Le cancer du sein est la tumeur la plus fréquente chez la femme. C’est aussi celle qui guérit le plus, si elle est diagnostiquée à un stade précoce. D’où l’importance de ne pas rater son rendez-vous annuel avec la mammographie.
Le cancer du sein est indéniablement la tumeur la plus fréquente chez la femme. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il touche une femme sur huit au cours de sa vie. Au Liban, il constitue plus de 35% des cancers diagnostiqués chez elle, selon le Registre national du cancer, dont les chiffres n’ont plus été remis à jour depuis 2016. La tumeur mammaire est aussi celle qui bénéficie largement des traitements, puisque les taux de guérison et de survie à dix ans peuvent frôler les 90%, à condition qu’elle soit diagnostiquée à un stade précoce. D’où l’importance de ne pas rater le rendez-vous annuel avec la mammographie, d’autant que dans la majorité des cas, les femmes qui développent un cancer du sein n’ont aucun facteur de risque à part le fait d’avancer en âge et d’être une femme.
En cet Octobre rose donc, dédié à la sensibilisation au cancer du sein, les médecins invitent les femmes à être nombreuses à se faire dépister une fois par an… à partir de l’âge de 40 ans, en l’absence d’un antécédent familial. Chez les femmes dont une parente du premier degré, c’est-à-dire la mère ou la sœur, a été atteinte de la maladie avant l’âge de 50 ans, le dépistage doit commencer dix à quinze ans plus tôt que l’âge de la première patiente.
«Au Liban, comme dans les pays méditerranéens, plus de la moitié des cas surviennent avant l’âge de 50 ans contre 60 ans dans les pays occidentaux», explique à Ici Beyrouth Jinane Slaba, radiologue-sénologue, spécialiste en imagerie des seins. Les causes de ce phénomène ne sont pas encore connues. «Elles ne sont probablement pas génétiques, puisque les études menées à ce jour en ce sens montrent qu’au Liban, les mutations génétiques ne sont pas plus nombreuses chez les familles qui ont un cancer du sein héréditaire que celles observées dans les pays occidentaux», constate-t-elle. Et la Dr Slaba de rappeler qu’au nombre des facteurs de risque du cancer, «le fait d’avoir moins d’enfants ou d’avoir son premier enfant après l’âge de 30 ans», une alimentation pauvre en fibres et riches en gras, ainsi que la consommation excessive d’alcool, «les études ayant démontré qu’il suffit de boire un verre d’alcool par jour pour que le risque du cancer du sein augmente».
Quatre types de seins
La densité des seins constitue également un facteur de risque. «La densité mammaire vue à la mammographie reflète la proportion du tissu glandulaire par rapport au tissu graisseux du sein, explique la Dr Slaba. Elle n’a aucun lien avec la taille, la texture ou la fermeté du sein. Les radiologues pourraient avoir plus de difficultés à détecter un cancer chez les femmes dont la densité mammaire est très élevée, c’est-à-dire des seins de type C ou D.»
De fait, les seins sont divisés en quatre catégories. «Ceux de type A sont à majorité graisseuse, le tissu fibroglandulaire occupant moins de 25% du sein, précise la Dr Slaba. Dans ceux de type B, le tissu mammaire occupe 25% à 50% du sein. Dans les seins de type C, il occupe 51 à 75% du sein et dans ceux de type D, il occupe plus de 75% du sein.»
Si les seins sont denses, «on voit moins une tumeur à la mammographie, vu que le cancer et la fibrose ont la même densité», fait remarquer la Dr Slaba. D’où la nécessité d’accompagner la mammographie d’une échographie, ce qui se fait dans la majorité des cas, et parfois aussi d’une IRM, si les seins sont de type D et chez les femmes ayant un antécédent familial de cancer du sein». «La Société européenne de radiologie recommande d’ailleurs que ce complément d’examen soit fait tous les deux ans si la femme a des seins de type D, puisque la mammographie et l’échographie peuvent être en défaut, note-t-elle. C’est-à-dire qu’elles ne suffiront pas, à elles seules, pour diagnostiquer le cancer à un stade précoce, lorsque la tumeur est encore de petite taille et localisée.»
Ennemi numéro un
Jinane Slaba insiste sur l’importance du dépistage annuel, d’autant qu’aucune femme «n’est à l’abri». «Il n’y a aucun complot, martèle-t-elle. D’ailleurs, en 2020, d’après l’OMS, l’incidence la plus élevée de cancer du sein a été enregistrée en Belgique, suivie des Pays-Bas, alors que le plus haut taux de mortalité a été signalé dans les pays pauvres où la sensibilisation fait défaut et où les femmes n’ont pas accès aux soins et surtout au dépistage. D’ailleurs, le plus grand exemple des méfaits d’un retard de diagnostic a été le Covid-19. Les campagnes de dépistage ont été suspendues pendant un an, au terme duquel les tumeurs ont été découvertes, à l’échelle mondiale, à un stade plus avancé.»
Et la Dr Slaba de conclure: «Il ne sert à rien de jouer à l’autruche, parce que nous pourrons être touchées par ce cancer à n’importe quel moment. C’est notre ennemi numéro un et c’est notre combat à nous toutes. Nous n’avons donc pas d’autre solution que de le découvrir tôt et cela n’est possible qu’en se faisant dépister. Il faut assumer ses responsabilités envers soi-même. Si on ne peut pas faire face à notre angoisse, qu’on se fasse accompagner par la personne qui peut la partager avec nous. On peut même maquiller cette journée par une petite sortie entre amies. Il y a toujours une clé.»
Lire aussi
Commentaires