Soony Saad: \
En dépit des nombreux écueils encore à franchir, Soony Saad a affirmé à Ici Beyrouth qu’il croyait possible une qualification du Liban pour la prochaine Coupe du monde. S’il loue le potentiel technique des joueurs, il déplore de nombreux facteurs comme la qualité des infrastructures et le niveau tactique du football libanais, qui l’éloignent des standards du haut niveau international.

La sélection libanaise de football, dont Soony est un des atouts offensifs majeurs, a aujourd’hui pour principal objectif la qualification pour la prochaine Coupe du monde au Qatar. La route est encore longue pour décrocher ce ticket qualificatif. Les 2 premières places du groupe, directement qualificatives, sont objectivement hors de portée. Le Liban est en effet à 9 points du deuxième, la Corée du Sud, avec seulement 4 journées encore à jouer. Mais la troisième place, qualificative pour un match de barrage face au troisième de l’autre groupe est encore accessible. Le Liban est actuellement quatrième à 1 point du troisième, les Emirats Arabes Unis. Cet éventuel match de barrage de la zone Asie ne sera pas le dernier obstacle. Si le Liban gagne sa rencontre de barrage asiatique, il devra ensuite jouer sa qualification sur un match face au cinquième de la zone Amérique du Sud. Cinq équipes (Colombie, Uruguay, Bolivie, Pérou et Chili) de la zone AmSud peuvent encore mathématiquement finir à cette 5e place. Au pire des cas pour le Liban, ce serait l’Uruguay, et au meilleur des cas, la Bolivie.

Photo Talal Salmane

Soony reste cependant positif, malgré la difficulté de la tâche, pour une éventuelle première participation du pays du Cèdre à la compétition reine. "Au football, tout peut arriver. Je pense que nous avons des chances de nous qualifier pour la Coupe du monde. Même si nous ne battons pas la Corée du Sud le 27 janvier, nous pouvons finir troisièmes du groupe en battant successivement l’Irak et la Syrie dans les prochaines journées. Si nous avions battu l’Iran, nous serions déjà en excellente posture pour finir dans le top 3, et un top 2 aurait même été envisageable. Et les équipes de l’autre groupe qualificatif, qui peuvent encore finir troisièmes, ont un niveau qui n’est pas tellement éloigné du notre."

Mais avant de penser aux matches face à des concurrents directs pour la troisième place (l’Irak et la Syrie), l’ex-joueur d’Ansar est focalisé sur le match contre la Corée du Sud, jeudi prochain à Saida. "Nous avons failli battre l’Iran. La victoire était entre nos mains. Il manquera beaucoup de joueurs du côté sud-coréen pour ce match. Son Heung-Minh et d’autres joueurs-clés pourraient ne pas jouer. Mais en dépit d’une éventuelle absence de Son Heung-Minh, la Corée du Sud reste une équipe forte. Nous avons l’avantage de jouer ce match à domicile, et aux dernières nouvelles, le match sera ouvert aux supporters. Si nous jouons de manière organisée et profitons de nos temps forts, tout peut arriver. La clé du match reposera dans notre gestion de la possession. Qu'en est-il de savoir comment nous pouvons gérer leur pressing quand nous avons le ballon? Nous avons une bonne équipe, avec de bons talents offensifs. Si nous capitalisons sur nos forces, nous avons de bonnes chances d’obtenir un résultat positif."

Photo Talal Salmane

"La mauvaise qualité des pelouses libanaises entraîne des blessures à répétition pour les joueurs"


Interrogé par Ici Beyrouth sur les raisons du retard du football libanais sur la scène internationale, l’ex-joueur de Sporting Kansas City l’explique par quatre paramètres.

D’abord, la qualité des infrastructures. "Des mesures doivent être prises pour améliorer la qualité des pelouses sur lesquels se disputent les compétitions au Liban. Les terrains ne sont pas propices au développement d’un bon niveau de football. De surcroît, les terrains d’entraînement sont tous tapissés de gazon artificiel. Or, toutes les rencontres de qualifications à la Coupe du Monde se jouent sur du gazon naturel. Je ne comprends pas ce qui nous empêche d’améliorer nos infrastructures. Le climat au Liban est optimal pour entretenir une bonne qualité de gazon. Cette piètre qualité des terrains entraîne des blessures à répétition pour les joueurs."

Ensuite, la nécessité pour les meilleurs joueurs de rejoindre des académies et des centres de formation en Europe et à l’international. "Il faut que les joueurs libanais fassent des essais dans des grands clubs à l’international. En comparaison, beaucoup de joueurs de l’équipe nationale des USA ont développé leurs gammes dès leur plus jeune âge en Europe. En rejoignant ces structures préparatives au football professionnel, leur développement tactique et technique sera plus rapide. Les joueurs doivent rejoindre des centres de formation en Europe entre 15 et 18 ans. Avant 15 ans, ils sont trop jeunes pour quitter leurs familles."

De plus, Soony déplore les nombreux arrêts de jeu qui ont lieu au cours des rencontres du championnat du Liban. "Un élément à faire évoluer dans le championnat local est le nombre de phases d’arrêts de jeu au cours des matches. Le match s'arrête trop régulièrement. Le ballon est renvoyé en touche à de multiples reprises quand un joueur est au sol. En comparaison avec les autres championnats où j’ai joué et les rencontres internationales avec la sélection, la donne est très différente. Les joueurs libanais, passant des matches locaux aux rencontres internationales, se retrouvent handicapés par cette différence, étant donné qu’ils sont malheureusement habitués à marquer des temps de repos réguliers. Pour de petites blessures, botter le ballon en touche ne devrait plus avoir lieu, mais uniquement quand il y a un risque de blessure sérieuse."

Enfin, les joueurs "manquent de culture tactique et cela est dû au système de formation".

Soony précise cependant que la qualité technique des joueurs libanais est très bonne. "Comparés aux joueurs des championnats dans lesquels j’ai évolué, les Libanais n’ont rien à envier à personne sur le niveau technique. Par exemple, Rabih Ataya est l’un des meilleurs joueurs en un contre un que j’ai vu de ma carrière. Il pourrait facilement jouer en MLS et même en Premier League anglaise. Et il y a de nombreux joueurs libanais qui ont également des standards mondiaux en matière de dribbles."
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