L'armée israélienne accroît l'étendue de son intervention au sol
©(Photo de MAHMUD HAMS/AFP)
L'offensive israélienne sur Gaza se poursuit sur terre et dans l'air, alors que la situation humanitaire devient de plus en plus critique pour les Palestiniens. 

L'ONU a mis en garde dimanche contre l'effondrement de "l'ordre public" dans la bande de Gaza après des pillages de ses centres, alors que l'armée israélienne intensifie ses bombardements, mais aussi ses opérations terrestres dans ce territoire palestinien où l'aide humanitaire entre au compte-goutte.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a évoqué samedi une "deuxième étape" du conflit contre le mouvement islamiste Hamas et dit s'attendre une guerre "longue et difficile" à Gaza, où le CICR a dénoncé un "échec (humanitaire) catastrophique".

L'armée israélienne, qui opère au sol depuis vendredi soir avec des soldats et des blindés, a annoncé dimanche accroître les effectifs de ses troupes et l'étendue de ses opérations au sol dans la bande de Gaza. Elle continue parallèlement d'intensifier ses bombardements --des avions de combats ont frappé "450 cibles" du Hamas, dont des centres de commandement, samedi--, en représailles à l'attaque sanglante sans précédent perpétrée par le Hamas le 7 octobre en Israël.

Le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, affirme lui que plus de 8.000 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans les bombardements israéliens incessants depuis le début du conflit.

Depuis le 9 octobre, Israël a imposé un "siège total" à Gaza, interrompant les approvisionnements en eau, électricité et nourriture, alors que le territoire où s'entassent 2,4 millions d'habitants était déjà soumis à un blocus israélien depuis 2007. Seuls 84 camions d'aide humanitaire ont pu arriver via l'Égypte depuis le 21 octobre.

Dans ce contexte, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a dit craindre un écroulement de "l'ordre public" à Gaza, après des pillages de ses centres.

"Des milliers de personnes ont pénétré (samedi) dans plusieurs entrepôts et centres de distribution de l'UNRWA dans le centre et le sud" du territoire, a affirmé l'agence onusienne dans un communiqué publié dimanche. "C'est un signe inquiétant que l'ordre civil commence à s'écrouler".

Un "grand nombre" de Palestiniens sont morts dans la nuit de samedi à dimanche lors de frappes aériennes sur deux camps de réfugiés du nord de Gaza, selon le Hamas.

Dans la nuit, un soldat israélien a lui été grièvement blessé par des obus de mortier dans le nord de la bande de Gaza, et un autre légèrement touché lors de combats avec des membres du Hamas, selon l'armée israélienne.
"Échec catastrophique"

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a déploré samedi l'"escalade sans précédent des bombardements" qui "compromettent les objectifs humanitaires", appelant une nouvelle fois à un cessez-le-feu immédiat.

La présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) Mirjana Spoljaric s'est dite "choquée par le niveau intolérable de souffrance humaine", dénonçant "un échec catastrophique que le monde ne doit pas tolérer".


Parlant de guerre "longue et difficile", Benjamin Netanyahu a assuré samedi que l'armée israélienne "détruira(it) l'ennemi sur terre et sous terre", une référence au réseau de centaines de kilomètres de tunnels souterrains d'où le Hamas dirige ses opérations, selon Israël.

L'objectif de cette "deuxième étape de la guerre" est "clair : détruire les capacités militaires et la direction du Hamas, ramener les otages à la maison", a affirmé M. Netanyahu après avoir rencontré les familles des captifs du Hamas.

Le chef du mouvement islamiste à Gaza, Yahya Sinouar, qui s'est exprimé samedi soir pour la première fois depuis le 7 octobre, a déclaré être prêt "à conclure immédiatement un échange pour faire libérer tous les prisonniers dans les prisons de l'ennemi sioniste contre tous les otages".

L'armée israélienne a, elle, appelé les civils du nord de Gaza "à se déplacer temporairement au sud du cours d'eau de Wadi Gaza, vers une zone plus sûre où ils pourront recevoir de l'eau, de la nourriture et des médicaments".

"Demain (dimanche, ndlr), les efforts humanitaires à Gaza, menés par l'Égypte et les États-Unis, seront accrus", a-t-elle affirmé.

Samedi, elle avait renouvelé son appel aux habitants de Gaza-ville (nord) à "partir immédiatement" vers le sud. Mais Ibrahim Shandoughli, un père de famille âgé de 53 ans, a confié à l’AFP qu’il resterait dans sa ville de Jabaliya (nord). "Où voulez-vous qu’on évacue ?, c’est dangereux partout", a-t-il dit.

L'intensification des bombardements sur Gaza a coïncidé avec une coupure des communications et d'internet, compliquant encore la tâche des humanitaires. Mais le réseau était en cours de rétablissement dimanche, selon l'organisme de surveillance du réseau Netblocks.

Les médicaments manquent aussi et certaines opérations chirurgicales sont réalisées sans endormir les patients, en raison de la pénurie de produits anesthésiques, a alerté samedi MSF.

La Turquie a fustigé des "massacres" à Gaza, entraînant le rappel par Israël de ses diplomates dans ce pays. L'Arabie saoudite a dénoncé une violation "injustifiée" du droit international.

La communauté internationale redoute un embrasement régional, alors que l'Iran, soutien du Hamas et du Hezbollah libanais, a lancé des avertissements aux États-Unis, proche allié d'Israël.

La tension est aussi très vive en Cisjordanie occupée depuis 1967, où trois Palestiniens ont été tués dimanche matin par des tirs de l'armée israélienne, selon le ministère de la Santé de l'Autorité palestinienne. Depuis le 7 octobre, plus de 110 Palestiniens ont été tués par des soldats ou des colons israéliens.

Marie de La Roche Saint-André, avec AFP
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