Plus d’un mois après le début de la guerre à Gaza, déclenchée le 7 octobre à la suite de l’attaque sans précédent menée par le Hamas contre des colonies limitrophes de Gaza, l’armée israélienne a annoncé avoir atteint une «étape significative» dans son offensive terrestre, en scindant l’enclave assiégée en deux parties: nord et sud.
«Aujourd’hui, il y a Gaza nord et Gaza sud», avait déclaré le 6 novembre le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari, précisant que l’armée israélienne a réussi à «franchir la zone côtière de la ville» où elle maintient ses positions.
La division du petit territoire pourrait paver la voie à créer une ceinture de sécurité dans le nord de Gaza pour protéger les colonies israéliennes qui se trouvent à la périphérie de Gaza, selon Sana Hammoudi, chercheuse à l’Institut des études palestiniennes basé à Beyrouth.
«L’idée de mettre en place une zone de sécurité a été évoquée dès le début du conflit», a déclaré Mme Hammoudi à This is Beirut. «Nous ne pouvons pas prédire dans quelle mesure leur plan aboutira, a-t-elle poursuivi. Mais une chose est sûre, tant que la communauté internationale accorde à Israël un feu vert à Gaza, il cherchera à tirer parti de cette situation pour avancer dans son plan.»
«Les régions du nord sont presque entièrement détruites, a constaté Mme Hammoudi. Elles ont été transformées en de zones inhabitées dépourvues d’infrastructures et de moyens de subsistance, ce qui a forcé la population à migrer vers le sud. Ces développements constitueraient la première phase pour, éventuellement, pousser la population de Gaza vers le Sinaï, en Égypte.»
L’encerclement de Gaza et son éventuelle partition a facilité l’avancée de l’armée israélienne jusqu’à la ville de Gaza, située dans la partie nord de la bande et qu’Israël considère comme le centre du pouvoir du Hamas.
La progression terrestre d’Israël dans le nord de Gaza a contraint des centaines de milliers de personnes à se déplacer vers le sud, souvent à pied, fuyant les bombardements israéliens et les affrontements violents dans les zones urbaines. L’armée israélienne a déclaré faciliter le mouvement massif vers le sud des civils vivant dans la partie nord de la bande.
La petite enclave, assiégée par Israël depuis que le Hamas y a pris le contrôle en 2007, abrite 2,3 millions de Palestiniens. Ce qui en fait la zone la plus densément peuplée du monde.
La majorité de la population, estimée à 1,3 million d’habitants, réside dans la région communément appelée «Gaza Nord», où se situent les plus grands camps, tels que Jabalya, Al-Shatt, Nusseirat et Deir el-Balah. En revanche, la population des régions méridionales, proches de l’Égypte, est significativement moins importante.
Cette partie de l’enclave concentre la plupart des hôpitaux et centres médicaux, dont l’hôpital principal Al-Chifa, ainsi que les principaux centres administratifs, écoles et établissements pédagogiques.
Selon l’analyste palestinien Anis Mohsen, les Américains ont conseillé aux Israéliens de renoncer à une partie de leur plan initial visant à déplacer l’ensemble de la population de Gaza vers l’Égypte voisine. Cette proposition a été ouvertement et catégoriquement rejetée par les Égyptiens.
«Dans cette perspective, ils ont choisi, en premier lieu, de vider le nord de Gaza, qui représente 37% du territoire de l’enclave et abrite plus de 54% de la population», a déclaré M. Mohsen à This is Beirut.
«Leur objectif est de les éloigner de la côte et de les confiner dans le sud, qui représente 67% de la superficie de l’enclave et qui ne dispose pas d’infrastructures adéquates, a-t-il ajouté. La densité démographique deviendra insupportable, ce qui poussera inévitablement les habitants à chercher à fuir de telles conditions de vie.»
Selon M. Mohsen, les Israéliens estiment qu’en contrôlant le nord, en particulier la ville de Gaza, la capitale de l’enclave, «ils détruiraient le symbole de la présence et de l’autorité palestiniennes dans ce territoire».
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