Le cinéma, souvent, éclaire l’histoire. C’est le cas avec Killers of the Flower Moon, le dernier chef-d’œuvre du réalisateur américain Martin Scorsese. Prévu pour sortir le 20 octobre aux États-Unis et le 18 en France, ce film retrace un chapitre sombre de l’histoire américaine: les meurtres systématiques du peuple Osage en Oklahoma au début du XXe siècle, visant l’accaparement de leurs richesses pétrolières.
Historiquement installée dans la vallée de la rivière Ohio et du Mississippi, la tribu des Osages a été contrainte de migrer vers des terres moins accueillantes de l’Oklahoma à la fin du XIXe siècle. Mais une particularité distinguait leur terrain: ils étaient les propriétaires exclusifs de toute ressource minérale qui y serait découverte.
C’est en 1906 qu’un accord inédit est signé avec le gouvernement fédéral américain. Les droits d’exploitation des minerais, notamment du pétrole, ne peuvent être cédés, vendus ou même exploités par une tierce partie sans l’approbation des Osages.
La découverte d’un champ pétrolifère riche sur leurs terres transforme leur statut économique. Pour l’année 1923 seulement, leurs revenus s’élèvent à plus de 400 millions de dollars d’aujourd’hui. Cet afflux soudain de richesse, loin d’être une bénédiction, attira la convoitise des pionniers blancs, déclenchant une série d’événements tragiques.
Le règne de la terreur: une période sanglante pour les Osages
Entre 1921 et 1925, une vague de meurtres et de décès inexpliqués s’abat sur la communauté Osage. Les victimes, principalement issues de familles prospères, semblent être ciblées pour leurs richesses. Mollie Kyle Burkhart voit sa famille décimée: assassinats, empoisonnements, explosions. La liste des tragédies semble sans fin.
La réponse des autorités n’est pas immédiate. Mais devant l’ampleur des événements, le «Bureau of Investigation» (futur FBI) intervient en 1925. L’enquête révèle finalement une conspiration sinistre orchestrée par le mari blanc de Mollie, Ernest Burkhart, et son oncle William Hale. Ces derniers sont condamnés à perpétuité pour avoir orchestré plusieurs de ces meurtres dans l’intention d’hériter des droits pétroliers des Osages.
David Grann, auteur de La Note américaine, qualifie cet épisode d’«une série de meurtres à grande échelle», soulignant la prédominance des acteurs externes cherchant à usurper les droits des Osages.
Le passé ressurgit
Aujourd’hui, les retombées financières du pétrole ont largement diminué pour les Osages, et une partie importante des droits d’exploitation est entre les mains de non-Osages. Cependant, cette période douloureuse reste gravée dans la mémoire collective de la tribu, qui a activement participé au tournage du film de Scorsese. Le cinéaste, fidèle à sa réputation, a veillé à une représentation authentique, faisant appel à des acteurs Osage et à des éléments culturels propres à la tribu.
Ce film, au-delà de son aspect divertissant, offre une occasion de réflexion sur la cupidité, le racisme et l’exploitation, tout en rendant hommage à une communauté qui a tant souffert dans l’ombre de l’histoire américaine.
Avec AFP
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