Questions identitaires: l’univers scénique existentiel de Yasmina Reza
Du 19 septembre au 15 octobre 2023, après sa pièce Anne-Marie la Beauté présentée en 2021 à La Colline à Paris, Yasmina Reza est revenue cette année avec une nouvelle création, James Brown mettait des bigoudis. Il s'agit d'une fantaisie au sens musical du terme sur l’identité et la différence.
Dans une ambiance singulière, la mise en scène de Yasmina Reza emmène le spectateur d’un asile à la solitude de l’âge, traversant tous les rêves et les chimères laissés en chemin. «Cette nuit, j’ai rêvé qu’il s’était mis à coudre sur ton petit tambour à broder… est-ce le rêve d’un père?» écrit Yasmina Reza. La pièce est interprétée par Micha Lescot, André Marcon, Alexandre Steiger, Josiane Stoléru, Christèle Tual et le musicien Joachim Latarjet.
Les phrases épurées de Yasmina Reza, son style à la fois simple et ironique, ses écrits contemporains et poignants, ainsi que son théâtre chargé de sens sont tous présents. C’est aussi tangible que les bigoudis de James Brown ou la voix de Céline Dion. Le public se reconnaît dans les détails du quotidien. Les réalités de tous les jours se reflètent dans une chambre d’asile; la scène épouse la nature et les événements s’enchaînent.
La pièce s’articule autour d’une série de questionnements, plongeant le spectateur dans des interrogations existentielles et philosophiques sur le genre, l’identité, la solitude, les figures imaginaires, l’espace et le temps. L’œuvre de Yasmina Reza s’inscrit comme un théâtre au cœur du vaste théâtre de notre existence.


La trame
«Des personnages, abandonnés dans les pages des romans, aspirent à renaître. C’est le cas de Jacob Hutner, aperçu avec ses parents dans un chapitre d’Heureux les heureux de Yasmina Reza, qui combine mélancolie et humour grâce à son style singulier. Dans James Brown mettait des bigoudis, Jacob se trouve désormais dans une maison de repos, située dans un endroit indéfini, au cœur d’une nature ordonnée et stoïque. Il y rencontre un ami, Philippe. Tandis que Jacob s’identifie à Céline Dion ou souhaite être la chanteuse, Philippe, un homme blanc, se voit en homme noir ou aspire à l’être. Leur niveau de lucidité demeure incertain. De quoi sommes-nous faits? On dit qu’aucun être humain ne se construit sans projection ni modèle. La psychiatre à qui les parents ont confié Jacob ne cherche pas à ramener les patients à leur essence initiale, mais à les harmoniser pour leur permettre d’assumer leur émancipation.»
Marie-Christine Tayah
Instagram: @mariechristine.tayah
 
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