Le chemin de la Palestine ne passe-t-il que par le Liban?

Le Liban est le seul pays qui continue de subir de plein fouet les conséquences de la cause palestinienne et ce depuis 1948.
La principale raison revient au fait que le Liban n'a jamais été un État fort capable d'imposer sa souveraineté sur l'ensemble de son territoire et de prendre des décisions en matière de guerre et de paix. En effet, c'est le Liban qui a accordé à l'Organisation de libération de la Palestine le droit de mener des opérations militaires à partir de son territoire, conformément à l'accord du Caire en 1969. Partants, les combattants palestiniens se retrouvent omniprésents sur le sol libanais, se heurtant souvent à l'armée libanaise, notamment sous la présidence de Sleiman Frangié en 1972 et 1973. Cependant, des médiations politiques et autres compromis ont empêché l'armée de remporter une victoire décisive contre ces factions, jusqu'à ce que la guerre éclate avec elles au Liban. Ce sont les chrétiens qui les ont d’abord affrontés jusqu'en 1982, lorsque Yasser Arafat est sorti de Beyrouth pour revenir à Tripoli, au Liban nord, en 1983, après avoir combattu l'armée syrienne, pour en ressortir de nouveau.
La présence de l'armée palestinienne et l'absence de l'État libanais pour y faire face ont entraîné des attaques israéliennes contre le Liban, par voie terrestre, maritime et aérienne. Il y a eu l'opération du Litani en 1978, suivie de l'invasion israélienne en 1982. Sans oublier les nombreuses victimes enregistrées au cours de ces années.

L'État libanais n'a tiré aucune leçon de ces événements et n'a pas pris de mesures pour éviter que le Liban et les Libanais ne paient le prix fort en raison de la cause palestinienne. Dans ce contexte, il est essentiel de souligner que le rôle joué par le Hezbollah en tant que force armée visant à libérer le territoire libanais de la présence israélienne est incontestable, et personne ne peut s'opposer à tout Libanais qui souhaite résister à une agression contre les terres libanaises. Cependant, le problème réside dans le rôle régional du Hezbollah, basé sur un projet visant à éliminer Israël. C’est ainsi qu’un acteur libanais a resurgi pour lier le destin du Liban et des Libanais à l'évolution de la cause palestinienne, non par le biais de négociations et de solutions pacifiques, mais par la guerre. C'est ce qui se passe aujourd'hui avec le Hezbollah qui combat Israël au nom de cette cause, tout en rappelant que des terres libanaises sont toujours occupées par Israël, alors que le «Fatahland» est toujours présent d'une manière ou d'une autre, laissant la voie libre aux factions du Hamas et du Jihad islamique de mener des opérations militaires depuis le Liban sud, en l'absence totale de l'État libanais.
La deuxième raison pour laquelle le Liban est le seul à payer le prix de la cause palestinienne est liée à la division libanaise sur cette question. En effet, une partie des Libanais se rallie à cette cause au détriment de toute unité nationale. Les sunnites se sont rangés du côté de l'Organisation de libération de la Palestine et l'ont soutenue aux dépens de l'État, de l'armée et de leurs autres partenaires dans le pays. Aujourd'hui, les chiites suivent ce même schéma en adoptant le projet iranien qui vise à éliminer Israël, faisant fi de l'État libanais, de son autorité, de son armée et des autres composantes nationales, allant jusqu'à paralyser les institutions constitutionnelles, notamment la présidence de la République.
En résumé, ce n'est pas en vain que Salah Khalaf, alias «Abou Ayyad», avait lancé le slogan «Le chemin de la Palestine passe par Jounié». Depuis lors et jusqu'à présent, les événements ont confirmé que le chemin de la Palestine passe effectivement par le Liban.
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