Recep Tayyip Erdogan semble être convaincu des bienfaits de la realpolitik. Le président turc islamo-conservateur a fait un revirement spectaculaire hier en appelant de ses voeux un rapprochement avec Israël dans le but de faire bénéficier son pays d'un projet de gazoduc. Intitulé EastMed, ce projet, jadis soutenu par Trump, prévoyait d'acheminer de la Méditerranée orientale, y compris d'Israël, le gaz vers les marchés européens via la Grèce, ennemi historique d'Ankara.
Mais selon les médias israéliens et turcs, Washington aurait informé la Grèce la semaine dernière ne plus soutenir le projet à cause des tensions que celui-ci provoquait avec Ankara.
"Je pense que les Etats-Unis se sont retirés après avoir fait des analyses financières et constaté qu'il n'y avait aucun bénéfice à en tirer", a estimé le chef de l'Etat turc.
Après le retrait des Etats-Unis, un nouveau projet de pipeline, qui transiterait désormais par la Turquie, pourrait, selon M. Erdogan, voir le jour.
Le président, connu pour son aversion envers l'Etat d'Israël, est allé jusqu'à inviter le président israélien à Ankara: "Nous avons eu des entretiens avec le président israélien (Isaac) Herzog. Il pourrait visiter la Turquie. Le Premier ministre (Naftali) Bennett a aussi une approche positive", a-t-il ajouté.
Les relations entre Ankara et Israël sont tendues depuis l'incident du Mavi Marmara en 2010, lorsque des forces israéliennes ont lancé un assaut meurtrier sur un navire turc tentant d'acheminer de l'aide à Gaza.
Les deux pays avaient rappelé leurs ambassadeurs en 2018 après la mort de manifestants palestiniens à Gaza.
Selon le président turc, la coopération entre les deux pays pourrait être basée sur le principe de "gagnant-gagnant".
"Si nous voulons faire de la politique, cela ne peut se faire par la confrontation. Nous devons poursuivre la politique sur le chemin de la paix", a-t-il affirmé.
Cette démarche diplomatique turque intervient à un moment où la Turquie connaît de graves problèmes économiques exacerbés par la montée en flèche de l'inflation. Les politiques monétaires de Erdogan et son ingérence dans la politique de la banque centrale turque, notamment par le biais des remplacements fréquents de gouverneurs, menacent la popularité du président qui entend renforcer la position de son parti, l'AKP, lors des élections générales de 2023.
Avec AFP
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