Actuellement à l’atelier Maher Attar à Gemmayzé, et ce jusqu’au 2 novembre, se déroule une exposition rétrospective célébrant le centenaire de l’artiste libanais Jean Khalifé. Bien que le pays traverse une période d’instabilité, cette exposition, prévue depuis des mois, n’a pas été reportée. Un grand nombre de visiteurs, collectionneurs et amateurs d’art ont afflué pour admirer les œuvres de l’artiste, en compagnie de son fils Jim Khalifé et de sa famille.
Il y a 60 ans, Jean Khalifé écrivait: «Le monde extérieur n’est qu’un accessoire. Mes peintures, je les porte en moi, comme si elles étaient ancrées dans ma peau.» Cet artiste rebelle, pour qui une peinture est une fusion de formes et de couleurs, maîtrisait à la perfection les techniques classiques. Tout en étant conscient des limites des théories, il a développé sa propre vision, s’éloignant progressivement du style figuratif pour donner priorité à ses couleurs et formes, capturant ainsi les émotions des spectateurs. Même un siècle plus tard, ses toiles continuent d’évoquer sensations et rêveries, plongeant le regard dans un monde d’histoires fantastiques.
Jean Khalifé, souvent critiqué et incompris, est pourtant l’un des précurseurs de l’art abstrait au Liban. Lorsqu’il s’est tourné vers l’abstraction dans les années 1950, nombreux étaient ceux qui rejetaient cette nouvelle forme d’expression. Pourtant, indifférent aux critiques, il a persisté et a ouvert la voie à de nombreux artistes, marquant son style par des coups de pinceau vigoureux, des compositions audacieuses et une palette de couleurs vibrantes.
Ses œuvres, empreintes de symboles, sont autant d’allégories métaphysiques qui invitent à l’interprétation personnelle. Inspiré par les cultures libanaises et orientales, il a su naviguer entre abstraction et figuration.
Au cours de sa carrière, Jean Khalifé a participé à 65 expositions, tant individuelles que collectives, à travers le monde. Des biennales en passant par le Liban, la France, l’Angleterre, l’Italie, la Syrie, le Japon et le Brésil ont jalonné son parcours. Originaire de Hadtoun, il a étudié à l’Académie libanaise des beaux-arts puis à Paris, avant de présider l’Association des artistes libanais et d’enseigner la peinture.
L’exposition présente une collection soigneusement restaurée de ses œuvres novatrices, notamment de magnifiques peintures à l’huile et des œuvres sur carton réalisées à la tempéra, aux pastels et à l’aquarelle.
L’atelier Maher Attar, situé dans une maison traditionnelle libanaise à Gemmayzé, offre un cadre chaleureux pour cette exposition. Rénové par le photographe Maher Attar, l’espace est agrémenté d’une musique jazz et d’un éclairage soigné qui met en valeur les œuvres de Khalifé. Grâce à l’organisation méticuleuse du Dr Tony Karam, l’exposition ressuscite les trésors cachés de l’artiste. Le vernissage, en présence de la famille de l’artiste, fut un moment riche en émotion, soulignant combien l’art peut apporter réconfort et espoir en des temps incertains.
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