Louis Calaferte est au front de plusieurs vies: auteur, poète, dramaturge et essayiste. Il meurt en 1994 à l’âge de 66 ans. Il consacre quatre ans de sa vie à écrire Septentrion, roman autobiographique, un testament, et qui sera interdit de publication pendant vingt ans. Son roman donne le la à toute la littérature française jusqu’à supplanter la phrase clé de Proust de «Longtemps je me suis couché de bonne heure» à «Au commencement était le sexe». Proust se couche tôt et l’autre se couche tard pour s’immiscer dans l’extase de ce qui fait que l’humanité se multiplie à l’infini.
Invariablement chaque année, je relis Septentrion pour sa plume acerbe et virtuose qui m’estrapade dans une dimension nihiliste. Enfant placé, Calaferte va au charbon et habite des hôtels interlopes. En attendant son émancipation du carcan de la vie, il chope le virus de la lecture. Il lit partout. Principalement dans les chiottes de l’usine qu’il visite à un rythme soutenu comme s’il était atteint de gastralgie. Il est lectomane.
Requiem pour les innocents n’est pas un roman. On ne laisse nulle part pour l’imagination surtout quand l’auteur à vingt-quatre ans. On tranche dans le réel, on s’absorbe dans le filet de sang d’une réalité meurtrière qui nous fait rentrer dans la littérature par la grande porte. Une porte qui ne couine pas, puisque bien huilée par les tribulations d’une enfance irréductiblement adulte. On est dans la poétique parfaite du langage.
Son style est gravé dans le marbre de l’inédit: phrases courtes, cinglantes par moment pour ne pas dire souvent ou toujours, le souffle de l’écriture est saccadé, le rythme est époustouflant.
Un jour, il déclarera que «S'il y a deux livres de moi que j'abomine, ce sont les deux premiers, que je verrais disparaître avec plaisir»: Septentrion et Requiem pour les innocents. Et puis il y a la langue! Langue post-célinienne avec l’antisémitisme en moins. Une langue qui déblaie la pourriture de l’origine de son auteur. Une langue qui tire la langue à la langue française et qui nous raconte «le délabrement moral» de la société dans laquelle l’enfance meut en se transformant en monstre.
Louis Calaferte est une histoire dans l’histoire. Une poupée russe qui ne cesse de se dévoiler: «Une succession de scènes, de faits, tous réels.»
Avec lui, on effeuille la marguerite de l’injustice et on arrache le pédoncule de la dégradation de la conscience collective face à une société qui pratique la politique du goudron et des plumes chez les plus démunis.
Invariablement chaque année, je relis Septentrion pour sa plume acerbe et virtuose qui m’estrapade dans une dimension nihiliste. Enfant placé, Calaferte va au charbon et habite des hôtels interlopes. En attendant son émancipation du carcan de la vie, il chope le virus de la lecture. Il lit partout. Principalement dans les chiottes de l’usine qu’il visite à un rythme soutenu comme s’il était atteint de gastralgie. Il est lectomane.
Requiem pour les innocents n’est pas un roman. On ne laisse nulle part pour l’imagination surtout quand l’auteur à vingt-quatre ans. On tranche dans le réel, on s’absorbe dans le filet de sang d’une réalité meurtrière qui nous fait rentrer dans la littérature par la grande porte. Une porte qui ne couine pas, puisque bien huilée par les tribulations d’une enfance irréductiblement adulte. On est dans la poétique parfaite du langage.
Son style est gravé dans le marbre de l’inédit: phrases courtes, cinglantes par moment pour ne pas dire souvent ou toujours, le souffle de l’écriture est saccadé, le rythme est époustouflant.
Un jour, il déclarera que «S'il y a deux livres de moi que j'abomine, ce sont les deux premiers, que je verrais disparaître avec plaisir»: Septentrion et Requiem pour les innocents. Et puis il y a la langue! Langue post-célinienne avec l’antisémitisme en moins. Une langue qui déblaie la pourriture de l’origine de son auteur. Une langue qui tire la langue à la langue française et qui nous raconte «le délabrement moral» de la société dans laquelle l’enfance meut en se transformant en monstre.
Louis Calaferte est une histoire dans l’histoire. Une poupée russe qui ne cesse de se dévoiler: «Une succession de scènes, de faits, tous réels.»
Avec lui, on effeuille la marguerite de l’injustice et on arrache le pédoncule de la dégradation de la conscience collective face à une société qui pratique la politique du goudron et des plumes chez les plus démunis.
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