Ce 30 novembre marque le début de la COP28. Plus de 70.000 personnes issues de 196 pays se réunissent à Dubaï pour discuter de l’avenir de la planète, malgré des tensions mondiales croissantes et de fortes polémiques sur le pays hôte. Ici Beyrouth revient sur les principaux enjeux et objectifs de cette conférence mondiale sur le climat.
La COP28 démarre ce 30 novembre. Les délégations de 196 pays se réunissent à Dubaï pour débattre du réchauffement climatique, des solutions permettant de l’atténuer au mieux et de ses effets sur la planète. Leaders politiques et religieux, entreprises, chercheurs, ONG, jeunesse… plus de 70.000 personnes sont attendues pour des discussions qui doivent se poursuivre jusqu’au 12 décembre.
Mais la COP, c’est quoi exactement? COP est l’abréviation de «Conférence des parties» (Conference of Parties, en anglais). Il s’agit donc d’une conférence qui rassemble les pays signataires de la convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques, entrée en vigueur en 1994. Les représentants de ces pays se réunissent chaque année depuis 1995. La COP28 est ainsi la 28ᵉ édition de ce rassemblement de l’ONU pour le climat.
De nombreux thèmes à aborder
À la COP, on parle donc du réchauffement climatique, de ses causes et de ses conséquences sous de nombreux angles. «Tous les jours, des thèmes différents sont abordés. Un jour, on va parler des jeunes, un autre de l’alimentation, de l’énergie… Cette année, la question du financement de la transition écologique devrait être la problématique principale», indique à Ici Beyrouth Sarine Karajerjian, directrice du programme environnement du think tank Arab Reform Initiative.
Chaque COP est, en effet, portée par un thème majeur. L’année dernière, la COP27 de Charm el-Cheikh, en Égypte, a été marquée par la création d’un fonds destiné à compenser les «pertes et dommages» des pays qui subissent le plus les effets des désastres climatiques, sans pour autant être responsables historiquement des émissions de gaz à effet de serre. La COP28 devrait continuer sur cette lancée, les contours du fonds attendant toujours d’être définis. «Début novembre, il a été convenu que ce serait la Banque mondiale qui gèrerait provisoirement (pendant quatre ans, NDLR) ce fonds. Mais il faut encore déterminer comment il sera approvisionné, par qui, et qui en bénéficiera réellement», estime Sarine Karajerjian.
Réduction des émissions et justice climatique
Ces dernières années, un terme revient, en effet, régulièrement dans les discussions: la justice climatique. «Quand on parle de transition écologique, qu’est-ce que cela signifie pour des pays en crise, qui n’ont pas forcément les moyens de suivre le mouvement? Si on veut que la transition soit juste, tout le monde doit jouer un rôle, États comme société civile. Il faut créer de nouveaux emplois, construire une économie nouvelle. Ces thèmes doivent être au cœur des discussions, sans jamais occulter l’engagement global de limitation du réchauffement à 1,5°C», poursuit Sarine Karajerjian.
Pour atteindre un réchauffement maximum de 1,5°C, la communauté internationale devrait réaffirmer son engagement à tripler la part des énergies renouvelables et à doubler le taux d'efficacité énergétique, notamment d'ici à 2050. Certains États, notamment les producteurs de pétrole, pourraient mettre en avant des solutions allant dans leur sens, comme les technologies, encore en développement, de captage et de stockage de carbone. Des technologies qui, ils l’espèrent, leur permettront de continuer à fournir sans restrictions des énergies fossiles. Mais tous les pays n’iront pas forcément dans leur sens. Certains débats s’annoncent donc animés.
Les États-Unis, la Chine et le Liban
Cependant, toutes ces discussions risquent d'être vaines si les deux principaux émetteurs mondiaux, les États-Unis et la Chine (qui totalisent à eux seuls 45% des émissions mondiales) ne parviennent pas à un accord sur une réduction drastique et imminente de leur production de gaz à effet de serre. Le 15 novembre dernier, les deux pays ont annoncé la création d'un groupe de travail conjoint sur le climat – une initiative qui pourrait constituer un pas dans la bonne direction.
«Lorsqu'on aborde la question du changement climatique, cela concerne tout le monde, même si la responsabilité historique repose principalement sur les pays du Nord. Il faudra aussi parler des conflits, comme celui en cours actuellement dans notre région. Les guerres produisent une pollution massive. Ce sujet doit faire partie de nos plaidoyers en tant que société civile et pays du Sud, en particulier de la Méditerranée du Sud, comme la Syrie, le Liban, l’Égypte, etc.», ajoute Sarine Karajerjian.
Cette année, le Liban a décidé d’envoyer sa plus importante délégation depuis la création de la COP. Entre 120 et 140 officiels politiques, chefs d’entreprises, chercheurs et étudiants libanais devraient ainsi se rendre à Dubaï pour participer à cette conférence mondiale. Des activistes de Greenpeace feraient également partie de la délégation nationale. «La présence du Liban revêt une importance capitale. Elle démontre que le pays continue d'exister sur la scène internationale, qu'il honore ses engagements malgré sa taille modeste et la guerre qui fait rage dans le sud du pays. Ce sera également l’occasion de solliciter un soutien financier, compte tenu des incendies de forêt, des inondations et des changements climatiques auxquels nous faisons face», indique Sarine Karajerjian.
Un pays pétrolier comme organisateur
Reste enfin les nombreuses polémiques autour du pays hôte. Les Émirats arabes unis sont, en effet, un important producteur de pétrole, et le président désigné pour cette COP28, Sultan al-Jaber, occupe le poste de ministre de l'Industrie du pays et est le PDG d'Adnoc, la compagnie pétrolière nationale. Selon une enquête du Guardian, Adnoc aurait grandement usé de son influence pour peser dans l’organisation de cette COP. Et il ne serait pas le seul, l'ensemble du lobby pétro-gazier aurait également tiré profit de cette situation – des allégations qui ont fait grincer des dents de nombreux observateurs internationaux et ONG.
Selon Sarine Karajerjian, chaque COP a droit à son lot de controverses. «L’an dernier, Coca-Cola était le sponsor la COP27. Cela avait fait beaucoup de bruit, suscitant des critiques et des accusations de greenwashing. Cette année, tous les regards sont tournés vers Dubaï. Il faut espérer que ces polémiques n’occulteront pas les objectifs essentiels de cette COP28: les pays du Nord doivent réduire leurs émissions et aider les pays du Sud à entamer leurs transitions énergétiques.»
La COP28 démarre ce 30 novembre. Les délégations de 196 pays se réunissent à Dubaï pour débattre du réchauffement climatique, des solutions permettant de l’atténuer au mieux et de ses effets sur la planète. Leaders politiques et religieux, entreprises, chercheurs, ONG, jeunesse… plus de 70.000 personnes sont attendues pour des discussions qui doivent se poursuivre jusqu’au 12 décembre.
Mais la COP, c’est quoi exactement? COP est l’abréviation de «Conférence des parties» (Conference of Parties, en anglais). Il s’agit donc d’une conférence qui rassemble les pays signataires de la convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques, entrée en vigueur en 1994. Les représentants de ces pays se réunissent chaque année depuis 1995. La COP28 est ainsi la 28ᵉ édition de ce rassemblement de l’ONU pour le climat.
De nombreux thèmes à aborder
À la COP, on parle donc du réchauffement climatique, de ses causes et de ses conséquences sous de nombreux angles. «Tous les jours, des thèmes différents sont abordés. Un jour, on va parler des jeunes, un autre de l’alimentation, de l’énergie… Cette année, la question du financement de la transition écologique devrait être la problématique principale», indique à Ici Beyrouth Sarine Karajerjian, directrice du programme environnement du think tank Arab Reform Initiative.
Chaque COP est, en effet, portée par un thème majeur. L’année dernière, la COP27 de Charm el-Cheikh, en Égypte, a été marquée par la création d’un fonds destiné à compenser les «pertes et dommages» des pays qui subissent le plus les effets des désastres climatiques, sans pour autant être responsables historiquement des émissions de gaz à effet de serre. La COP28 devrait continuer sur cette lancée, les contours du fonds attendant toujours d’être définis. «Début novembre, il a été convenu que ce serait la Banque mondiale qui gèrerait provisoirement (pendant quatre ans, NDLR) ce fonds. Mais il faut encore déterminer comment il sera approvisionné, par qui, et qui en bénéficiera réellement», estime Sarine Karajerjian.
Réduction des émissions et justice climatique
Ces dernières années, un terme revient, en effet, régulièrement dans les discussions: la justice climatique. «Quand on parle de transition écologique, qu’est-ce que cela signifie pour des pays en crise, qui n’ont pas forcément les moyens de suivre le mouvement? Si on veut que la transition soit juste, tout le monde doit jouer un rôle, États comme société civile. Il faut créer de nouveaux emplois, construire une économie nouvelle. Ces thèmes doivent être au cœur des discussions, sans jamais occulter l’engagement global de limitation du réchauffement à 1,5°C», poursuit Sarine Karajerjian.
Pour atteindre un réchauffement maximum de 1,5°C, la communauté internationale devrait réaffirmer son engagement à tripler la part des énergies renouvelables et à doubler le taux d'efficacité énergétique, notamment d'ici à 2050. Certains États, notamment les producteurs de pétrole, pourraient mettre en avant des solutions allant dans leur sens, comme les technologies, encore en développement, de captage et de stockage de carbone. Des technologies qui, ils l’espèrent, leur permettront de continuer à fournir sans restrictions des énergies fossiles. Mais tous les pays n’iront pas forcément dans leur sens. Certains débats s’annoncent donc animés.
Les États-Unis, la Chine et le Liban
Cependant, toutes ces discussions risquent d'être vaines si les deux principaux émetteurs mondiaux, les États-Unis et la Chine (qui totalisent à eux seuls 45% des émissions mondiales) ne parviennent pas à un accord sur une réduction drastique et imminente de leur production de gaz à effet de serre. Le 15 novembre dernier, les deux pays ont annoncé la création d'un groupe de travail conjoint sur le climat – une initiative qui pourrait constituer un pas dans la bonne direction.
«Lorsqu'on aborde la question du changement climatique, cela concerne tout le monde, même si la responsabilité historique repose principalement sur les pays du Nord. Il faudra aussi parler des conflits, comme celui en cours actuellement dans notre région. Les guerres produisent une pollution massive. Ce sujet doit faire partie de nos plaidoyers en tant que société civile et pays du Sud, en particulier de la Méditerranée du Sud, comme la Syrie, le Liban, l’Égypte, etc.», ajoute Sarine Karajerjian.
Cette année, le Liban a décidé d’envoyer sa plus importante délégation depuis la création de la COP. Entre 120 et 140 officiels politiques, chefs d’entreprises, chercheurs et étudiants libanais devraient ainsi se rendre à Dubaï pour participer à cette conférence mondiale. Des activistes de Greenpeace feraient également partie de la délégation nationale. «La présence du Liban revêt une importance capitale. Elle démontre que le pays continue d'exister sur la scène internationale, qu'il honore ses engagements malgré sa taille modeste et la guerre qui fait rage dans le sud du pays. Ce sera également l’occasion de solliciter un soutien financier, compte tenu des incendies de forêt, des inondations et des changements climatiques auxquels nous faisons face», indique Sarine Karajerjian.
Un pays pétrolier comme organisateur
Reste enfin les nombreuses polémiques autour du pays hôte. Les Émirats arabes unis sont, en effet, un important producteur de pétrole, et le président désigné pour cette COP28, Sultan al-Jaber, occupe le poste de ministre de l'Industrie du pays et est le PDG d'Adnoc, la compagnie pétrolière nationale. Selon une enquête du Guardian, Adnoc aurait grandement usé de son influence pour peser dans l’organisation de cette COP. Et il ne serait pas le seul, l'ensemble du lobby pétro-gazier aurait également tiré profit de cette situation – des allégations qui ont fait grincer des dents de nombreux observateurs internationaux et ONG.
Selon Sarine Karajerjian, chaque COP a droit à son lot de controverses. «L’an dernier, Coca-Cola était le sponsor la COP27. Cela avait fait beaucoup de bruit, suscitant des critiques et des accusations de greenwashing. Cette année, tous les regards sont tournés vers Dubaï. Il faut espérer que ces polémiques n’occulteront pas les objectifs essentiels de cette COP28: les pays du Nord doivent réduire leurs émissions et aider les pays du Sud à entamer leurs transitions énergétiques.»
Lire aussi
Commentaires