«No Man's Land» loin des guerres
Au cœur des rues érodées de Johannesburg, No Man's Land, une parade particulière a pris vie, le 21 octobre 2023, fusionnant la tradition des ménestrels avec un commentaire social poignant. Orchestré par Le Centre pour les moins bonnes idées, cofondé par l’artiste renommé sud-africain, William Kentridge, cet événement a résonné bien au-delà de ses frontières initiales.
D’apparence, No Man's Land était une parade de rue classique: des ménestrels en marche, des majorettes et des individus vêtus de costumes chatoyants. Le défilé, suivi avec fascination par des enfants du quartier dont un jeune garçon au t-shirt usé, a su capter l’attention des résidents de ce coin rugueux de la ville. Cependant, ce qui distinguait cette parade était l’intégration des habitants les plus démunis de Johannesburg, les «recycleurs». Ces individus, fouillant souvent les déchets à la recherche d’objets récupérables, cherchent à tirer un maigre revenu de leurs découvertes.
L’événement, imaginé, créé et conçu par le chorégraphe et danseur Sello Pesa, marque la dixième saison du centre situé dans le district de Maboneng, cœur battant de l’épicentre économique sud-africain. Avec cette initiative, Pesa vise à mettre en lumière les sociétés marginalisées qui influencent l’art, interrogeant leur rencontre dans des espaces publics. «Mon objectif est d’examiner les sociétés négligées qui alimentent l’art et d’explorer comment elles peuvent se croiser dans l’espace public, tout en introduisant ce qui est jeté dans une zone éclatante et chic», déclare-t-il. Il a également évoqué les origines diverses des participants à la parade, ajoutant: «La dernière fois, il y avait des hommes congolais travaillant comme gardiens de sécurité ou préposés au stationnement. Cette fois-ci, les recycleurs viennent principalement du Lesotho.» Parmi les moments phares, Teresa Phuti Mojela, danseuse, portait une robe conçue à partir de déchets, symbolisant avec force la dégradation environnementale. Elle déclare: «C’est ce que traverse notre planète. Il fait chaud sous ma jupe. Tout comme dans la planète.»


Accompagnés de leurs chants a cappella et de leurs instruments improvisés, ces recycleurs ont suscité à la fois la joie et une réflexion sur les disparités socioéconomiques. Ressemblant par moments au Mardi Gras de la Nouvelle-Orléans, le cortège a défilé dans le district, escorté par des voitures de police et acclamé par la foule. L’espace d'un instant, la parade a offert une pause éphémère aux spectateurs, les éloignant des tracas quotidiens de leur existence.
Avec AFP
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