©Photo: Beirut-Square oeuvre de Nayla Kai Saroufim mixed media on canvas 80x120 cm
Quel défi de pouvoir préserver sa paix intérieure quand le monde autour de soi prend des allures infernales! J’ai beau éviter les nouvelles du soir et les réseaux sociaux pour épargner à mes yeux et à mon cœur les images cruelles et barbares de la réalité, ce profond trou noir dans lequel plonge l’(in)-humanité se reflète dans le regard abattu de la société qui m’entoure. J’ai beau faire l’autruche, fermer les yeux sur les atrocités commises en Palestine et ailleurs, sur l’angoisse qui ronge petits et grands quant aux incertitudes de l’avenir, sur la misère qui s’exhibe dans les rues de ma ville dans le vent froid à l’orée de l’hiver, ma lutte pour demeurer sereine devient de plus en plus pénible. Alors que les tambours de la guerre deviennent assourdissants, d’où puiser la force et la patience pour garder le calme et le sang-froid quand le simple fait de sourire semblerait obscène dans la déprime générale?
J’ai trouvé refuge dans mes petites habitudes quotidiennes. Cette routine qui m’agaçait jadis a fini par me séduire. Elle me calme dans le chaos alentour. Elle a ce pouvoir thérapeutique de réguler mon système nerveux, comme une mixture d’herbes médicinales qui panse une plaie béante. La répétition des mêmes gestes, des rituels du matin, des rendez-vous hebdomadaires, des traditions nocturnes, comme une roue qui ne cesse de tourner en spirale, a soudain arrêté de me paraître monotone. Elle dégage désormais un parfum de paix que je prends plaisir à humer lentement, en douceur, pour en remplir tout mon être. Je savoure le plaisir de vivre pour le simple fait d’être vivante. Avec le temps, j’ai appris à faire la différence entre le fait de survivre comme une automate, otage d’émotions refoulées, de l’inconscient et du surmoi, et le vrai sens de vivre, d’être présente corps et âme, d’exister en tant que conscience. Non pas cette conscience morale pesante, surveillante des mœurs et gardienne des valeurs, mais la conscience d’être tout court. Être. Sans jugement, sans exigence, sans condition. Flotter sur la surface de l’existence, telle une libellule légère qui virevolte sans le poids de trop réfléchir. En apesanteur.
J’ai lu récemment que la vie ne serait en fin de compte qu’un Disneyland. Nous venons sur terre pour tomber amoureux, pour nager dans les océans, sentir les rayons du soleil sur notre peau, découvrir l’amitié et comprendre la trahison, tout perdre et recommencer à bâtir, savourer le triomphe après la défaite, connaître l’excitation de l’aventure et la douleur de la perte, pour se sentir immense et minuscule en même temps. Selon cette théorie existentielle, le but d’une vie serait tout simplement d’expérimenter la vie. Le but d’être à Disneyland, c’est de découvrir Disneyland. Il ne s’agit ni de gagner ni de perdre, ni de bien faire ou de mal faire. Essayer la même attraction cent fois ou se contenter de se promener dans le parc sans jamais en essayer une: il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de faire les attractions. Il n’y a pas de prix d’excellence. Dans les deux cas, nous aurions fait ce que nous voulions et vécu l’expérience comme nous le désirions. Chaque expérience est différente, mais d’une certaine manière, elles sont toutes entières d’un point de vue existentiel. Toutes constituent une journée à Disneyland. C’est tout. À la fin de la journée, nous rentrerons tous à la maison. Sans victoire, ni défaite. La vie ne serait qu’un parc à thème d’expériences. Le soir venu, puissions-nous partir avec plein de bons souvenirs, cachés au creux de nos ailes de libellule.
J’ai trouvé refuge dans mes petites habitudes quotidiennes. Cette routine qui m’agaçait jadis a fini par me séduire. Elle me calme dans le chaos alentour. Elle a ce pouvoir thérapeutique de réguler mon système nerveux, comme une mixture d’herbes médicinales qui panse une plaie béante. La répétition des mêmes gestes, des rituels du matin, des rendez-vous hebdomadaires, des traditions nocturnes, comme une roue qui ne cesse de tourner en spirale, a soudain arrêté de me paraître monotone. Elle dégage désormais un parfum de paix que je prends plaisir à humer lentement, en douceur, pour en remplir tout mon être. Je savoure le plaisir de vivre pour le simple fait d’être vivante. Avec le temps, j’ai appris à faire la différence entre le fait de survivre comme une automate, otage d’émotions refoulées, de l’inconscient et du surmoi, et le vrai sens de vivre, d’être présente corps et âme, d’exister en tant que conscience. Non pas cette conscience morale pesante, surveillante des mœurs et gardienne des valeurs, mais la conscience d’être tout court. Être. Sans jugement, sans exigence, sans condition. Flotter sur la surface de l’existence, telle une libellule légère qui virevolte sans le poids de trop réfléchir. En apesanteur.
J’ai lu récemment que la vie ne serait en fin de compte qu’un Disneyland. Nous venons sur terre pour tomber amoureux, pour nager dans les océans, sentir les rayons du soleil sur notre peau, découvrir l’amitié et comprendre la trahison, tout perdre et recommencer à bâtir, savourer le triomphe après la défaite, connaître l’excitation de l’aventure et la douleur de la perte, pour se sentir immense et minuscule en même temps. Selon cette théorie existentielle, le but d’une vie serait tout simplement d’expérimenter la vie. Le but d’être à Disneyland, c’est de découvrir Disneyland. Il ne s’agit ni de gagner ni de perdre, ni de bien faire ou de mal faire. Essayer la même attraction cent fois ou se contenter de se promener dans le parc sans jamais en essayer une: il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de faire les attractions. Il n’y a pas de prix d’excellence. Dans les deux cas, nous aurions fait ce que nous voulions et vécu l’expérience comme nous le désirions. Chaque expérience est différente, mais d’une certaine manière, elles sont toutes entières d’un point de vue existentiel. Toutes constituent une journée à Disneyland. C’est tout. À la fin de la journée, nous rentrerons tous à la maison. Sans victoire, ni défaite. La vie ne serait qu’un parc à thème d’expériences. Le soir venu, puissions-nous partir avec plein de bons souvenirs, cachés au creux de nos ailes de libellule.
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