenne se tient aux côtés d'Israël", a-t-elle affirmé.

Le président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan, a exhorté samedi Israéliens et Palestiniens à "agir de manière raisonnable" pour éviter une escalade des violences suite aux attaques lancées par le Hamas depuis la bande de Gaza.

Le ministère brésilien des Affaires étrangères a annoncé samedi son intention de convoquer une réunion d'urgence du Conseil de sécurité des Nations Unies face à "la plus importante attaque contre Israël depuis des décennies". Le Brésil, ayant assuré ce mois-ci la présidence tournante du Conseil de sécurité de l'ONU, a publiquement condamné ces attaques et exprimé sa solidarité avec le peuple israélien. Le chef de l'ONU a notamment appelé à "éviter une extension du conflit" entre Israël et le Hamas.

L'Égypte, de son côté, a appelé Israéliens et Palestiniens à "faire preuve de retenue", après le déclenchement d'une offensive militaire du Hamas depuis la bande de Gaza et les ripostes israéliennes sur l'enclave palestinienne.

Quant à la Jordanie, son ministre des Affaires étrangères a souligné la nécessité de mettre fin à cette "dangereuse escalade", alertant sur les répercussions possibles. Il a également condamné les violations continues d'Israël à l'encontre du peuple palestinien et de ses lieux saints.

Le Koweït a, lui aussi, condamné les attaques israéliennes sur la bande de Gaza, tandis que les Émirats Arabes Unis ont appelé à la "retenue" de part et d'autre

Avec AFP
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