Irak: le président du Parlement évincé par les pro-Iraniens?
©(AFP/IRAQI PARLIAMENT/Handout)
Déjà en proie à une profonde instabilité politique, l'Irak a été marqué par une nouvelle crise au sein du Parlement. Mardi, l'influent président du Parlement Mohammed al-Halboussi a été démis de ses fonctions par la Cour suprême du pays. Une décision qui a provoqué la démission de trois ministres membres de son parti.

L'arrêt de la Cour suprême fait suite à une plainte déposée par un député pour "falsification" d'un document. Laïth al-Douleimi à l'origine de la plainte, accuse, en effet, le président du Parlement d'avoir ressorti une ancienne lettre de démission non datée afin de l'expulser de l'Assemblée. Laïth al-Douleimi était à l'origine un député du parti Taqadom, le parti d'al-Halboussi.

"La Cour suprême fédérale met fin au mandat du président du Parlement", a indiqué mardi l'institution dans un communiqué publié sur son site, précisant avoir également mis fin au mandat du député à l'origine de la plainte, Laïth al-Douleimi. La décision du tribunal est définitive et ne peut pas faire l'objet d'un appel.
"Verdict étrange"

Ancien gouverneur de la province d'Al-Anbar, Mohammed al-Halboussi est désormais la figure sunnite la plus importante du pays. Il était devenu pour la première fois président du Parlement en 2018, grâce au soutien du bloc pro-iranien.  Le Parlement irakien est actuellement dominé par une coalition de partis chiites pro-iraniens, mais la place de président du Parlement revient traditionnellement à la communauté sunnite depuis la chute de Saddam Hussein.

"Malheureusement,   certains cherchent à déstabiliser le pays", a accusé M. Halboussi mardi, réagissant en pleine séance parlementaire à ce qu'il a qualifié de "verdict étrange".


"Nous nous étonnons de la promulgation de telles décisions, nous nous étonnons du manque de respect envers la Constitution", a-t-il ajouté, selon une vidéo partagée par les services de communication du Parlement. Il s'est engagé à entreprendre les démarches nécessaires "pour préserver les droits constitutionnels". En attendant l'élection d'un nouveau président, l'intérim devrait être assuré par le vice-président du Parlement.

Dans un communiqué, le parti Taqadom a dénoncé "une violation flagrante de la Constitution" et un "ciblage politique". Les ministres de la Culture, du Plan et de l'Industrie issus du même parti ont annoncé leur démission. Les députés du parti ont également évoqué la possibilité de boycotter les séances du Parlement.
Tensions avec le bloc pro-iranien

Réélu pour un second mandat en 2022, Mohammed al-Halboussi souhaite alors rassembler les sunnites, regroupant une trentaine de députés au sein du parti Taqadom. Il tente de former un gouvernement avec les opposants de la coalition pro-iranienne qui l'avait pourtant amené au pouvoir en 2018, avant de faire marche à arrière.

Depuis plusieurs mois, des tensions opposent régulièrement al-Halboussi aux grands partis pro-iraniens, tandis que certaines voix dissidentes parmi les députés sunnites ont fait leur apparition et sont venues fragiliser son groupe.

Devenu particulièrement puissant, Mohammed al-Halboussi a pu incarner une menace pour la coalition au pouvoir. En Irak, de nombreuses voix ont dénoncé "une décision politique" issue de la volonté des forces pro-iraniennes.
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