Saad Hariri s’exprimera lundi lors d’une conférence de presse pour annoncer sa décision ainsi que celle de son parti, le courant du Futur, concernant leur participation aux prochaines élections législatives.
Le retour de l’ancien Premier ministre Saad Hariri fait décidément le buzz depuis son arrivée à Beyrouth mercredi soir, après six mois d’absence. Sa décision concernant sa participation et celle de son parti - le courant du Futur - aux législatives de mai 2022 tient en haleine la scène politique libanaise, et plus particulièrement la rue sunnite, intriguée par le cours des évènements.
Pour le moment, aucune indication ou position officielle n’a été avancée par le courant du Futur, en dépit du rythme soutenu des réunions organisées par le leader sunnite avec les membres de son bloc parlementaire et les cadres de son parti. Le morceau ne sera donc pas lâché avant la conférence de presse qui se tiendra lundi, au terme d'un dernier marathon de concertations durant le week-end, d’après les échos proches du milieu haririen.
Une communauté perplexe
Tant de mystère et de suspense pour un choix qui impactera une grande majorité de la rue sunnite, confuse par un éventuel scénario de boycott des élections législatives par Saad Hariri. En effet, la communauté sunnite aujourd’hui "fait face à une crise existentielle à cause de sa situation sociale, économique et politique", précise une source informée proche de l’opposition. Et d’ajouter, "les sunnites sont en phase transitoire et sont inquiets car ils ne savent pas ce qui les attend au niveau du leadership et de la stratégie politique à adopter".
De son côté, Ibrahim Jouhari, analyste et chercheur politique, va jusqu’à qualifier la communauté sunnite d’"orpheline", puisqu’elle se sentirait "délaissée" par l’absence d’un chef local ou d’un leader régional pour la guider. Mais ce malaise se manifesterait à l’échelle de la région, et ne serait pas spécifique au Liban, comme l’indique Hassane Rifaï, avocat et ancien membre du bureau politique du courant du Futur : "Les sunnites vont mal partout : au Liban, en Syrie, en Irak, au Yémen… ce n’est pas Saad Hariri qui changera la donne". Et de poursuivre : "Je salue la possibilité que M. Hariri ne prenne pas part aux élections, car il est grand temps pour le mouvement du 17 octobre de saisir cette opportunité et de se prouver".
Même son de cloche pour l’ancien Premier ministre, Tamam Salam, qui souligne à Ici Beyrouth qu’il est "grand temps pour les jeunes désabusés par le système et la classe politique au pouvoir d’œuvrer pour le vrai changement". Et d’ajouter :"Même si M. Hariri ne se présente pas aux élections, il n’en demeure pas moins qu’il possède - envers et contre tout - une très grande responsabilité vis-à-vis des sunnites".
Un recul éventuel de l'option souverainiste représentée par la formation de M. Hariri pourrait en effet être exploitée par le Hezbollah et les alliés du régime syrien pour tenter d'effectuer une percée supplémentaire au sein de la communauté sunnite, largement entamée lors des législatives de 2018, surtout au Liban-Nord et à Beyrouth.
Une position étudiée
Indépendamment des réactions de la rue sunnite, la décision de Saad Hariri de ne pas participer au scrutin électoral serait basée sur une multitude de facteurs, dont le sentiment de frustration qui s’est emparée du leadership sunnite au fur et à mesure que l’Arabie saoudite prenait ses distances par rapport au Liban, la volonté de faire écho aux revendications d’une majorité populaire qui désavoue la classe politique traditionnelle depuis le soulèvement du 17 octobre 2019, la lassitude face aux conflits politiques internes et externes etc. De plus, l’ancien Premier ministre ne serait plus doté aujourd’hui des avantages et privilèges dont il bénéficiait jadis : "Sa côte de popularité a baissé, l’Arabie saoudite ne le soutient plus, et il ne reste presque plus rien de ses héritages politique et financier", met en exergue la source précitée.
Toutefois, des rumeurs dans les hautes sphères politiques circulent selon lesquelles le leader sunnite laissera le choix à ses membres de se présenter aux élections s’ils le souhaitent, à condition qu’ils le fassent à titre personnel et non pas sous l’égide du parti. Cette théorie devrait être confirmée lundi mais elle demeure, néanmoins, une option viable. Plus encore, elle pourrait être une planche de salut pour les alliés du parti haririen, qui devront coûte que coûte former des alliances stratégiques avec des candidats sunnites populaires, afin de pouvoir établir des listes électorales leur garantissant la victoire d’un grand nombre de sièges dans plusieurs circonscriptions.
Mais si les membres courant du Futur refusent de participer aux législatives, ils cèderont de facto leur place à d’autres candidats ou groupes organisés, prêt à se démarquer lors de la course électorale. Ce serait le cas, entre autres, du mouvement "Ensemble pour le Liban" soutenu par Bahaa Hariri. D’ailleurs, Saïd Sanadiki, président de ce mouvement, a précisé à Ici Beyrouth que l’enjeu des élections de mai 2022 "transcende les communautés, les partis et les leaders" et a indiqué que leur participation aux élections se faisait dans le cadre d’un "changement radical de la perception de la politique traditionnelle pour présenter une autre alternative au peuple libanais".
Le retour de l’ancien Premier ministre Saad Hariri fait décidément le buzz depuis son arrivée à Beyrouth mercredi soir, après six mois d’absence. Sa décision concernant sa participation et celle de son parti - le courant du Futur - aux législatives de mai 2022 tient en haleine la scène politique libanaise, et plus particulièrement la rue sunnite, intriguée par le cours des évènements.
Pour le moment, aucune indication ou position officielle n’a été avancée par le courant du Futur, en dépit du rythme soutenu des réunions organisées par le leader sunnite avec les membres de son bloc parlementaire et les cadres de son parti. Le morceau ne sera donc pas lâché avant la conférence de presse qui se tiendra lundi, au terme d'un dernier marathon de concertations durant le week-end, d’après les échos proches du milieu haririen.
Une communauté perplexe
Tant de mystère et de suspense pour un choix qui impactera une grande majorité de la rue sunnite, confuse par un éventuel scénario de boycott des élections législatives par Saad Hariri. En effet, la communauté sunnite aujourd’hui "fait face à une crise existentielle à cause de sa situation sociale, économique et politique", précise une source informée proche de l’opposition. Et d’ajouter, "les sunnites sont en phase transitoire et sont inquiets car ils ne savent pas ce qui les attend au niveau du leadership et de la stratégie politique à adopter".
De son côté, Ibrahim Jouhari, analyste et chercheur politique, va jusqu’à qualifier la communauté sunnite d’"orpheline", puisqu’elle se sentirait "délaissée" par l’absence d’un chef local ou d’un leader régional pour la guider. Mais ce malaise se manifesterait à l’échelle de la région, et ne serait pas spécifique au Liban, comme l’indique Hassane Rifaï, avocat et ancien membre du bureau politique du courant du Futur : "Les sunnites vont mal partout : au Liban, en Syrie, en Irak, au Yémen… ce n’est pas Saad Hariri qui changera la donne". Et de poursuivre : "Je salue la possibilité que M. Hariri ne prenne pas part aux élections, car il est grand temps pour le mouvement du 17 octobre de saisir cette opportunité et de se prouver".
Même son de cloche pour l’ancien Premier ministre, Tamam Salam, qui souligne à Ici Beyrouth qu’il est "grand temps pour les jeunes désabusés par le système et la classe politique au pouvoir d’œuvrer pour le vrai changement". Et d’ajouter :"Même si M. Hariri ne se présente pas aux élections, il n’en demeure pas moins qu’il possède - envers et contre tout - une très grande responsabilité vis-à-vis des sunnites".
Un recul éventuel de l'option souverainiste représentée par la formation de M. Hariri pourrait en effet être exploitée par le Hezbollah et les alliés du régime syrien pour tenter d'effectuer une percée supplémentaire au sein de la communauté sunnite, largement entamée lors des législatives de 2018, surtout au Liban-Nord et à Beyrouth.
Une position étudiée
Indépendamment des réactions de la rue sunnite, la décision de Saad Hariri de ne pas participer au scrutin électoral serait basée sur une multitude de facteurs, dont le sentiment de frustration qui s’est emparée du leadership sunnite au fur et à mesure que l’Arabie saoudite prenait ses distances par rapport au Liban, la volonté de faire écho aux revendications d’une majorité populaire qui désavoue la classe politique traditionnelle depuis le soulèvement du 17 octobre 2019, la lassitude face aux conflits politiques internes et externes etc. De plus, l’ancien Premier ministre ne serait plus doté aujourd’hui des avantages et privilèges dont il bénéficiait jadis : "Sa côte de popularité a baissé, l’Arabie saoudite ne le soutient plus, et il ne reste presque plus rien de ses héritages politique et financier", met en exergue la source précitée.
Toutefois, des rumeurs dans les hautes sphères politiques circulent selon lesquelles le leader sunnite laissera le choix à ses membres de se présenter aux élections s’ils le souhaitent, à condition qu’ils le fassent à titre personnel et non pas sous l’égide du parti. Cette théorie devrait être confirmée lundi mais elle demeure, néanmoins, une option viable. Plus encore, elle pourrait être une planche de salut pour les alliés du parti haririen, qui devront coûte que coûte former des alliances stratégiques avec des candidats sunnites populaires, afin de pouvoir établir des listes électorales leur garantissant la victoire d’un grand nombre de sièges dans plusieurs circonscriptions.
Mais si les membres courant du Futur refusent de participer aux législatives, ils cèderont de facto leur place à d’autres candidats ou groupes organisés, prêt à se démarquer lors de la course électorale. Ce serait le cas, entre autres, du mouvement "Ensemble pour le Liban" soutenu par Bahaa Hariri. D’ailleurs, Saïd Sanadiki, président de ce mouvement, a précisé à Ici Beyrouth que l’enjeu des élections de mai 2022 "transcende les communautés, les partis et les leaders" et a indiqué que leur participation aux élections se faisait dans le cadre d’un "changement radical de la perception de la politique traditionnelle pour présenter une autre alternative au peuple libanais".
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