Beyrouth oscille entre le silence et l'appel à l'élévation. Le festival Beirut Chants, ayant inauguré sa seizième saison musicale le 30 novembre, résonne comme une réponse à l'agonie de la ville. Ces moments de pure beauté, admirablement portés par deux chorales universitaires, ouvrent la voie vers une résurrection musicale tant espérée.
Beyrouth, ô ville lumière de l’Orient, n'es-tu point comblée de ton silence? Élève-toi, élève-toi et dévoile-nous tes ruelles où l’air grouille de vie. Écoute l'appel des campanes qui s'élève vers les cieux, implorant une réponse dans le murmure du vent. N'est-il pas temps, dans la lueur pâle d'une aube renaissante, de secouer les chaînes de l'agonie qui semble étreindre tes artères? Ô Beyrouth, toi, qui as tracé des récits de souffrance et de gloire, portant stoïquement les stigmates d'un passé complexe et les espoirs d’un futur fragile, il n'appartient qu’à toi de dicter le prélude de ta résurrection. Dans cette atmosphère chargée d'aspirations et d’attente, les premières notes mélodieuses du festival Beirut Chants ont surgi, le 30 novembre, depuis la majestueuse cathédrale Saint-Georges des Maronites au centre-ville, invitant la capitale à s’arracher de sa léthargie et à chanter les louanges de la naissance du Sauveur.
La soirée musicale de ce crépuscule automnal s'est parée d'une splendeur exceptionnelle, captivant les esprits de l’auditoire, amassé dans la cathédrale, avec une élégance sans pareille. Le festival a, en effet, révélé deux joyaux monumentaux du répertoire classique: la Messe (faussement dite) de gloire, de Giacomo Puccini (1858-1924), dont le monde musical classique célèbrera, en 2024, le centenaire de sa disparition, et la Fantaisie chorale de Ludwig van Beethoven (1770-1827), préambule magistral à sa Neuvième symphonie en ré mineur, dont le bicentenaire sera commémoré avec éclat cette même année. Dans le contexte tumultueux qui étreint le Liban, l'organisation d'un concert d'une telle ampleur relève d'une audace manifeste. D’autant plus que ce récital rassemble deux chorales universitaires libanaises, celles de l'Université Antonine et de l'Université Notre-Dame de Louaizé, ainsi que des musiciens libanais et des membres de l'Orchestre symphonique d'Arménie. Dans de telles circonstances, toute critique s'avérerait dénuée d'équité. Il convient alors de se résigner à saluer les efforts déployés et le minutieux travail orchestré par les pères Toufic Maatouk et Khalil Rahmé, pour insuffler vie à ces instants de pure beauté.
Composée à la fin du XIXe siècle, la Messe de Puccini révèle une symbiose charnelle entre le lyrisme italien, l'orchestration opulente, propre à l'ère romantique, et les sections chorales dramatiques. Cette messe, bien que formellement rattachée à la liturgie catholique, et comprenant de ce fait un Kyrie, un Gloria, un Credo, un Sanctus, un Benedictus et un Agnus Dei, outrepasse ses contours conventionnels en y incorporant des passages mélancoliques et passionnés, ainsi que des harmonies particulièrement riches. Ce chef-d’œuvre italien s'épanouit dans une palette d'émotions, des moments de solennité contemplative aux éclats de jubilation, captivant tout auditeur attentif par sa profondeur spirituelle et son expressivité exubérante. Tout au long du récital, ces deux chorales ont dévoilé l'essence même de ce qu'un chœur devrait incarner. Leur prestation magistrale se mue ainsi en un archétype, destiné à guider toute chorale universitaire désireuse de dépasser sa stagnation, en quête des sommets de l'interprétation.
Dans sa Fantaisie Chorale op.80, Beethoven explore un univers mystique où la puissance de l'expression humaine se fond harmonieusement avec la virtuosité instrumentale. Cette œuvre, visiblement impétueuse, annonce majestueusement la Neuvième Symphonie en ré mineur op.125, offrant ainsi un avant-goût mielleux de la grandeur à venir. Durant le concert inaugural de Beirut Chants, les cordes de l'orchestre ont dialogué avec une éloquence louable, tandis que le piano du virtuose coréen, Kyubin Chung, auréolé du premier prix du Concours international de piano de Tokyo, a insufflé ses élans passionnés avec brio. Les chœurs ont élevé leurs voix comme des prières enflammées, dévoilant un univers où l'humain s'unit au divin dans une symbiose transcendante. La Fantaisie Chorale de Beethoven, par sa grandeur indomptable, convie l'auditeur à des instants éternels de prière où germent les harmonies titanesques de l’Ode à la joie, ce vibrant appel à la fraternité universelle.
https://beirutchants.com/
Beyrouth, ô ville lumière de l’Orient, n'es-tu point comblée de ton silence? Élève-toi, élève-toi et dévoile-nous tes ruelles où l’air grouille de vie. Écoute l'appel des campanes qui s'élève vers les cieux, implorant une réponse dans le murmure du vent. N'est-il pas temps, dans la lueur pâle d'une aube renaissante, de secouer les chaînes de l'agonie qui semble étreindre tes artères? Ô Beyrouth, toi, qui as tracé des récits de souffrance et de gloire, portant stoïquement les stigmates d'un passé complexe et les espoirs d’un futur fragile, il n'appartient qu’à toi de dicter le prélude de ta résurrection. Dans cette atmosphère chargée d'aspirations et d’attente, les premières notes mélodieuses du festival Beirut Chants ont surgi, le 30 novembre, depuis la majestueuse cathédrale Saint-Georges des Maronites au centre-ville, invitant la capitale à s’arracher de sa léthargie et à chanter les louanges de la naissance du Sauveur.
Joyaux monumentaux
La soirée musicale de ce crépuscule automnal s'est parée d'une splendeur exceptionnelle, captivant les esprits de l’auditoire, amassé dans la cathédrale, avec une élégance sans pareille. Le festival a, en effet, révélé deux joyaux monumentaux du répertoire classique: la Messe (faussement dite) de gloire, de Giacomo Puccini (1858-1924), dont le monde musical classique célèbrera, en 2024, le centenaire de sa disparition, et la Fantaisie chorale de Ludwig van Beethoven (1770-1827), préambule magistral à sa Neuvième symphonie en ré mineur, dont le bicentenaire sera commémoré avec éclat cette même année. Dans le contexte tumultueux qui étreint le Liban, l'organisation d'un concert d'une telle ampleur relève d'une audace manifeste. D’autant plus que ce récital rassemble deux chorales universitaires libanaises, celles de l'Université Antonine et de l'Université Notre-Dame de Louaizé, ainsi que des musiciens libanais et des membres de l'Orchestre symphonique d'Arménie. Dans de telles circonstances, toute critique s'avérerait dénuée d'équité. Il convient alors de se résigner à saluer les efforts déployés et le minutieux travail orchestré par les pères Toufic Maatouk et Khalil Rahmé, pour insuffler vie à ces instants de pure beauté.
Symbiose charnelle
Composée à la fin du XIXe siècle, la Messe de Puccini révèle une symbiose charnelle entre le lyrisme italien, l'orchestration opulente, propre à l'ère romantique, et les sections chorales dramatiques. Cette messe, bien que formellement rattachée à la liturgie catholique, et comprenant de ce fait un Kyrie, un Gloria, un Credo, un Sanctus, un Benedictus et un Agnus Dei, outrepasse ses contours conventionnels en y incorporant des passages mélancoliques et passionnés, ainsi que des harmonies particulièrement riches. Ce chef-d’œuvre italien s'épanouit dans une palette d'émotions, des moments de solennité contemplative aux éclats de jubilation, captivant tout auditeur attentif par sa profondeur spirituelle et son expressivité exubérante. Tout au long du récital, ces deux chorales ont dévoilé l'essence même de ce qu'un chœur devrait incarner. Leur prestation magistrale se mue ainsi en un archétype, destiné à guider toute chorale universitaire désireuse de dépasser sa stagnation, en quête des sommets de l'interprétation.
Avant-goût mielleux
Dans sa Fantaisie Chorale op.80, Beethoven explore un univers mystique où la puissance de l'expression humaine se fond harmonieusement avec la virtuosité instrumentale. Cette œuvre, visiblement impétueuse, annonce majestueusement la Neuvième Symphonie en ré mineur op.125, offrant ainsi un avant-goût mielleux de la grandeur à venir. Durant le concert inaugural de Beirut Chants, les cordes de l'orchestre ont dialogué avec une éloquence louable, tandis que le piano du virtuose coréen, Kyubin Chung, auréolé du premier prix du Concours international de piano de Tokyo, a insufflé ses élans passionnés avec brio. Les chœurs ont élevé leurs voix comme des prières enflammées, dévoilant un univers où l'humain s'unit au divin dans une symbiose transcendante. La Fantaisie Chorale de Beethoven, par sa grandeur indomptable, convie l'auditeur à des instants éternels de prière où germent les harmonies titanesques de l’Ode à la joie, ce vibrant appel à la fraternité universelle.
https://beirutchants.com/
Lire aussi
Commentaires