Avec «Behind the Canvas», Rawia Ghandour Zantout révèle l’envers du regard
Behind the Canvas de Rawia Ghandour Zantout, au Park Palace Building, Downtown Beirut, jusqu’au 24 décembre. ©Ici Beyrouth

À Beyrouth, l’exposition «Behind the Canvas» de Rawia Ghandour Zantout investit le Park Palace Building, au centre-ville, jusqu’au 24 décembre. Une peinture stratifiée et introspective où matière, couleur et lumière dialoguent, invitant le regard à franchir la surface pour accéder à l’invisible.

Au cœur du centre-ville de Beyrouth, «Behind the Canvas» s’impose comme l’un des rendez-vous artistiques sensibles de cette fin d’année. Présentée au Park Palace Building, au rez-de-chaussée, face au restaurant Plume, l’exposition est ouverte au public du 18 au 24 décembre, tous les jours de 11h à 18h, après une soirée d’ouverture tenue le 18 décembre de 16h à 20h.

Cette nouvelle exposition de l’artiste libanaise Rawia Ghandour Zantout dévoile une série inédite de peintures conçues comme des territoires de superposition et de retenue. Ici, la toile n’est jamais un simple support : elle devient un espace de dépôt, de retrait et de reprise, où chaque couche conserve la trace d’un geste, d’un affect ou d’un silence. La matière est dense sans être saturée, travaillée dans un dialogue constant entre couleur et lumière, entre apparition et effacement.

«Behind the Canvas» est née d’un moment de pause dans le parcours de l’artiste. Une suspension volontaire, presque nécessaire, pour revenir à l’essence même de l’acte de peindre. Cette décélération innerve l’ensemble du travail présenté: rien n’est frontal, rien n’est imposé. Les œuvres se livrent dans un temps lent, invitant le regardeur à s’approcher, à observer les surfaces comme on lirait un palimpseste, attentif aux traces, aux tensions et aux respirations.

La peinture de Rawia Ghandour Zantout ne raconte pas, elle suggère. Elle ouvre des espaces de projection où chacun peut reconnaître des fragments de mémoire, des sensations diffuses, des états intérieurs sans nom. Les formes affleurent puis se retirent, laissant place à une expérience profondément subjective. C’est précisément dans cette économie du visible que réside la force du travail : accepter que l’essentiel ne se donne jamais d’emblée.

Lors de l’ouverture, l’exposition a réuni amateurs d’art, collectionneurs et acteurs de la scène culturelle libanaise dans une atmosphère d’échange attentif. Les conversations se sont nouées naturellement autour des œuvres, confirmant la capacité de cette nouvelle série à instaurer une relation intime entre la peinture et celui qui la regarde. Plusieurs visiteurs ont salué la cohérence de ce corpus et la maturité d’un langage pictural qui assume pleinement sa part de silence et de profondeur.

Accessible jusqu’au 24 décembre, «Behind the Canvas» offre un espace de respiration artistique, à l’écart du spectaculaire et de l’immédiateté. Une exposition qui invite à ralentir, à regarder autrement, et à accepter que la peinture soit aussi ce qui se joue avant, derrière et au-delà de ce qui apparaît.

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