Les actes de violence perpétrés lors du festival de musique électronique «Tribe of Nova » dans le désert du Néguev ont une fois de plus montré à quel point l’utilisation médiatisée de l’horreur peut être un outil puissant pour les organisations extrémistes. Alors que les militants du Hamas ont attaqué le festival, dans le cadre de leur offensive militaire contre Israël, samedi, les images et vidéos de ces attaques ont été volontairement diffusées par le groupe armé sur les réseaux sociaux, puis partagés par les internautes, suscitant une onde de choc à travers le monde. Le point avec L.V, psychanalyste à Paris.
Si la diffusion de vidéos brutales est loin d’être un phénomène nouveau dans le monde des attaques guerrières, celles publiées par le Hamas ces derniers jours se surpassent dans l’horreur. «Les groupes extrémistes ont longtemps compris la valeur de la propagande visuelle pour inciter à la peur, au recrutement et à la démonstration de leur puissance. Dans le contexte de la violence psychologique, montrer la souffrance de victimes innocentes peut avoir un impact profond.» déclare L.V, psychanalyste exerçant à Paris.
«Ce type d’exhibitionnisme vise à traumatiser le monde et à communiquer une menace qui transcende les mots. C’est une tentative de déstabiliser psychologiquement non seulement les victimes directes, mais également toute personne qui est témoin de ces actes, même à distance,» explique-t-il.
L’exhibition des corps : une déshumanisation stratégique
La façon dont le Hamas a traité et montré certains corps, comme celui de la jeune Allemande d’origine israélienne, Shani Louk, révèle une autre facette de cette violence exhibitionniste. «Ces actes, qui vont de l’humiliation publique à la torture, visent à déshumaniser la victime, la transformant en un simple objet de terreur», ajoute le psychanalyste.
Et d’expliquer : «La déshumanisation est un mécanisme par lequel les auteurs de violence justifient leurs actes. En déshumanisant leurs victimes, ils peuvent éviter la culpabilité ou la responsabilité morale, car dans leur esprit, ils n’agressent pas un «vrai» être humain. « À travers le traitement brutal des otages, et l’humiliation publique des victimes au Néguev, les attaquants ont cherché à déshumaniser celles-ci. Ces actes visent non seulement à instiller la peur, mais aussi à démontrer un pouvoir et une dominance sur ceux qu’ils perçoivent comme leurs ennemis,» analyse-t-il.
Le Néguev et le Bataclan : une effroyable similitude
Le Bataclan (salle de concert parisienne où 90 personnes avaient été tuées lors des attentats du 13 novembre 2015) et le festival dans le Néguev, tous deux des lieux de rassemblement, où les gens venaient célébrer la culture et la musique, ont été des cibles de choix. Les attaquants ont choisi ces lieux non seulement pour le nombre élevé de victimes potentielles, mais aussi pour la valeur symbolique qu’ils représentent : des endroits où la liberté, la joie et la culture s’épanouissent. «En attaquant de tels lieux, les terroristes, tout comme les activistes extrémistes du Hamas, cherchent à éroder le sentiment de sécurité et de liberté dans les espaces considéres comme sûrs. Tout comme les images du festival du Néguev ont été diffusées en temps réel, les attaques du Bataclan ont également été largement médiatisées. Les témoignages en direct, les vidéos et les images partagés sur les réseaux sociaux ont amplifié la terreur bien au-delà du lieu de l’attaque. Dans les deux cas, les attaquants savaient que leur violence serait diffusée à grande échelle, augmentant ainsi l’impact de leurs actes,» poursuit l’analyste.
Les réseaux sociaux : une arme à double tranchant
Et L.V d’ajouter: «Si les réseaux sociaux peuvent servir de plateforme pour la diffusion de ces vidéos traumatisantes, ils peuvent également devenir un lieu de résistance et de solidarité. Les citoyens du monde entier peuvent s’unir pour condamner ces actes et offrir leur soutien aux victimes et à leurs familles». «Bien que les contextes et les auteurs des attaques contre Le Bataclan et le festival dans le Néguev soient différents, le modus operandi et l’utilisation stratégique de la terreur sont semblables. Ces deux événements offrent un aperçu effrayant de la manière dont la violence exhibitionniste est utilisée comme outil de terreur,» explique le psychanalyste.
Réaction mondiale et solidarité
L’attaque du festival dans le Néguev a suscité une vague d’indignation et de soutien international et a divisé l’opinion publique, selon les pays et leurs relations à Israël. «Il est vrai que le peuple palestinien a été et est toujours injustement opprimé, qu’il rumine sa revanche pour se départir d’un statut de réfugié dans son propre pays qui lui a été imposé ; et que tous les traumatismes vécus se soient transmis de génération en génération, il n’en demeure pas moins que le Hamas, groupe extrémiste qui n’a pas l’aval de l’ensemble de la population palestinienne de Gaza, commet, depuis le début de l’opération militaire contre Israël, des exactions qu’aucun pétage de câble ne saurait justifier ou excuser… » conclut le psychanalyste.
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