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- Sommet de Riyad: paroles fortes, divisions de fait
Destinée au départ à proposer des mesures concrètes pour faire cesser les opérations militaires israéliennes contre Gaza, la réunion d'urgence de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) s'est achevée sur un résultat plutôt mitigé.
L'unité dans la parole, les divisions dans les actes? Les dirigeants arabes et musulmans s'étaient donnés rendez-vous samedi 11 novembre à Riyad, dans le cadre d'un sommet conjoint de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique.
Fait notable, le président iranien Ebrahim Raissi a répondu à l'invitation, apparaissant pour la première fois aux côtés du prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman, depuis la réconciliation entre les deux pays en mars 2023.
Dans une déclaration conjointe à l'issue de l'événement, les dirigeants arabes et islamiques ont condamné les actions "barbares" des forces israéliennes à Gaza. Le document a aussi appelé à la levée du siège de Gaza et à l'introduction de l'aide humanitaire dans l'enclave. Point fort, Les participants au sommet ont notamment demandé à la communauté internationale d'arrêter les exportations d'armes vers Israël. Ils se sont en outre prononcés pour une solution politique fondée sur le principe des deux États.
Enfin, ils ont rejeté les affirmations d'Israël selon lesquelles il agit en "légitime défense" et ont exigé que le Conseil de sécurité des Nations unies adopte "une résolution décisive et contraignante" pour mettre fin à "l'agression" israélienne. Il en va de même pour toute résolution politique future du conflit qui maintiendrait Gaza séparée de la Cisjordanie occupée par Israël.
Néanmoins, les promesses d'unité semblent s'être arrêtées à ce communiqué. Car, en ce qui concerne la réponse à apporter sur le terrain, le sommet a davantage mis en lumière les divisions régionales, tandis que certains pays, à l'instar du Liban et de la Syrie, craignent d'être à leur tour entraînés dans le conflit.
Ainsi, la majorité des dirigeants présents au sommet ont refusé d'approuver des mesures économiques et politiques punitives à l'encontre d'Israël, proposées notamment par l'Iran et la Syrie. Dans les faits, deux tendances divergentes se dessinent à l'issue de ce sommet.
La première est le fait notamment de l'Arabie saoudite, Bahreïn et des Émirats arabes unis, autrement dit, des pays arabes proches de Washington. Certains d'entre eux avaient déjà signé des accords de normalisation avec l'État hébreu, à l'image de Manama et Abu Dhabi. D'autres, comme Riyad, étaient engagés dans un processus similaire avant que la guerre n'éclate.
Certains pays de ce groupe ont notamment mis leur veto aux principales mesures proposées au cours du sommet pour mener des actions concrètes. Celles-ci incluaient notamment l'interdiction d'utiliser les bases militaires américaines dans les pays arabes pour approvisionner Israël en armes et en munitions, ainsi que le gel des relations diplomatiques, économiques, sécuritaires et militaires des pays arabes avec Israël.
D'autre part, les menaces d'utiliser le pétrole et les capacités économiques des participants au sommet pour faire pression sur les pays occidentaux, en miroir aux mesures prises par Riyad lors de la guerre du Kippour en 1973, auraient aussi été mises sur la table.
Pour autant, les dirigeants de ces pays ont tenu à condamner fermement les actes de l'armée israélienne. Le prince héritier Mohammed ben Salman, dirigeant de facto de l'Arabie saoudite, qui envisageait avant la guerre d'établir des liens diplomatiques formels avec Tel-Aviv, a déclaré lors du sommet qu'il "tenait les autorités d'occupation (israéliennes) pour responsables des crimes commis contre le peuple palestinien."
Selon le média The New Arab, ces mesures auraient été proposées et approuvées par 11 pays arabes: la Palestine, la Syrie, l'Algérie, la Tunisie, l'Irak, le Liban, le Koweït, le Qatar, Oman, la Libye et le Yémen.
De tous ces pays, ceux proches l'axe de la Moumanaa, emmené par Téhéran, semblent avoir été les plus incisifs. Et pour cause: le sommet de Riyad les auréole d'un retour en grâce au sein des institutions régionales.
La Syrie en constitue un premier exemple. Son président, Bachar el-Assad, siège pour la première fois depuis 2011 à un sommet arabe. Dans de son discours, Bachar al-Assad a notamment appelé à privilégier les actes plutôt que les paroles face à la guerre entre Israël et le Hamas.
"Si nous ne disposons pas de véritables outils de pression, toute mesure que nous prenons ou tout discours que nous prononçons n'a aucune signification", a-t-il déclaré, précisant qu'aucun pays du Moyen-Orient ne devrait s'engager dans un "processus politique" avec Israël, y compris dans le développement de relations économiques, tant qu'un cessez-le-feu durable n'aura pas été conclu.
Il a exhorté la communauté du Moyen-Orient à s'opposer à ce qu'il a appelé "la férocité et les massacres sionistes".
"Trente-deux ans de paix ratée, dont le seul résultat a été que l'entité sioniste est devenue plus agressive et que la situation palestinienne est devenue plus injuste, plus oppressive et plus misérable", a-t-il ajouté.
Le président syrien faisait ainsi son grand retour sur la scène régionale, profitant de la situation pour surfer sur la vague de sympathie à l'égard des souffrances endurées par la population palestinienne.
Mais au-delà de Damas, c'est surtout la République Islamique d'Iran qui a été la plus vindicative à l'égard d'Israël. Le président iranien Ebrahim Raisi, qui effectuait son premier voyage en Arabie saoudite depuis que les deux pays ont renoué leurs liens en mars, a notamment déclaré que les nations islamiques devraient désigner l'armée israélienne comme une "organisation terroriste" pour sa conduite à Gaza.
Dans son discours, M. Raïssi a également demandé aux pays musulmans de se préparer à "armer les Palestiniens" si "les crimes de guerre" d'Israël se poursuivaient.
"Maintenant que les organisations internationales sont devenues inutiles, nous devons jouer un rôle", a ajouté ce dernier, en exhortant les pays musulmans à "rompre toute relation politique et économique" avec Israël, que l'Iran ne reconnaît pas. Il a en outre appelé à "un boycott commercial du régime sioniste, en particulier dans le domaine de l'énergie".
D'autre part, Ebrahim Raïssi a de nouveau accusé les États-Unis d'être "le principal partenaire" d'Israël "dans ces crimes". "L'Amérique est en fait entrée directement dans la guerre en envoyant des navires" dans la Méditerranée orientale, selon lui.
Pour rappel, l'Iran soutient le Hamas mais aussi le Hezbollah libanais et les rebelles Houthis du Yémen, qui font craindre une extension du conflit. Dans ce cadre, les sorties du représentant du régime des mollahs au sommet consistent moins à apaiser les tensions qu'à jeter de l'huile sur le feu.
L'unité dans la parole, les divisions dans les actes? Les dirigeants arabes et musulmans s'étaient donnés rendez-vous samedi 11 novembre à Riyad, dans le cadre d'un sommet conjoint de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique.
Fait notable, le président iranien Ebrahim Raissi a répondu à l'invitation, apparaissant pour la première fois aux côtés du prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman, depuis la réconciliation entre les deux pays en mars 2023.
Illusions d'unité, divisions concrètes
Dans une déclaration conjointe à l'issue de l'événement, les dirigeants arabes et islamiques ont condamné les actions "barbares" des forces israéliennes à Gaza. Le document a aussi appelé à la levée du siège de Gaza et à l'introduction de l'aide humanitaire dans l'enclave. Point fort, Les participants au sommet ont notamment demandé à la communauté internationale d'arrêter les exportations d'armes vers Israël. Ils se sont en outre prononcés pour une solution politique fondée sur le principe des deux États.
Enfin, ils ont rejeté les affirmations d'Israël selon lesquelles il agit en "légitime défense" et ont exigé que le Conseil de sécurité des Nations unies adopte "une résolution décisive et contraignante" pour mettre fin à "l'agression" israélienne. Il en va de même pour toute résolution politique future du conflit qui maintiendrait Gaza séparée de la Cisjordanie occupée par Israël.
Néanmoins, les promesses d'unité semblent s'être arrêtées à ce communiqué. Car, en ce qui concerne la réponse à apporter sur le terrain, le sommet a davantage mis en lumière les divisions régionales, tandis que certains pays, à l'instar du Liban et de la Syrie, craignent d'être à leur tour entraînés dans le conflit.
Ainsi, la majorité des dirigeants présents au sommet ont refusé d'approuver des mesures économiques et politiques punitives à l'encontre d'Israël, proposées notamment par l'Iran et la Syrie. Dans les faits, deux tendances divergentes se dessinent à l'issue de ce sommet.
Modération des alliés de Washington
La première est le fait notamment de l'Arabie saoudite, Bahreïn et des Émirats arabes unis, autrement dit, des pays arabes proches de Washington. Certains d'entre eux avaient déjà signé des accords de normalisation avec l'État hébreu, à l'image de Manama et Abu Dhabi. D'autres, comme Riyad, étaient engagés dans un processus similaire avant que la guerre n'éclate.
Certains pays de ce groupe ont notamment mis leur veto aux principales mesures proposées au cours du sommet pour mener des actions concrètes. Celles-ci incluaient notamment l'interdiction d'utiliser les bases militaires américaines dans les pays arabes pour approvisionner Israël en armes et en munitions, ainsi que le gel des relations diplomatiques, économiques, sécuritaires et militaires des pays arabes avec Israël.
D'autre part, les menaces d'utiliser le pétrole et les capacités économiques des participants au sommet pour faire pression sur les pays occidentaux, en miroir aux mesures prises par Riyad lors de la guerre du Kippour en 1973, auraient aussi été mises sur la table.
Pour autant, les dirigeants de ces pays ont tenu à condamner fermement les actes de l'armée israélienne. Le prince héritier Mohammed ben Salman, dirigeant de facto de l'Arabie saoudite, qui envisageait avant la guerre d'établir des liens diplomatiques formels avec Tel-Aviv, a déclaré lors du sommet qu'il "tenait les autorités d'occupation (israéliennes) pour responsables des crimes commis contre le peuple palestinien."
Selon le média The New Arab, ces mesures auraient été proposées et approuvées par 11 pays arabes: la Palestine, la Syrie, l'Algérie, la Tunisie, l'Irak, le Liban, le Koweït, le Qatar, Oman, la Libye et le Yémen.
Retour en grâce de l'axe iranien
De tous ces pays, ceux proches l'axe de la Moumanaa, emmené par Téhéran, semblent avoir été les plus incisifs. Et pour cause: le sommet de Riyad les auréole d'un retour en grâce au sein des institutions régionales.
La Syrie en constitue un premier exemple. Son président, Bachar el-Assad, siège pour la première fois depuis 2011 à un sommet arabe. Dans de son discours, Bachar al-Assad a notamment appelé à privilégier les actes plutôt que les paroles face à la guerre entre Israël et le Hamas.
"Si nous ne disposons pas de véritables outils de pression, toute mesure que nous prenons ou tout discours que nous prononçons n'a aucune signification", a-t-il déclaré, précisant qu'aucun pays du Moyen-Orient ne devrait s'engager dans un "processus politique" avec Israël, y compris dans le développement de relations économiques, tant qu'un cessez-le-feu durable n'aura pas été conclu.
Il a exhorté la communauté du Moyen-Orient à s'opposer à ce qu'il a appelé "la férocité et les massacres sionistes".
"Trente-deux ans de paix ratée, dont le seul résultat a été que l'entité sioniste est devenue plus agressive et que la situation palestinienne est devenue plus injuste, plus oppressive et plus misérable", a-t-il ajouté.
Le président syrien faisait ainsi son grand retour sur la scène régionale, profitant de la situation pour surfer sur la vague de sympathie à l'égard des souffrances endurées par la population palestinienne.
Téhéran pavoise
Mais au-delà de Damas, c'est surtout la République Islamique d'Iran qui a été la plus vindicative à l'égard d'Israël. Le président iranien Ebrahim Raisi, qui effectuait son premier voyage en Arabie saoudite depuis que les deux pays ont renoué leurs liens en mars, a notamment déclaré que les nations islamiques devraient désigner l'armée israélienne comme une "organisation terroriste" pour sa conduite à Gaza.
Dans son discours, M. Raïssi a également demandé aux pays musulmans de se préparer à "armer les Palestiniens" si "les crimes de guerre" d'Israël se poursuivaient.
"Maintenant que les organisations internationales sont devenues inutiles, nous devons jouer un rôle", a ajouté ce dernier, en exhortant les pays musulmans à "rompre toute relation politique et économique" avec Israël, que l'Iran ne reconnaît pas. Il a en outre appelé à "un boycott commercial du régime sioniste, en particulier dans le domaine de l'énergie".
D'autre part, Ebrahim Raïssi a de nouveau accusé les États-Unis d'être "le principal partenaire" d'Israël "dans ces crimes". "L'Amérique est en fait entrée directement dans la guerre en envoyant des navires" dans la Méditerranée orientale, selon lui.
Pour rappel, l'Iran soutient le Hamas mais aussi le Hezbollah libanais et les rebelles Houthis du Yémen, qui font craindre une extension du conflit. Dans ce cadre, les sorties du représentant du régime des mollahs au sommet consistent moins à apaiser les tensions qu'à jeter de l'huile sur le feu.
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