De forteresses de guerre en «musée insulaire»
©Chao Kai-Chih curateur et artiste. Crédit photo: Annabelle Chih / AFP
Situé au large des côtes taïwanaises, l’archipel de Matsu, autrefois symbole de fortifications militaires, connaît une métamorphose en «musée insulaire», cherchant à fusionner son passé guerrier avec l’art contemporain. Cette évolution est mise en lumière par la biennale d’art de Matsu, une exposition se déroulant jusqu’à la mi-novembre.

Crédit photo: Annabelle Chih / AFP

Parmi les installations, figure Votre pays a besoin de vous: gloire du Jun Hun, un projet éclairant une ancienne centrale militaire d’une lumière cramoisie évocatrice, symbolisant la menace historique d’une incursion chinoise. Bien que de nombreuses œuvres célèbrent le charme naturel de Matsu, certains artistes ont choisi d’explorer sa riche histoire militaire. Le concepteur lumière Liu Ping-yi, en collaboration avec Annie Chu, a utilisé la lumière et le son pour transporter les visiteurs dans le passé, leur permettant d’imaginer l’ambiance de Matsu en temps de guerre. Il précise: «Nous voulions utiliser la lumière pour permettre aux visiteurs de retourner à une époque révolue et comprendre comment les soldats et les civils vivaient sur l’île à cette époque.»

Crédit photo: Annabelle Chih / AFP

Après leur retraite de Chine en 1949, à la suite d’une défaite dans la guerre civile, les forces nationalistes ont fortifié Matsu, en faisant un bastion militaire essentiel. En réponse aux tirs d’artillerie périodiques de la Chine, les îles ont été équipées de passages souterrains et de défenses anti-aériennes. Ces bombardements ont duré jusqu’en 1979.

Lee Ro-Me curatrice.
Crédit photo: Annabelle Chih / AFP


Aujourd’hui, de nombreuses infrastructures militaires à Matsu sont abandonnées. Certains de ces tunnels ont été restaurés pour le public. La biennale propose également des représentations auditives du passé dans un abri anti-aérien et une ancienne salle de spectacle militaire ornée de caractères chinois découpés, issus de lettres envoyées aux habitants et au personnel militaire de l’île.

Crédit photo: Annabelle Chih / AFP

Une sculpture en forme de baleine sur une plage et construite à partir de restes de navires de Matsu attire l’attention des visiteurs. Wang Chung-ming, le magistrat de Matsu, exprime le désir du comté de se détacher de sa réputation d’île «de première ligne» pour refléter le concept de musée insulaire, axé principalement sur le tourisme.

Crédit photo: Annabelle Chih / AFP

Stratégiquement situées près du détroit de Taïwan, ces îles ont souvent été au cœur des tensions géopolitiques. L’artiste Chao Kai-chih, participant à la biennale, a commenté la résilience de la communauté. Chao, âgé de 66 ans, a évoqué son enfance à Matsu sous l’administration militaire, rappelant les réglementations strictes. Il met en lumière l’aspiration collective de la communauté: «Nous voulons la paix, nous ne voulons pas la guerre et ce que nous pouvons faire est de transformer Matsu en île d’art.» Enfin, le magistrat espère que la biennale stimulera le tourisme, un secteur en déclin significatif en raison des restrictions frontalières prolongées induites par la pandémie. Bien que Wang reconnaisse l’allégeance politique de Matsu à Taïwan, il estime que son avenir économique réside dans des liens plus étroits avec le continent.

Avec AFP
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